samedi 31 juillet 2021

Buste du roi Louis II — Bayerische Landesausstellung in Regensburg — Büste Ludwigs II.

Die in Juni eröffnete Jahresausstellung des Freistaats Bayern in Regensburg ist eine wahre Ali Babas Höhle. Ein Beispiel dafür ist diese Büste des Königs. Die Ausstellung findet bis 16. Januar 2022 statt. Nicht zu verpassen !

L'exposition annuelle du Land de Bavière qui s'est ouverte en juin à Ratisbonne est une véritable caverne d'Ali Baba. Ainsi de ce buste en porcelaine (biscuit) du roi Louis II de Bavière. L'expo peut se visiter jusqu'au 22 janvier 2022. À ne pas manquer !

 


[DE] KÖNIG LUDWIG II. IM ORNAT DES GROSSMEISTERS  DES ST. GEORGS ORDENS

Johann Nepomuk Hautmann (1820-1903) / um 1894
Biskuitporzellan

Acht Jahre nach dem Tod Ludwigs II. präsentiert der Bildhauer Hautmann den König theatralisch überhöht als visionären Alleinherrscher. Noch im selben Jahr arbeitete er an einer kolossalen Büste des Königs für einen Denkmalanlage in Murnau.

Bayerisches Nationalmuseum München

[EN] KING LUDWIG II IN THE REGALIA OF THE GRAND MASTER OF THE ORDER OF ST. GEORGE

Johann Nepomuk Hautmann (1820-1903) / ca.1894

Eight years after the death of Ludwig II, the sculptor Hautmann presented the king in a theatrically exaggerated way as a visionary autocrat. In the same year, he worked on a colossal bust of the king for a monument site in Murnau.

Bayerisches Nationalmuseum München

[FR] LE ROI LOUIS II EN HABITS DE GRAND MAÎTRE DE L'ORDRE DE ST. GEORGESPorcelaine (biscuit)

Huit ans après la mort de Louis II, le sculpteur Hautmann représentait le roi de manière théâtralement exagérée comme un autocrate visionnaire. La même année, il travailla sur un buste colossal du roi pour le monument de Murnau.

Bayerisches Nationalmuseum München 


Haus der Bayerischen Geschichte — Bayerische Landesausstellung

  

Bayerische Landesausstellung 2021: Götterdämmerung II - Die letzten Monarchen

Lesen Sie mehr / pour en savoir plus : Bayerische Landesausstellung 2021


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[DE]

Hedwig Brand (Courths-Mahler) 
König Ludwig und sein Schützling
ISBN-13: 9783753464282
Books on Demand

Hedwig Courths-Mahler veröffentlicht ihren romantischen historischen Roman "König Ludwig und sein Schützling" unter dem Pseudonym Hedwig Brand. Das Buch erschien 1911 bei Richard Hermann Dietrich in Dresden, am 25. Jahrestag des tragischen Todes des Königs, der sich am 13. Juni 1886 im Starnberger See ereignete. Der Schützling des Königs ist das Kind eines Försterehepaares, das in einem Wald bei Schloss Hohenschwangau lebte. Der König freundet sich bei einer zufälligen Begegnung mit dem Mädchen an und will ihr die bestmögliche Ausbildung zukommen lassen. Das kleine Mädchen, Walpurga Malwinger, genannt Burgerl, war musikalisch und gesanglich begabt und der König förderte ihre musikalische Ausbildung. Das Kind wuchs zu einer schönen jungen Dame heran. Eines Tages hörte Richard Wagner sie singen und geriet sofort in den Bann ihrer wunderbaren Stimme.
Ein Buch, das Freunde von Ludwig II. und Richard Wagner begeistern dürfte.

[FR]

Hedwig Brand (Courths-Mahler) 
La pupille du roi Louis II de Bavière

C'est en 1911 que Hedwig Courths-Mahler publia son roman sentimental historique König Ludwig und sein Schützling (« La pupille du roi Louis II de Bavière ») sous le pseudonyme d'Hedwig Brand. 110 ans après sa publication ce roman wagnérien est enfin traduit en français.


La protégée du roi est l'enfant d'un couple de forestiers vivant au coeur d'une forêt proche du château de Hohenschwangau. Au hasard d'une rencontre, le roi se lie d'amitié avec la petite fille au point de vouloir lui assurer la meilleure des formations scolaires possible. La petite fille, Walpurga Malwinger, dite Burgerl, est douée pour la musique et le chant et le roi favorise sa formation musicale. L'enfant grandit et devient une ravissante jeune fille. Un jour le hasard veut que Richard Wagner l'entende chanter et tombe immédiatement sous le charme de sa voix merveilleuse...

