mercredi 30 septembre 2020

Le roi Louis II de Bavière est le père d'un monstre dans 'L'île aux trente cercueils' de Maurice Leblanc

 


  Maurice Leblanc est surtout connu pour son personnage d'Arsène Lupin, le célèbre gentleman cambrioleur redresseur de torts.  L'île aux trente cercueils est un roman policier et fantastique de 1919 dans lequel Arsène Lupin n'apparaît que dabs la deuxième partie. Ce roman parut en feuilleton dans Le Journal du 6 juin au 3 août 1919, puis en librairie en octobre 1919 aux Éditions Pierre Lafitte. À noter qu'en 1922, il ressortira en deux volumes : Véronique et La Pierre miraculeuse (photos de couverture ci-dessus).
 À noter qu'une série télévisée fut tirée en libre adaptation de L'île aux trente cercueils ; une coproduction française-belgo-suisse en six épisodes de 52 minutes, avec Claude Jade dans le rôle principal et diffusée du 21 septembre au 6 octobre 19793 sur Antenne 2. Le personnage d'Arsène Lupin n'y apparaît plus. On peut la voir en ligne sur dailymotion.

    Le personnage malfaisant du roman est un certain Vorski qui se proclame fils de roi. Don Luis Perenna, alias Arsène Lupin (dont Luis Perenna est l'anagramme), confirme l'ascendance royale de Vorski : son père n'est autre que le roi Louis II de Bavière qui se voit ainsi affligé de la plus horrible des descendances. Voici le passage où il est question du souverain bavarois, qui n'est en fait mentionné que dans ce seul extrait :
    
Don Luis reprit : 

    « Il y a environ trente-cinq ans, une femme d'une grande beauté, qui venait de Bohême, mais qui était d'origine hongroise, acquit, dans les villes d'eaux qui foisonnent autour des lacs de Bavière, une réputation rapide comme diseuse de bonne aventure, tireuse de cartes, chiromancienne, devineresse et médium. Elle attira sur elle l'attention du roi Louis II, l'ami de Wagner, le bâtisseur de Bayreuth, sorte de fou couronné, célèbre par ses fantaisies extravagantes. La liaison du fou et de la voyante dura quelques années, liaison agitée, violente, interrompue par les caprices du roi, et qui se termina tragiquement, le soir mystérieux où Louis II de Bavière se précipita de sa barque dans le lac de Starnberg. Y eut-il réellement, comme le veut la version officielle, accès de démence ou suicide ? ou bien, crime comme on l'a prétendu ? Et pourquoi ce suicide ? Et pourquoi ce crime ? Questions qui n'auront jamais de réponse. Mais un fait demeure : la Bohémienne accompagnait Louis II dans sa promenade sur le lac, et le lendemain, expulsée, dépouillée de ses bijoux et de ses valeurs, elle était conduite à la frontière. 
    « De cette aventure elle rapportait un jeune monstre, âgé de quatre ans, et qui avait nom Alexis Vorski, lequel jeune monstre vécut avec sa mère non loin du village de Joachimsthal, en Bohême, et plus tard fut instruit par elle dans toutes les pratiques de la suggestion à l'état de veille, de l'extralucidité et de l'escroquerie. Caractère d'une violence inouïe, mais esprit très faible, en proie à des hallucinations et à des cauchemars, croyant aux sortilèges, aux prédictions, aux rêves, aux puissances occultes, il prenait les légendes pour l'histoire et les mensonges pour la réalité. Une des nombreuses légendes des montagnes surtout l'avait frappé : elle évoque le pouvoir fabuleux d'une pierre, qui, dans la nuit des temps, fut enlevée par des mauvais génies et qui doit être ramenée un jour par le fils d'un roi. Les paysans vous montrent encore le vide que laissa cette pierre au flanc d'une colline. « C'est toi, le fils de roi, lui disait sa mère. Et si tu retrouves la pierre dérobée, tu échapperas au poignard qui te menace, et toi-même tu seras roi. » 
« Cette prédiction saugrenue et une autre, non moins baroque, par laquelle la Bohémienne annonçait que l'épouse de son fils périrait sur la croix et que lui-même mourrait de la main d'un ami, furent de celles qui influèrent le plus directement sur Vorski lorsque sonna l'heure fatidique. [...]

