lundi 28 février 2022

Antonio Chiattone — Allégorie de la mélancolie, une commande de Sissi pour sa chambre à coucher de la Villa Hermes

Le sculpteur Antonio Chiattone avait rencontré l'impératrice en 1892. Elle lui avait commandé une figure allégorique de la mélancolie pour sa chambre à coucher de la villa Hermes à Vienne (Lainzer Tiergarten) puis le monument funéraire pour le prince héritier Rodolphe d'Autriche inauguré en 1894 à Corfou.  Après la mort tragique de l'impératrice, il réalisa encore le monument à l'impératrice dévoilé en 1902 sur la place des roses à Montreux-Territet.

La douleur ou la mélancolie
Plâtre peint en imitation bronze
166 cm
1894


Verona — Sant' Anastasia — 13 pics















© Luc-Henri Roger


dimanche 27 février 2022

Montreux - Territet — Monument à l'impératrice Elisabeth d'Autriche

 









photos © Luc-Henri Roger

L’impératrice d’Autriche Elisabeth  a effectué plusieurs séjours au bord du Lac Léman et notamment au Grand Hôtel de Territet. En son honneur, une statue a été sculptée par Antonio Chiattone, qui avait fait la connaissance de l'impératrice en 1892. Elle se trouve au Parc des Roses, tout à côté de la gare de Territet. Une inscription au bas du socle mentionne « A la mémoire de Sa Majesté l'Impératrice et Reine Élisabeth en souvenir de ses nombreux séjours à Montreux ». Le monument fut inauguré le 22 mai 1902.
À noter que le même sculpteur avait réalisé pour l'impératrice une figure allégorique de la mélancolie pour sa chambre à coucher de la villa Hermes à Lainz puis le monument funéraire pour le prince héritier Rodolphe d'Autriche inauguré en 1894 à Corfou.

jeudi 24 février 2022

Guillaume II, la statue de Heinrich Heine et l'impératrice Elisabeth vus par Caroline Rémy

  


Un article de l'écrivaine et journaliste féministe Caroline Rémy, qui le signe de son pseudonyme de Jacqueline, publié dans le Gil Blas du 22 décembre 1891. 

Histoires de Prussiens

    Vous savez, Majesté, tout-puissant empereur d'Allemagne, successeur de Carloman à la barbe fleurie, de Barberousse à la dextre redoutable — comme disent les gamins de nos écoles, çà n'est pas malin ce que vous venez de faire là !
    Une haine mauvaise vous tient de ce que Flaubert appelait « l'écriture », et même de ses succédanés. Gutenberg vous semble quasi un malfaiteur, et ce serait le plus beau jour du règne que celui où, sous le pommeau de votre sabre, saignerait, violet, la dernière de ces fleurs de pensée qui déshonorent vos plates-bandes de houx et de cactus.
    Le livre, la brochure, le journal, s'ils ne sont pas domestiqués, consacrés uniquement à célébrer vos goûts et vos gloires, vous semblent d'outrageantes inutilités, de personnels ennemis. Et si vous aviez à choisir parmi tous les écrivains de ce siècle de Louis XIV, dont le souci, en votre cerveau despotique, tourne à l'obsession, je sais bien lequel désigneraient vos immédiates préférences — ce serait Boileau, parce qu'il fut le mieux ordonnancé comme versificateur, le moins hanté d'idéal, portant haut la férule et bas la fierté, pion sans rival, non-pareil courtisan ! Des rimes droites, l'échiné courbe, le cœur plat — que faudrait-il davantage, ô Sire, pour justifier votre prédilection?
   Quand Dusseldorf, patrie de Henri Heine, voulut élever une statue au poète le plus humain, le plus personnel, le plus délicat de toute la Germanie, cet Henri Heine qui naquit là-bas, mourut ici, mais qui est de toutes les patries où l'on aime, où l'on raille, où l'on souffre, Guillaume II mit son veto.
    Pas de statue à ce rimailleur venu et parti trop tôt pour chanter les pompes astrales au dernier Kaiser ! Pas de statue à cet ironique qui avait osé — l'impie ! — déclarer qu'on s'ennuyait ferme dans l'austère Vaterland ! Pas de statue, enfin, à ce sacrilège digne de tous les anathèmes et de tous les bûchers, qui s'était permis de plaisanter la pléthore de militarisme qui changeait les cités en casernes, et d'affirmer — ne croulez pas, ô cieux! ne frémis pas, ô terre ! — que la plus admirable création des Hohenzollern, le sancto-sacro-vénérable casque à pointe, était grotesque et vilain !
   Düsseldorf dut rentrer son marbre, remiser son piédestal, décommander ses fanfares. On ne pouvait, décemment, décerner le triomphe à qui avait ainsi méconnu le génie de la race — traître jusqu'à voir clair, renégat jusqu'à bâiller aux choses embêtantes, apostat jusqu'à se gausser des choses ridicules !
    Vienne s'offrit à glorifier celui dont l'Europe civilisée s'honore, et cette souveraine de légende, Elisabeth d'Autriche, prit, sous l'égide de son voile de gaze, la mémoire du poète défunt.
    Outre-frontières, au-delà des limites de son empire, la rancune tenace du petit monarque poursuivit sa proie.
  Alors, courroucée, faisant face à l'agresseur, avec la belle crânerie des vaillantes, et le défi que toujours, en des mains affinées, l'éventail porte au sabre, l'impératrice, pas à pas, recula. Et quand, derrière elle, il n'y eut plus que la livrer aux flots bleus, elle lui confia sa cause que, dévotement, les flots portèrent jusqu'à l'île-fée, l'île des roses, la Corfou odorante où, parmi l'encensement des corolles, se dresse l'image de Heine, baignée de soleil !
   Encore une fois, la Femme avait vaincu le dragon — ce dragon fût-il cuirassier blanc ! — et le rire des lettrés alla cingler de ses lanières fines les mollets du divin Empereur !
   [...] 

Expo munichoise à L'Alte Pinakothek : De Goya à Manet, trésors de la Neue Pinakothek






















VON GOYA BIS MANET - MEISTERWERKE DER NEUEN PINAKOTHEK IN DER ALTEN PINAKOTHEK

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