Un conte initiatique qui devrait ravir les amis de Louis II et de Richard Wagner.

Pour lire un extrait et/ou commander le livre

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Commander en Allemagne via Hugendubel  

Bayreuth — Wagner et la manufacture de pianos Steingraeber

La Maison Steingraeber, au 2 de la Friedrichstrasse

  


Vers 1871, Richard Wagner rendit visite à la manufacture de pianos Steingraeber située au numéro 2 de la  Friedrichstrasse à Bayreuth. De 1872 à 1874, il  habita dans les environs immédiats de la Maison Steingraeber, au numéro 4 du Dammwäldchen, non loin de la Maison Steingraeber. En 1876, son beau-père Franz Liszt se rend à Bayreuth et y assiste au premier Ring. Il fréquentera assidûment la Maison Steingraeber. À partir de 1878, Liszt est souvent invité dans le salon situé au bel étage de la Maison Steingraeber Haus, une salle connue aujourd'hui sous le nom de salon rococo. 


Le salon Wagner au premier étage de la Maison Steingraeber
© Steingraeber Haus

Richard Wagner, Eduard Steingraeber et les cloches du Graal

Dans Mein Leben (Ma vie), Richard Wagner évoque sa toute première visite à Bayreuth au cours de l'été 1835, alors qu'il voyageait en diligence de Prague à Nuremberg. Il a à cette occasion certainement visité le centre ville baroque. En 1864, il lut le roman romantique Siebenkäs de Jean Paul. Plus tard, à la fin de l'année 1870, alors qu'il cherchait un endroit qui puisse accueillir son Grand Oeuvre, il tomba par hasard sur  article consacré à  l'opéra de la Margrave de Bayreuth, célèbre pour la taille de sa scène. Même s'il s'avéra qu'il ne convenait pas aux plans de Wagner, la décision de son installation bayreuthoise fut prise  lors de sa toute première visite avec Cosima le 1er février 1871. Un an plus tard, les sites du nouveau Festspielhaus et de la Villa Wahnfried avaient été choisis.

Dès le printemps 1879, Wagner demanda à Eduard Steingraeber s'il était possible de créer un instrument capable de produire les quatre notes des cloches de son  "Parsifal" (do, sol, la et mi dans le registre grave), un instrument semblable à un piano, avec de grands marteaux et des touches larges. Steingraeber dessina alors les plans d'un instrument composé d'une caisse haute et étroite en forme de piano. D'une longueur de 220 centimètres, les cordes extraordinairement longues seraient frappées par quatre marteaux de 8 cm de large, et les touches elles-mêmes auraient une largeur de 7 cm. En août 1881, Wagner  signa le contrat de commande et Steingraeber commença la fabrication.

Richard Wagner avait en tête des sons surnaturels et étranges pour le leitmotiv du Temple du Graal dans son « Bühnenweihfestspiel » Parsifal (festival scénique sacré),et il avait besoin d'un nouvel instrument capable de les produire. Il dénomma cet instrument Les cloches du Graal. Le motif du Graal dans les premier et troisième actes de Parsifal trouve son origine dans le registre de basse le plus profond et est conçu pour communiquer un frisson sacré à ses auditeurs. Les notes puissantes qui reproduisent les sons des cloches se situent à des profondeurs presque inaccessibles. La Maison Steingraeber a récemment construit une réplique de cet instrument historique, qui est prête à être joué à Bayreuth.

Le chef d'orchestre Christian Thielemann fut très impressionné par cet instrument lors de sa visite à Steingraeber Haus en juillet 2015. Il en donna l'appréciation suivante :  "les meilleures cloches Parsifal que j'ai jamais entendues".

Source du texte : texte librement traduit de diverses pages du site de la Maison Steingraeber : https://www.steingraeber.de/

Renseignements pour la visite de la Maison Steingraeber sur https://www.steingraeber.de/. Une visite à ne pas manquer pour les passionnés de piano et pour tous les amis de Franz Liszt et de Richard Wagner. Des visites guidées, des expositions et des concerts y sont régulièrement organisés.