Le roman peut se lire gratuitement en ligne sur archive.org. Les vidéos du feuilleton sont actuellement également disponibles en ligne.

mardi 29 septembre 2020

Un message de l'au-delà : l'Esprit du Roi Louis II de Bavière fait la réclame d'Allan Kardec

L'Esprit du Roi Louis II est encore apparu 
dans un numéro du Jugend en 1908


Le Progrès spirite, l'organe de la Fédération spirite universelle (Paris) et de la Société d'études psychiques (Genève, Suisse) rappelait dans ses éditions des 5 et 20 octobre 1899 que la medium dénommée Soeur Espérance avait reçu en 1887, le jour de la Saint Louis,  les révélations de l'esprit du roi Louis II de Bavière. Le message spirite de Louis II était précédé d'une note d'introduction de la rédaction. Dans son message, Louis II nous rappelle qu'il a été trompé par sa fiancée... et, par la suite, rappelle qu'il s'est opposé à l'ultramontanisme (et donc à l'église catholique). Le véritable message du Christ, soutient-il, nous a été révélé par Allan Kardec...

Édition du 5 octobre 

MESSAGE SPIRITE

[Note de la rédaction]
    
    Le 25 août dernier, pendant qu'on fêtait la Saint Louis, notre conversation se porta naturellement sur cet anniversaire, et notre pensée s'attacha à l'Esprit de Louis IX de France, qui fut l'un des principaux guides inspirateurs d'Allan Kardec, ainsi que le président spirituel du groupe si sérieux et si important que le Maître avait fondé autour de lui. Cet anniversaire de la désincarnation de saint Louis fut aussi celui de l'incarnation de cette âme d'élite (quoique hélas ! souvent incomprise) qui fut LouisII de Bavière, ce souverain qui cultiva si noblement les arts et les sciences, dont la vie fut un modèle de pureté et dont la fin tragique, mystérieuse, émotionna le monde entier.
    Ne pouvant oublier le cher souvenir de plusieurs messages reçus par elle de Louis II, il y a une douzaine d'années, notre soeur « Espérance » nous proposa de nous montrer un de ces messages, qui semble avoir quelque rapport avec certaines prophéties répandues depuis peu. Nous avons cru devoir mettre celle communication sous les yeux de nos lecteurs, en lui conservant son caractère, son tour particulier, et jusqu'à la simplicité de certaines formes littéraires, afin de laisser absolument intacte la personnalité de l'Esprit. (Il est à remarquer que le style de celte dictée d'outre-tombe diffère de celui qui est propre au médium.)
(N.D.L.R)
[Le message spirite de Louis II]