Expositions de l'été 2021 :

  • Engelbert Humperdinck : “HOKUSPOKUS…HEXENSCHUSS” – Engelbert Humperdinck nach 100 Jahren. Jusqu'au 31.08.2021.
  • Siegfried Wagner : Siegfried Wagner “Der Friedensengel”. Jusqu'au 31.08.2021.
L'entrée aux deux expositions est gratuite.

Photos wagnériennes glânées dans la Maison Steingraeber






Les caricatures sont de l'artiste Ralf Bergner (2016). 



Monsieur Udo Schmidt-Steingraeber a eu l'amabilité de me communiquer deux photographies qui prouvent que le fantôme de Wagner est toujours assis face à son son balcon... devant une fenêtre de la manufacture Steingraeber.



Un article publié avec l'aimable autorisation de la Maison Steingraeber, que nous remercions ici.



National Theater München — Hans von Bülow — v. Lenbach pinx.

Hans von Bülow
Hofkappelmeister 1867-1869

[De] Gemälde, das derzeit in den Balkongängen des Münchner Staatstheaters ausgestellt ist.
[Fr] Tableau actuellement exposé dans les couloirs du balcon du Théâtre national de Munich
 

jeudi 29 juillet 2021

Symphonie en couleurs majeures d'Hermann Nitsch pour la nouvelle Walkyrie de Bayreuth


La nouvelle Walkyrie de Bayreuth est proposée en version concertante avec une distribution exceptionnelle. Les organisateurs du Festival ont invité Hermann Nitsch, un des plus grands artistes autrichiens contemporains, qui est aussi un des plus contestés, à accompagner la production sur le plan scénique. Les chanteurs, vêtus de longues tuniques noires, sont placés en avant-scène. Le plateau est recouvert d'une grande toile blanche rectangulaire autour de laquelle sont alignés des seaux de peinture. Le fond de scène se compose de deux immenses toiles rectangulaires en angle obtus. Ces toiles constituent le support sur lesquelles une dizaine d'actionnistes tout de blanc vêtus vont lancer ou faire dégouliner le contenu des seaux. Elles sont remplacées aux entractes, offrant un champ d'action vierge à l'acte suivant.

Hermann Nitsch, l'un des fondateurs de l'actionnisme viennois, réalise ainsi un vieux rêve. Il est wagnérien d'aussi longtemps qu'il s'en souvienne et s'est au cours de sa longue carrière inspiré du Gesamtkunstwerk du Maître de Bayreuth pour concevoir ses propres créations, s'inspirant du concept d'oeuvre d'art totale dont la première manifestation à l'opéra fut la création du cycle du Ring à Bayreuth en 1876. Nitsch, un créateur bouillonnant qui travaille depuis une cinquantaine d'années a lui aussi voulu créer des événements où interagissent toutes les formes d'art. Son Grand Oeuvre, le Théâtre orgiaque des Mystères ("Orgien-Mysterien-Theater") cherchait à provoquer chez les spectateurs des expériences sensuelles archétypales en déversant surtout de la couleur rouge sur des grandes surfaces, avec pour objectif une libération cathartique. Nitsch est un des grands acteurs de l'actionnisme viennois, un mouvement provocateur qui a notamment intégré dans ses happenings des substances organiques animales et humaines, comme le sang, les abats ou le lait. Le choc émotionnel intense ressenti par les spectateurs devait entraîner la libération de leurs angoisses et de leurs inhibitions.

À Bayreuth, on est loin de ces manifestations outrancières : s'il y a orgie, c'est une orgie de couleurs, car, par les projections et les coulées de couleurs, Hermann Nitsch s'ingénie à rendre sur ses immenses toiles les émotions exprimées par la musique et le chant au cours de l'opéra, ce qui s'inscrit dans la tradition du Sonnet des Voyelles d'Arthur Rimbaud, que le poète écrivit quatre ou cinq ans avant que le Ring ne soit joué pour la première fois dans le temple de la Colline verte.

A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu, voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes.
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombillent autour des puanteurs cruelles,

Golfe d’ombre ; E, candeur des vapeurs et des tentes,
Lance des glaciers fiers, rois blancs, frissons d’ombelles
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;

U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d’animaux, paix des rides
Que l’alchimie imprime aux grands fronts studieux ;

O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges :
— O l’Oméga, rayon violet de Ses Yeux !

Par son Alchimie des Couleurs Hermann Nitsch s'inscrit dans la tradition de l'Alchimie du Verbe rimbaldienne. La partition wagnérienne inspirent les déversements et les dégoulinements de couleurs, dont les associations ont été soigneusement préparées par l'artiste. Deux univers parallèles se rejoignent, les couleurs et les sons se répondent dans une ténébreuse et profonde unité. L'évocation des Correspondances (1857) de Baudelaire, un des premiers grands wagnériens français vient naturellement s'ajouter à celle du sonnet de Rimbaud.

Les actionnistes de Hermann Nitsch créent des Schüttbilder (des tableaux de déversements) par le lancer des seaux sur la toile recouvrant la scène et, simultanément, juchés sur des échafaudages cachés par dégoulinements plus ou moins abondants sur les toiles de fond, qui, à la fin de l'opéra, recevront de plus quelques lancers de seaux. Les Schüttbilder s'inscrivent dans la tradition du dripping, la peinture au goutte à goutte, dont Jackson Pollock fut un des grands représentants. Aux déversements et aux dégoulinements, Nitsch ajoute le brossage au moyen de grands balais de rue aux poils rouges et l'étalage des couleurs à la main par des actionnistes agenouillés.

Des éléments figuratifs, deux crucifixions et une élévation d'ostensoir, viendront s'ajouter à l'art abstrait de la composition des tableaux colorés. Quatre actionnistes entrent en scène, portant avec lenteur et précaution une femme crucifiée, habillée d'une longue robe blanche, sur laquelle sera déversée au départ de la poitrine des pots de couleur rouge sombre, une fois la croix redressée. Il y a sans doute plusieurs interprétations possibles de cette crucifixion, qui est un élément récurrent du théâtre orgiaque de Nitsch. Les thèmes de la mort et du sacrifice sont bien présents dans la Walkyrie, c'est la mort de Siegmund, sacrifié par Wotan sur les instances de Fricka, c'est aussi le sacrifice de Brünnhilde, bannie par son père du Walhalla en raison de sa trahison et endormie jusqu'au moment incertain de sa libération. Au dernier acte, la croix revient au centre de la scène avec un second corps crucifié entièrement recouvert d'un linceul et dont on ne voit plus le visage. La croix est cette fois couchée sur le sol et les actionnistes vont lancer des seaux de couleur rouge tout autour de la croix de manière à former un cercle rouge entourant la crucifiée, le cercle rouge figurant le cercle de feu que Wotan a commandé au dieu Loge pour protéger son enfant.

À la fin de l'opéra un homme aux yeux bandés et torse nu entre en scène brandissant un ostensoir au bout de ses bras tendus. Si le sens des crucifixions se comprend aisément, je m'explique moins celui de cette élévation du Saint Sacrement, qui aurait peut-être mieux trouvé sa place dans une représentation de Parsifal. Peut-être Nitsch a-t-il voulu établir un parallèle entre la mort sacrificielle du Christ ressuscité d'entre les morts et le sacrifice de Brünnhilde qui se réveillera d'entre les flammes.

Qu'on ne s'y troupe pas, la mise en scène de Nitsch n'est pas un big splash. La traduction de la composition musicale suit un déroulement étudié. Chacun des trois actes est associé à une action de peinture distincte. La tempête que brave Siegmund au premier acte se manifeste dans des tons bleu foncé, verts et violets. Son arrivée dans la maison de Hunding où il rencontre celle qu'il ne sait pas être sa sœur s'exprime par des couleurs plus claires pour aboutir à un vert intense. Le rouge l'emporte sur le vert au moment de l'acte incestueux. Au motif de Notung correspond un bleu métallisé. Aux fragilités de Wotan, à ses faiblesses du deuxième acte et à son désespoir répond un envahissement de la couleur noire. Le rouge dans toutes ses nuances forme un cercle de feu joyeux autour de la Walkyrie endormie, figurant la protection mais aussi l'espoir d'une libération future.

Wagner a toujours été un grand professeur pour Hermann Nitsch, qui affirme avoir créé ses happenings et ses performances dans la lignée du Gesamtkunstwerk wagnérien, en l'amplifiant encore, cherchant à faire vivre et à partager ses créations en exacerbant les cinq sens. Dans sa carrière, il a cultivé à l'extrême l'art de la provocation, créant des spectacles sacrificiels dégoulinant de sang, allant jusqu'à la mise à mort réelle d'un taureau en scène. Son installation en action pour la nouvelle production de la Walkyrie de Bayreuth est certes plus harmonieuse, même si elle ne manquera pas de provoquer de sulfureuses controverses.