    Y a-t-il une fleur plus acceptable que celle de la prière pour les souffrants ? Mon but est de rapprocher tous ceux qui ont jadis fait le mal contre moi, soit incarnés, soit désincarnés, afin que je puisse leur en faire la lecture pour leur bonheur.
    Ne pouvant faire cette lecture que par l'intermédiaire d'un instrument matériel, j'ai tenté, pour arriver à mes fins, d'impressionner l'esprit d'un de mes médiums, afin qu'elle puisse transmettre ces impressions mentales sur le papier.
    Ce médium fut ma compagne bien-aimée, dans une existence antérieure (1), mais elle m'avait trompé avec son page d'honneur.
    Au comble du désespoir, je lui fis subir une mort violente.
    Ce crime, je l'ai expié dans ma dernière existence terrestre, en subissant une mort terrible et violente ! Quant aux instruments de mon supplice, ils ont inconsciemment servi à réhabiliter mon Esprit— déjà épuré par le repentir de cette faute d'un lointain passé. Alors, non seulement je leur pardonnais ma mort pénible, mais je les bénissais du fond de mon coeur.
   Me voyant libre, j'ai voulu, dorénavant, me consacrer à l'oeuvre de la régénération de tous ceux qui m'ont fait jadis du mal, — afin qu'ils puissent me rejoindre dans un monde meilleur, où le crime et la calomnie sont inconnus.
    Ainsi, pour moi, il est arrivé que ma réparation est accomplie. Ma dernière existence terrestre s'est passée sans tache, car je n'ai jamais fait de tort à personne. Je ne me suis jamais laissé séduire non plus par les tentations de la vie, aussi séduisantes fussent-elles en apparence.
    La véritable passion de ma vie était celle de chercher à procurer le bien-être à mes peuples, en leur laissant la conscience libre. Pour ce but, j'ai lutté, pendant toutes les années de mon règne, contre l'envahissement du parti ultramontain, avec ses vieilles superstitions qui ne sont plus admissibles de nos jours.
    Afin que mes vœux puissent être réalisés, j'ai poursuivi mes études, avec un enthousiasme sans bornes, sur la doctrine spirite ; j'étais convaincu qu'elle était la plus pure, celle qui se rapprochait le plus des enseignements du Christ.
    Allan Kardec, le maître, l'apôtre de cette foi, avait achevé de former (formuler) une doctrine complète, d'après l'inspiration de ses Guides. C'étaient ses oeuvres qui m'avaient enseigné ma propre foi, et je voulais qu'elles fussent répandues parmi mes peuples. D'autres influences intervinrent pour détourner mes desseins.
   Quant à mes ennemis — les leçons qu'ils devront apprendre dans l'adversité ne seront pas perdues, pourvu qu'ils arrivent à comprendre leurs torts envers celui qui ne leur a jamais fait de mal, au contraire, qui n'a voulu que leur bien-être !
    Ces ennemis peuvent devenir même les instruments de la réhabilitation de ma mémoire — qu'ils ont ternie par leurs calomnies.
    La vérité sur mon histoire sera connue à mesure que les coupables qui m'ont persécuté se repentiront de leurs mauvais actes ; car c'est alors qu'ils reconnaîtront leurs torts et qu'ils chercheront la réparation par la confession complète de leurs méfaits, en reconnaissant de vive voix que ma foi inébranlable dans la doctrine spirite avait été le mobile de tous les actes de mon règne et de ma vie.
    Que Dieu se hâte de délivrer le monde de toutes les mauvaises traditions qui l'enchaînent aux cultes matériels, si contraires à son bonheur, l'empêchant de recevoir les avantages d'un enseignement qui met sa condition sociale et morale hors des contrariétés de la persécution ou du despotisme. Sans cette régénération dans ses croyances, le monde ne sera jamais heureux.
    Que mes peuples se rappellent mes paroles et qu'ils les tiennent dans leurs coeurs !
   Ce serait leur meilleur tribut d'hommages à la mémoire de celui qui fut leur roi, de celui qui a voulu leur enseigner la vérité selon les lumières de sa foi — ce qui est la Foi de la nouvelle Dispensation, divinement annoncée par l'Esprit de Vérité (dont Allan Kardec fut l'Apôtre — le Révélateur), et qui est le Consolateur promis avec tant de clarté par l'envoyé de Dieu, le Christ.
  Priez, ô mes peuples! que les paroles de celui qui fut votre Roi soient exaucées, et qu'ainsi, en embrassant cette Foi, vous soyez délivrés de vos présents fardeaux matériels et moraux, afin que vous puissiez devenir libres d'agir selon vos propres et puissants voeux.

ESPRIT Louis de Bavière.

Édition du 20 octobre

MESSAGE SPIRITE
Suite 

  Combien de fois n'ai-je pas voulu vous épargner les ennuis de votre fardeau de superstitions ecclésiastiques — tout en essayant de trouver le moyen de répandre parmi vous ces vérités divines !
    Mais, hélas ! il était hors de mon pouvoir de faire marcher mon projet, — l'unique, puis-je dire, que j'avais au fond du cœur, puisqu'il était pour moi la clef de la porte de votre émancipation ; car vous auriez été délivrés de ce joug vieux et étroit apporté par les émissaires de Rome.
    Pensez à moi, et, quand vous m'appellerez, je serai avec vous en Esprit, et plein d'amour pour vous, ô mes peuples bien-aimés !
    Et je veux que vous m'écoutiez, en me prêtant vos serments dévoués, afin que vous suiviez loyalement les conseils que je vous envoie par mon Esprit, comme jadis vous m'avez toujours suivi et obéi quand j'ai été parmi vous dans mon corps matériel.
    Puissent mes vœux être exaucés !
    Comptez sur le dévouement de votre roi, — celui que vous avez appelé le bien-aimé de ses peuples, et qui, maintenant, vous appelle tous, tous, à partager sa félicité et ses jouissances dans le Royaume des Cieux — le Royaume de Dieu, — le Roi de tous.
    Pour que ce but soit atteint, ô mes peuples ! il faut apprendre, étudier, pratiquer les enseignements de la foi spirite, car muni des connaissances de la doctrine spirite, le monde deviendra plus apte à comprendre ces lois, telles qu'elles sont et telles qu'elles ont toujours été.
    Cherchez-le dans les œuvres divinement inspirées d'Allan Kardec, qui a reçu la mission de répandre la Vérité partout, et qui a fait tout ce qui était en son pouvoir pour achever sa tâche. Que Dieu lui accorde les fruits de ses labeurs ! — si pénibles en raison de l'opposition des adversaires ecclésiastiques et temporels, qui n'ont agi que par orgueil et pour la conservation de leur ancien pouvoir sur l'esprit de leurs semblables.
    Que les retardataires aient soin de n'être pas surpris dans leur obstination, lorsque, vers la fin de ce siècle, les Errants viendront prendre une autre incarnation parmi les Incarnés!
    Il est à souhaiter que les flots de ces réincarnations ne viennent pas engloutir les pécheurs et les viveurs dans leurs vagues impitoyables !
    Car alors, mourant de désespoir, ils seraient relégués dans les mondes inférieurs pour expier leur dureté de cœur.
    Les enseignements du Maître, Allan Kardec, ayant été écoutés par les âmes fidèles, le moment redoutable n'aura aucun effet mauvais sur elles, puisqu'elles seront préparées, n'ayant négligé ni enseignements ni pratiques. Pour elles, les événements ne seront point effrayants, quand même les forces de la nature seraient en pleine action; car il y aura des conflagrations, des inondations, des ouragans et des commotions de toutes sortes.
    Les peuples de la terre, voyant ces catastrophes, deviendront plus attentifs aux préceptes de leurs Bons Guides Spirituels, et reviendront à la doctrine du Christ, — celle de l'Esprit de Vérité!