Visuels : © Bayreuther Festspiele /Enrico Nawrath

mercredi 28 juillet 2021

Jonas Kaufmann — Elisabeth Peyton — Nationaltheater München / Théâtre national de Munich

 [De] Das Werk von Elisabeth Peyton, die Jonas Kaufmann schon oft porträtiert hat, hängt derzeit auf den Balkongängen der Bayerischen Staatsoper

[Fr] L'oeuvre d'Elisabeth Peyton, qui a souvent représenté Jonas Kaufmann, est actuellement accroché aux cimaises des couloirs du balcon du Bayerische Staatsoper.

Münchner Opernfestspiele — 7 deaths of Maria Callas, un Gesamtkunstwerk de Marina Abramović

Marina Abramović revisite la mort de Desdémone

Marina Abramović

L'artiste d'origine serbe Marina Abramović (Марина Абрамовић) est une des figures les plus marquantes du courant de l'art corporel, un art qu'elle pratique en mettant son propre corps à l'épreuve au cours de performances poignantes et souvent déstabilisantes pour les spectateurs. Son oeuvre, toujours autobiographique, porte essentiellement sur l'image du corps de la femme et sur le rapport à la blessure et à la mort, une réflexion par l'action qui repousse souvent les limites du soutenable et exprime une démarche philosophique existentielle. Le travail de Marina Abramović s'inspire d'une existence marquée par nombre de drames amoureux et du désenchantement qu'ont pu entraîner ses passions.

Les 7 morts de Maria Callas 

La relation entre le parcours sentimental de Marina Abramović et la vie privée et artistique de Maria Callas est patent, sauf que Maria Callas a abandonné la scène pour "vivre sa vie de femme", ce qui n'est heureusement pas le cas de Marina Abramović qui dans un extraordinaire Gesamtkunstwerk a réussi le pari difficile d'offrir au public un spectacle qui met en scène les passions de la prima donna assolutissima, ces passions que Callas a elle-même vécues et qu'elle a magnifiquement interprétées par son chant sublime. Les sept morts de Maria Callas mettent en scène le défilé de 7 héroïnes d'opéras que leur passion amoureuse a conduites à la mort, autant de rôles qui avaient contribué à sa légende. 

Marina Abramović est pendant la plus grande partie de son spectacle le témoin muet du Gesamtkunstwerk (1)  qu'elle a créé : son corps immobile est couché dans le lit funèbre parisien de Maria Callas, enseveli dans le linceul de ses draps. La cantatrice s'était retirée du monde dans son appartement parisien au troisième étage du 36 avenue Georges-Mandel avec pour seules occupations d'écouter ses vieux enregistrements et de promener ses chiens selon un itinéraire toujours semblable. C'est exactement ce que fait sur scène Marina Abramović : elle fait un voyage mental et mystique dans l'oeuvre de Callas à laquelle elle s'identifie, son lit est un vaisseau fantôme qui parcourt les cieux infinis figurés par un film qui est projeté sur une immense toile d'avant-scène, un ciel changeant au gré d' impressionnantes formations nuageuses d'une beauté confondante. Sept jeunes chanteuses aux voix exceptionnelles viennent interpréter sept grands arias qui expriment la trahison amoureuse et la mort. Pendant le chant, le film projette les expériences de mort prochaine de la performatrice qui flirte constamment avec le danger.

Le déroulement de l'action

Pour chacune des sept morts, on entend la voix enregistrée de Marina Abramović qui psalmodie avec lenteur un texte composé par Petter Skavlan (2) tandis qu'elle apparaît immense, en plans très rapprochés, sur l'écran géant dans des vidéos en ralenti, — réalisées par Nabil Elderkin qui a produit des séquences d'une force d'évocation poignante, —  dans lesquelles elle incarne en sa chair propre la mort des 7 héroïnes interprétées par les jeunes chanteuses. Le comédien Willem Dafoe intervient à plusieurs reprises dans les courts-métrages, notamment dans une scène saisissante où il passe un énorme serpent à la beauté inquiétant autour du cou de sa partenaire, une scène faisant pendant à la mort de Desdémone.

1. Violetta se meurt de la tuberculose.

Je suis une flamme vacillante d'une bougie solitaire. Exposée aux éléments : le vent et la pluie, l'amour et la haine - la maladie et la santé. La flamme peut me réchauffer, mais aussi me brûler. Elle peut éclairer mon chemin et me servir de guide. Mais lorsqu'elle est consumée, elle expire. Elle est alors éteinte, pour l'éternité.

Emily Pogorelc, qui vient d'intégrer cette saison la troupe du Bayerische Staatsoper, interprète « Addio, del passato », l'aria de Violetta du troisième acte de la Traviata  .

2. Tosca se jette dans le vide.

Il n'est pas dangereux de sauter. Il n'est pas dangereux de tomber. Le souffle de l'air, le flux sanguin dans les veines. Suspendue, mais en pleine chute. Tu as le temps de ressentir, le temps d'aimer. Pour toujours. Non, il n'est pas dangereux de tomber. Ce n'est que lorsque tu touches le sol que cela devient dangereux.

Selene Zanetti, qui avait été très applaudie  au XII. Festival Maria Callas à Sirmione, chante le fameux "Vissi d'arte"  du  2ème acte de Tosca. 

3. Desdemona se fait étrangler par Otello.

Intuition, pressentiment, ressenti, suspicion, crainte et avertissement. Desdémone le savait. Elle a revêtu sa robe de mariée et s'est plongée dans la prière. Quand Othello est arrivé, elle était préparée.

L' « Ave Maria » de Desdemona au 4ème acte d'Otello est interprété par l'américaine Leah Hawkins.

4. Cio-Cio-San se donne la mort.

Pour la science, l'effet papillon désigne un mécanisme par lequel de petites causes génèrent des conséquences imprévisibles. Pour les superstitieux, le papillon est l'amant qui vient te rendre visite. Dans la mythologie, le papillon est l'âme d'un être humain ; qu'il soit vivant, mourant ou déjà mort …

L'aria de Cio-Cio-San  « Un bel di, vedremo » du 2ème actte de Madame Butterfly est interprété par la chanteuse australienne Kiandra Howarth.

5. Carmen est poignardée par Don José.

Sa hardiesse me fascine. Son amour de la liberté reflète le mien. Sa sexualité exacerbée la rend forte. Elle sait ce qu'elle veut, et se l'octroie. Son coeur est guidé par l'amour, sa beauté et son corps n'appartiennent qu'à elle.

La Habanera du 1er acte de  Carmen « L'amour est un oiseau rebelle » est chanté par Samantha Hankey, qui est entrée dans la troupe du BSO en 2019/2020.

6. Lucia meurt folle.

Lorsque l'univers conspire contre toi, piétine ton cœur, broie ton âme et envahit ton cerveau, tu deviens folle. Et quand tu deviens folle, tu n'es plus responsable de toi-même. Ni de ceux qui t'entourent. L'amour se mue en haine, la haine en amour, et la mort devient la libération ultime.

Rosa Feola chante le grand aria de Lucia dans Lucia di Lammermoor, « Il dolce suono »

7. Norma entre dans le feu.

Tu marches vers le bûcher. Les premiers pas sont chauds, puis la chaleur se fait de plus en plus ardente. Ta peau te démange, tes yeux larmoient, tes cheveux roussissent. Avancer. Ta peau devient rouge puis des ampoules se forment. Mais tu continues de marcher. L'odeur de la chair brûlée. Ta peau devient noire. Perte de la vue. Les cheveux en flammes. Les poumons consumés. Mais tu vas plus loin - chaque pas demande un effort inimaginable. Juste avant que le feu ne te dévore, tu réalises que tu n'es pas seule. Puis le dernier pas dans les flammes — réunis.

« Casta Diva » est interprété par Lauren Fagan.

Marina Abramović en Callas dans la chambre parisienne de la chanteuse 

8. Marina Abramović se réveille de sa torpeur létale et sort lentement de son lit pour se rendre dans la chambre, reconstituée sur la scène du Théâtre national,  dans lequel Maria Callas est morte le 16 septembre 1977 à l'âge de 53 ans.  Marina Abramović s'immerge dans la vie passée de la Callas. Elle regarde des photos sur le lit, s'observe dans le miroir, jette au sol un vase de cristal qui se brise en mille morceaux, ouvre la fenêtre avant que, encore une fois, ne retentisse un enregistrement de la voix de Maria Callas. Les chanteuses qui ont interprété les 7 arias, transformées en servantes, rangent la chambre et recouvrent tous les meubles et le grand miroir de larges voiles de crêpe noir, tandis que Maria Callas, ou plutôt son double Marina Abramović, s'avance lentement vers la coulisse.