(MESSAGE SPIRITE À MES PEUPLES, envoyé par l'Esprit de Louis II de Bavière, 13 juillet 1887.)

Enfin, l'Esprit de Louis II vous invite à la lecture :

  J'invite les lectrices et lecteurs que l'histoire des Habsbourg et des Wittelsbach passionne à découvrir les textes peu connus consacrés à mon ami le prince héritier Rodolphe réunis dans Rodolphe. Les textes de Mayerling (BoD, 2020).

Voici le texte de présentation du recueil  (quatrième de couverture):

   Suicide, meurtre ou complot ? Depuis plus de 130 années, le drame de Mayerling fascine et enflamme les imaginations, et a fait couler beaucoup d'encre. C'est un peu de cette encre que nous avons orpaillée ici dans les fleuves de la mémoire : des textes pour la plupart oubliés qui présentent différentes interprétations d'une tragédie sur laquelle, malgré les annonces répétées d'une vérité historique définitive, continue de planer le doute.
   Comment s'est constituée la légende de Mayerling? Les points de vue et les arguments s'affrontent dans ces récits qui relèvent de différents genres littéraires : souvenirs de princesses appartenant au premier cercle impérial, dialogue politique, roman historique, roman d'espionnage, articles de presse, tous ces textes ont contribué à la constitution d'une des grandes énigmes de l'histoire.

Le recueil réunit des récits publiés entre 1889 et 1932 sur le drame de Mayerling, dont voici les dates et les auteurs :

1889 Les articles du Figaro
1899 Princesse Odescalchi
1900 Arthur Savaète
1902 Adolphe Aderer
1905 Henri de Weindel
1910 Jean de Bonnefon
1916 Augustin Marguillier
1917 Henry Ferrare
1921 Princesse Louise de Belgique
1922 Dr Augustin Cabanès
1930 Gabriel Bernard
1932 Princesse Nora Fugger

Le dernier récit, celui de la princesse Fugger, amie de la soeur de Mary Vetsera, est pour la première fois publié en traduction française. Il n'était jusqu'ici accessible qu'en allemand et en traduction anglaise.

Luc-Henri Roger, Rodolphe. Les textes de Mayerling, BoD, 2020. En version papier ou ebook (ebook en promotion de lancement).

Commande en ligne chez l'éditeur, sur des sites comme la Fnac, le Furet du nord, Decitre, Amazon, etc. ou via votre libraire (ISBN 978-2-322-24137-8)

Des dangers de la bénédiction du pape — Un article du Progrès Spirite

Le pape Léon XIII bénit Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus
(Illsutration hors article)

Le Progrès Spirite du 5 septembre 1900 informait ses très crédules lecteurs des dangers parfois mortels que représentent la réception de la bénédiction pontificale et de la rose d'or. L'article évoque de nombreux Habsbourg, dont l'impératrice Elisabeth, l'empereur François-Joseph, l'archiduchesse Stéphanie, l'empereur Maximilien, l'incendie du Bazar de la Charité... À noter que le drame de Mayerling n'est pas évoqué... L'article suggère la corrélation entre les malheurs et la réception de la bénédiction ou de la rose d'or, mais ne s'avance pas jusqu'à parler d'un lien avéré de cause à effet. Un article signé Joseph de Kronhelm.