Le jeune chef Yoel Gamzou, qui fait ses débuts au Bayeriche Staatsoper, réussit une joyeuse entrée très acclamée. Il fusionne tout en souplesse les musiques aériennes et éthérées ou parfois plus menaçantes  que Marko Nikodijević a composées pour l'oeuvre opératique de Marina Abramović avec les accompagnements originaux des grands arias.

On passe une soirée fascinante, qui ne manque pas de laisser des marques profondes, tant les transgressions et la violence de la réflexion de Marina Abramović interpellent et font voler en éclat les attitudes convenues. 

(1) La création mondiale du Gesamtkunstwerk a eu lieu à Munich. L'oeuvre est coproduite avec le Deutsche Oper Berlin, le Maggio Musicale Fiorentino, le Greek National Opera et l'Opéra national de Paris.
(2) La traduction des textes en italique  écrits par Petter Skavlan est reprise du programme du BSO.

Crédit photographique : © Wilfried Hössl / Bayerische Staatsoper

mardi 27 juillet 2021

Mathilde Mallinger als Elsa. Ein Gemälde von Alfred von Keller (ca. 1866-1869) im Münchner Nationaltheater

Mathilde Mallinger - Kammersängerin (1866-1869)
 (v. Keller pinxit)
Dieses Bild ist auf den Balkongängen
des Münchner Nationaltheaters zu sehen

Der Maler — Albert von Keller (1844-1920)

Geboren am 27. April 1844 in Gais (Schweiz), gestorben am 16. Juli 1920 in München. Nach der Übersiedlung der Familie 1854 nach München studierte er zunächst Jura, ab 1865 widmete er sich auf den Rat Ludwig von Hagns und Arthur Georg von Rambergs jedoch ganz der Malerei und war nur vorübergehend an der Münchner Akademie eingeschrieben. Er setzte sich mit Hans Makart und Franz von Lenbach auseinander; 1892 trat er der Münchner Secession bei. Schon früh erfolgreich mit seinen Salonstücken, war die Dame in eleganter Kleidung ein Hauptmotiv des Gesellschaftsmalers. Gegen 1900 beschäftigten ihn jedoch auch düstere Themen wie Hexenverbrennungen, Visionsbilder und Kreuzigungsstudien.


Mathilde Mallinger, Richard Wagner und König Ludwig II.

Es war Wagner, der Mathilde Mallingers Talent in Wien entdeckte und sie an das Münchner Hoftheater engagierte.

im  Münchener Tages-Anzeiger vom 7. Juli 1867

Hier ist ein Zeitungsausschnitt aus dem Münchener Tages-Anzeiger vom 7. Juli 1867. Wie die Münchner Tageszeitung berichtet, überreichte S.M. König Ludwig II. von Bayern nach einer bemerkenswerten Lohengrin-Aufführung, in der die junge Sopranistin Mathilde Mallinger eine bemerkenswerte und einfühlsame Elsa spielte, ein Brillantarmband. Die im Februar 1847 geborene Mathilde Mallinger war damals erst 20 Jahre alt, ein außergewöhnlich junges Alter, um Wagner-Rollen zu übernehmen, darunter auch die Norma, die sie bereits in München etabliert hatte. Ein rührendes Detail: Die Brillanten auf dem Armband bilden den Namen Elsa. Eine rührende Note im Stil des Königs.

Der König muss von der Kunst des jungen Mallingers sehr angetan gewesen sein. Ein paar Tage zuvor hatte er ihr einen Strauß Alpenblumen mit einem Gruß aus seiner königlichen Feder überreicht. Dies wurde in der Fränkischen Zeitung (Ansbacher Morgenblatt) vom 25. Juni 1867 berichtet.

Müssen wir Sie daran erinnern, dass der Mallinger die Rolle der Eva (Meistersinger)1868 in München geschaffen hat? Viel später wurde in einer Ausgabe der Illustrirters Zeitung von 1905 ein Foto des Gemäldes von Alfred von Keller auf dem Titelblatt abgebildet.