LA BÉNÉDICTION DU PAPE

    Des catholiques dévots ont fait le voyage d'Italie pour obtenir la bénédiction papale à l'occasion du Centenaire célébré à Rome en grande pompe. I1 y a, néanmoins, des gens qui déclarent que cette bénédiction porte invariablement malchance, tandis que d'autres encore considèrent une telle opinion comme un grand péché. Peut-être qu'une brève mention de quelques faits se rapportant à ce sujet pourra offrir quelque intérêt à vos lecteurs.

— En 1860, le pape accorda sa bénédiction particulière à François II de Naples ; trois mois plus tard, la seule présence de Garibaldi dans cette ville amenait la chute du roi et son exil subséquent.
— En 1866, juste avant la guerre austroprussienne, cette bénédiction était accordée à l'empereur François-Joseph d'Autriche ; quatre mois plus tard, la bataille de Sadowa avait lieu, l'Autriche était vaincue, et Venise était réunie au royaume d'Italie.
— En 1868, le pape envoyait sa bénédiction ainsi que la « Rose d'Or » à la reine Isabelle d'Espagne ; ceci fut suivi de nombreuses insurrections et rébellions militaires, conduisant à la perte du trône d'Espagne pour la reine et sa famille.
— En 1870, avant la guerre franco-allemande, la bénédiction du pape fut donnée à Napoléon III, ou plutôt à l'impératrice Eugénie qui, ensuite, appela le grand conflit entre la France et l'Allemagne « sa guerre ». Bientôt les hostilités éclatèrent, suivies de la chute de l'empereur, de son exil et de sa mort à Chislehurst, et, plus tard, de la fin prématurée et tragique du Prince impérial.
— Le général Boulanger obtint aussi la bénédiction particulière du pape, mais, en moins de trois mois, il fut forcé d'aller chercher un refuge en Belgique, et par la suite se suicida.
— L'empereur Maximilien, frère de François-Joseph d'Autriche, obtint cette bénédiction pour lui et pour sa femme, et trois ans plus tard, en 1867, son entrée à Mexico fut suivie de son inhabileté complète pour établir un gouvernement permanent, de sa capture à Queretaro, de sa sentence de mort, prononcée par la cour martiale, et de son exécution, tandis que l'infortunée impératrice Charlotte, fille de Léopold Ier, roi des Belges, perdait la raison.
— En 1870, le pape envoya sa bénédiction aux soeurs de charité qui parlaient pour l'Amérique du Sud ; une quinzaine de jours après, leur vaisseau coulait à fond, et aucune des soeurs n'échappait à la mort.
— Dom Pedro, empereur du Brésil, et l'impératrice, sa femme, implorèrent et reçurent cette bénédiction; trois jours après, 1 impératrice faisait une chute et se cassait la jambe ; deux mois plus tard, le complot tramé par Da Fonseca privait l'empereur de sa couronne.
— Le « Palais flottant », jeté à la dérive au gré des flots par une tempête, s'enfonça an milieu de l'Océan trois jours après la réception de la bénédiction papale.
— Le célèbre orateur parlementaire Windhorst mourut peu de mois après avoir reçu la bénédiction du pape, et. les insignes de l'ordre de Jésus.
— Carnot, président de la République française, fut assassiné peu de temps après que Mme Carnot eut obtenu cette bénédiction et la «Rose d'Or ».
— La défaite de l'Espagne et la destruction de sa flotte dans la guerre hispanoaméricaine suivirent de près la réception de la bénédiction du pape pour la reine régente, le jeune roi-et les soldats envoyés à Cuba.
— En 1897, le grand incendie du Bazar de la Charité, à Paris, rue Jean-Goujon, où cent cinquante victimes périrent d'une mort horrible, éclata pendant que l'annonce de l'envoi de la bénédiction papale circulait dans la ville.
— L'impératrice Elisabeth d'Autriche fut poignardée par Luccheni sitôt après avoir reçu de Léon XIII sa bénédiction et la « Rose d'Or ». .
— L'archiduchesse Stéphanie, veuve du prince Rodolphe d'Autriche, à l'occasion de son mariage avec le comte de Lonjay, se tendit à Rome dans l'intention spéciale d'obtenir la bénédiction du pape, qui lui fut promptement donnée ; quelques jours plus tard, le château choisi pour la future résidence du couple nouvellement uni fut détruit par un incendie.

    Je viens de rapporter des faits, très authentiques seulement dans la vie de Pie IX et de Léon XIII ; mais combien d'autres également intéressants, y compris le sort de l'Armada espagnole, pourraient être trouvés par une recherche soigneuse dans l'histoire des papes?

JOSEPH DE KRONHELM.

Invitation à la lecture 

  J'invite mes lectrices et lecteurs que l'histoire des Habsbourg et des Wittelsbach passionne à découvrir les textes peu connus que j'ai réunis dans Rodolphe. Les textes de Mayerling (BoD, 2020).

Voici le texte de présentation du recueil  (quatrième de couverture):

   Suicide, meurtre ou complot ? Depuis plus de 130 années, le drame de Mayerling fascine et enflamme les imaginations, et a fait couler beaucoup d'encre. C'est un peu de cette encre que nous avons orpaillée ici dans les fleuves de la mémoire : des textes pour la plupart oubliés qui présentent différentes interprétations d'une tragédie sur laquelle, malgré les annonces répétées d'une vérité historique définitive, continue de planer le doute.
   Comment s'est constituée la légende de Mayerling? Les points de vue et les arguments s'affrontent dans ces récits qui relèvent de différents genres littéraires : souvenirs de princesses appartenant au premier cercle impérial, dialogue politique, roman historique, roman d'espionnage, articles de presse, tous ces textes ont contribué à la constitution d'une des grandes énigmes de l'histoire.

Le recueil réunit des récits publiés entre 1889 et 1932 sur le drame de Mayerling, dont voici les dates et les auteurs :

1889 Les articles du Figaro
1899 Princesse Odescalchi
1900 Arthur Savaète
1902 Adolphe Aderer
1905 Henri de Weindel
1910 Jean de Bonnefon
1916 Augustin Marguillier
1917 Henry Ferrare
1921 Princesse Louise de Belgique
1922 Dr Augustin Cabanès
1930 Gabriel Bernard
1932 Princesse Nora Fugger

Le dernier récit, celui de la princesse Fugger, amie de la soeur de Mary Vetsera, est pour la première fois publié en traduction française. Il n'était jusqu'ici accessible qu'en allemand et en traduction anglaise.

Luc-Henri Roger, Rodolphe. Les textes de Mayerling, BoD, 2020. En version papier ou ebook (ebook en promotion de lancement).

Commande en ligne chez l'éditeur, sur des sites comme la Fnac, le Furet du nord, Decitre, Amazon, etc. ou via votre libraire (ISBN 978-2-322-24137-8) 

lundi 28 septembre 2020

Richard Wagner peint par son écriture




Un chapitre extrait du Richard Wagner de Gabriel Bernard*

CHAPITRE V
WAGNER PEINT PAR SON ECRITURE

Adrien Varinard étudie Wagner dans une de ses lettres. — Passionnel. — Orgueilleux. — Une majuscule révélatrice. — Esprit agité, mobile, versatile. — Le raisonneur original. — L'imagier. — L’intuitif, — Traits secondaires. — Petits côtés.

   L'écriture de Wagner, comme celle de la plupart des grands hommes, a été traitée souvent par les ' graphologues, et avec un soin tout particulier. 
    Quelques jours après que Wagner fut mort, le petit journal spécial fondé par Michon, La Graphologie, publiait, dans son numéro du 1er mars 1883, un portrait graphologique très poussé du maître.
    C’était le successeur de Michon, Adrien Varinard, directeur et rédacteur de cette curieuse publication,
modestement présentée sous la forme de huit pages autographiées, qui s’était chargé d’interpréter une
lettre de Wagner.
   Voici ce que Adrien Varinard révèle cette lettre, qui lui avait été communiquée par M. Schwiedland, 
" jeune savant hongrois et graphologiste des plus distingués. "
   " Le premier mot suffirait presque à donner la ressemblance, tant le maestro est bien rendu par son
écriture. 
   Voyez ce grand L majuscule de Lieber qui dit l'orgueil, par sa hauteur exagérée ; qui dit encore orgueil, et cette fois orgueil par admiration en se redressant en quelque sorte sur ses pointes. De plus, il est très incliné de droite à gauche : signe d’impressionnabilité, de passion.
    Voilà donc une lettre qui classe, à elle seule, Wagner parmi les passionnels et les orgueilleux.
    L’i minuscule se redresse ; s'il était prolongé par le haut, il couperait le L au-dessous de la boucle.
   Le b est encore plus redressé : il est entièrement vertical, les deux dernières lettres reviennent à peu près au même degré d’inclinaison que l'i.
   Dans cette extrême variation du thermomètre à sensations, n'avons-nous pas, par analogie, la variabilité du climat du coeur passant sans transition de la chaleur caniculaire aux frimas de l'hiver ?
    L'esprit n'est pas mieux réglé que le coeur. La lettre e double presque en grandeur les autres lettres minuscules du mot Lieber, et le b, dont la partie inférieure devrait, selon les règles, atteindre le niveau des minuscules, est presque microscopique. .
    Nous savons que ces inégalités de niveau donnent un esprit agité, mobile, versatile. 
   Dans ce seul mot, nous avons le preuve d'une versatilité poussée jusqu'au névrosisme.
   Mais le raisonneur original, l'imagier, s'y révèle déjà par le point de l'i, qui se prolonge en se couchant presque horizontalement pour aller former la boucle de l'e. C’est une forme de déduction tout idéale. C'est la liaison des idées bien en vue, propre à beaucoup d'hommes de lettres habiles à décrire et à représenter les choses les plus simples sous des aspects saisissants et imprévus.
    L'originalité que nous venons de signaler reproduit à chaque instant dans l'autographe, d'une manière même beaucoup plus prononcée sur certains points.
    Dans la signature se développe avec plus d'ampleur une autre variété de ce signe : c’est la greffe du d de Richard avec le sommet du W de Wagner. L'i de Richard y est encore plus singulier ; le point, jeté haut, redescend en décrivant une première courbe vers la gauche, puis une seconde vers la droite. Ce n’est pas un point et un i : c’est une sorte d'S long comme un t ou un l. Comme pour entrer franchement en pleine bizarrerie, cet i devenu S enlève le c dessus de la ligne, semble se l'approprier, disons plutôt se l'annexer puisqu'il s'agit d'un Allemand qui n'était pas ami de la France ; et après se l'être annexé, il en fait une dépendance de l'h. 
   Nous venons de sortir de l'originale liaison des idées dans la sphère élevée propre à nombre d'écrivains ou d'artistes, pour tomber dans un idiotisme particulier à Richard. Wagner. Est-il besoin de rappeler que l'idiotisme est une combinaison scripturale particulière, personnelle, qui n’est autre chose que la manifestation par la plume d'une singularité essentiellement individuelle ? Nous avons bien dans cette manifestation un des traits saillants de ce compositeur sui generis, chef d'école sans maître et peut-être sans disciple, à la fois librettiste et musicien, et ne ressemblant jamais à personne d'autre qu'à lui-même.
    Était-il un artiste ? Question qu'on a posée bien des fois.
    Ses adorateurs faisaient de lui un dieu et ses contemporains un fou.
Artiste, il l'était. C'est incontestable. Demandons-le à ses courbes raphaélesques, par exemple dans le P de Pows, dans le R de Richard, le N de Namen et à l'F esthétique de Friske et autres.
    L'imagination, si précieuse pour un artiste, quand elle s'allie au sentiment de la forme, à la force créatrice et à la haute déduction, comme dans ce graphisme, ne fait pas non plus défaut ; au contraire, elle s'élance de chaque mot, dans les grandes hampes, les grandes courbes et les hardis traits de plume, surtout dans les deux premiers mots : « Lieber Freund », et dans la signature.
    L'intuition ou force créatrice apparaît dans la rupture des lettres qui devraient être unies entre elles par des déliés : l'i de « Lieber » est désuni de l'e sinon par son point ; les deux i de « dispensiren » le sont des lettres qui suivent ; dans le prénom, le R de Richard est isolé de l'i. Mais ces ruptures génératrices de l’idée sont relativement rares. Le compositeur était moins un penseur qu'un réalisateur et, pour ses compositions, il tirait moins du génie créateur que du goût du beau, de l'originalité, de l'imagination et de l'assimilation beaucoup plus richement développées dans son organisation. 
    L'assimilation ressort des liaisons des lettres et, à un titre spécial, du d replié. »
  
  On le voit, cette révélation graphologique du caractère de Wagner ne contredit nullement telle conception de l'homme à laquelle on peut arriver par des moyens d'investigation moins spéciaux. 
    Après avoir défini de la sorte les traits principaux de son sujet, Adrien Varinard se demande « s'il est besoin de passer la revue des forces ou faiblesses secondaires telles que défiance, entêtement, obstination, épanouissement de l'homme arrivé qui est content de lui, absence d'égoisme, désir de plaire».
    Toutes ces particularités, il les trouve, nettement accusées, dans l'écriture de Wagner et il insiste sur ce fait que l'absence d'égoisme n’est nullement paradoxale chez un tel homme. 
    Évidemment, le tout est de s'entendre sur l'acception du mot.égoïsme.
  Mais le graphologue relève encore un trait qui, selon lui, explique ce que cette personnalité, si richement et si contradictoirement douée, pouvait, malgré tant de séductions, avoir de plus attirant ; ce trait, c'est la mesquinerie
    Il est certain que beaucoup d'hommes de génie furent mesquins en quelque chose. La mesquinerie, c'est le domaine des petits côtés. Qui n'en a pas ?  Wagner en avait, certes, et de fort déplaisants. Mais ceux-là, comme telles anomalies de ses idées politiques, tendent à s’effacer dans le lointain.
Les purs wagnériens n'admettent pas la moindre restriction quand il s’agit de leur idole. Nous pensons, nous, que la claire vision des défauts d'un homme ne porta jamais préjudice à la véritable supériorité de cet homme, qu'elle fût artistique ou autre, à condition qu'elle existât.

* Publié à Paris chez Tallandier en 1933. Du même auteur, voir aussi nos posts :

Musée de Marienbad : documents iconographiques sur la visite de l'empereur François-Joseph au roi Edouard VII en 1904.

Le verre à eau de l'empereur

 








Posts précédents sur le sujet  :

Invitation à la lecture 

  J'invite mes lectrices et lecteurs que l'histoire des Habsbourg et des Wittelsbach passionne à découvrir les textes peu connus que j'ai réunis dans Rodolphe. Les textes de Mayerling (BoD, 2020).

Voici le texte de présentation du recueil  (quatrième de couverture):

   Suicide, meurtre ou complot ? Depuis plus de 130 années, le drame de Mayerling fascine et enflamme les imaginations, et a fait couler beaucoup d'encre. C'est un peu de cette encre que nous avons orpaillée ici dans les fleuves de la mémoire : des textes pour la plupart oubliés qui présentent différentes interprétations d'une tragédie sur laquelle, malgré les annonces répétées d'une vérité historique définitive, continue de planer le doute.
   Comment s'est constituée la légende de Mayerling? Les points de vue et les arguments s'affrontent dans ces récits qui relèvent de différents genres littéraires : souvenirs de princesses appartenant au premier cercle impérial, dialogue politique, roman historique, roman d'espionnage, articles de presse, tous ces textes ont contribué à la constitution d'une des grandes énigmes de l'histoire.

Le recueil réunit des récits publiés entre 1889 et 1932 sur le drame de Mayerling, dont voici les dates et les auteurs :

1889 Les articles du Figaro
1899 Princesse Odescalchi
1900 Arthur Savaète
1902 Adolphe Aderer
1905 Henri de Weindel
1910 Jean de Bonnefon
1916 Augustin Marguillier
1917 Henry Ferrare
1921 Princesse Louise de Belgique
1922 Dr Augustin Cabanès
1930 Gabriel Bernard
1932 Princesse Nora Fugger

Le dernier récit, celui de la princesse Fugger, amie de la soeur de Mary Vetsera, est pour la première fois publié en traduction française. Il n'était jusqu'ici accessible qu'en allemand et en traduction anglaise.

Luc-Henri Roger, Rodolphe. Les textes de Mayerling, BoD, 2020. En version papier ou ebook (ebook en promotion de lancement).

Commande en ligne chez l'éditeur, sur des sites comme la Fnac, le Furet du nord, Decitre, Amazon, etc. ou via votre libraire (ISBN 978-2-322-24137-8)

Météo littéraire. Le temps des saints grêleurs, geleurs et gâteurs de bourgeons : les Cavaliers du froid.

Saint Marc (Άγιος Μάρκος) Dans le Tiers Livre de Pantagruel , Rabelais évoquait le personnage de Tinteville, évêque d’Auxerre : " Le no...