Mathilde MALLINGER inspirierte die Figur der Walpurga MALWINGER, Heldin des Romans König Ludwig und sein Schützling von Hedwig Courths-Mahler

Die Protagonistin Walpurga Malwinger, genannt Burgerl, erinnert an die berühmte Wagner-Sängerin Mathilde Mallinger (1847-1920), die sowohl am Hoftheater in München als auch am Theater Unter den Linden in Berlin für Furore sorgte, schon allein wegen ihres Beinahe-Homonyms. Die kroatische Sopranistin Mathilde Mallinger wurde während ihres Gesangsstudiums in Wien von Richard Wagner entdeckt: Nachdem der Meister sie gehört hatte, empfahl er sie an die Bayerische Staatsoper in München, die sie, wohl auf Befehl des Königs, auch engagierte. Dort debütierte sie 1866 in der Titelrolle von Vincenzo Bellinis Norma und wurde von Publikum und Kritikern sofort einhellig gefeiert. Die nächsten drei Jahre verbrachte sie auf derselben Bühne und sang hauptsächlich Wagner-Rollen wie Elsa in Lohengrin und Elisabeth in Tannhäuser. Ebenfalls in München kreierte sie die Rolle der Eva in der Uraufführung von Die Meistersinger von Nürnberg am 21. Juni 1868. Erwähnenswert ist, dass König Ludwig II. ihr nach einer Lohengrin-Aufführung einen kostbaren Brillantarmreif schenkte, den er für sie bestellt hatte. Das Zentrum dieses nominellen Armbands trug Elsas Namen in Diamanten. Von Wagner seinerseits wurde sie mit einem riesigen Blumenstrauß und Komplimenten beschenkt, die nach einer Münchner Probe des Lohengrins verteilt wurden. 

Mathilde Mallinger verließ daraufhin München und schloss sich 1869 dem Ensemble des Opernhauses Unter den Linden in Berlin an, wo sie bis 1882 auftrat. Sie sang 1869 die Elsa in der Berliner Uraufführung des Lohengrins und 1870 die Eva in Die Meistersinger. Auch ihre Sieglinde wurde in Berlin hochgelobt.

Mallinger und Malwinger teilen die gemeinsamen Merkmale außergewöhnlicher stimmlicher Schönheit, bemerkenswerter dramatischer Qualitäten und extremer Jugend, als sie die Rollen der großen Wagner-Heldinnen übernahmen: Elsa oder Eva mit 19 oder 20 Jahren zu interpretieren, setzt eine außerordentliche stimmliche Reife voraus. Aber abgesehen von den üppigen königlichen Geschenken und der Beinahe-Homonymität hört die Parallele hier auf. So, im Gegensatz zu anderen Sängern, die vergeblich versuchten, den König zu verführen, verließ Mathilde Mallinger München und ging nach Berlin, wo sie später einen Schauspieler und Theaterdirektor, den Baron Schimmelpfennig von der Oye, heiratete. Walpurga Malwinger hingegen blieb keusch und rein und hielt dem König die Treue, den sie auch nach seinem Tod weiter anbetete. Die Heldin des Romans hat nie geheiratet.

Quelle : Nachwort von König Ludwig und sein Schützling von Hedwig Courths-Mahler (BoD 2021)

Hedwig Courths-Mahler veröffentlicht ihren romantischen historischen Roman "König Ludwig und sein Schützling" unter dem Pseudonym Hedwig Brand. Das Buch erschien 1911 bei Richard Hermann Dietrich in Dresden, am 25. Jahrestag des tragischen Todes des Königs, der sich am 13. Juni 1886 im Starnberger See ereignete. Der Schützling des Königs ist das Kind eines Försterehepaares, das in einem Wald bei Schloss Hohenschwangau lebte. Der König freundet sich bei einer zufälligen Begegnung mit dem Mädchen an und will ihr die bestmögliche Ausbildung zukommen lassen. Das kleine Mädchen, Walpurga Malwinger, genannt Burgerl, war musikalisch und gesanglich begabt und der König förderte ihre musikalische Ausbildung. Das Kind wuchs zu einer schönen jungen Dame heran. Eines Tages hörte Richard Wagner sie singen und geriet sofort in den Bann ihrer wunderbaren Stimme.

Ein Buch, das Freunde von Ludwig II. und Richard Wagner begeistern dürfte.

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Barocke Statuen in Bayreuth — 14 Bilder / 14 photos— Statuaire baroque à Bayreuth

 















 

Le Barbier de Séville du Théâtre de la Gaertnerplatz a du piquant !

Le monde entier est un cactus
Il est impossible de s'asseoir
Dans la vie, il y a qu'des cactus
Moi je me pique de le savoir
Aïe aïe aïe!
Ouille!
Aïe aïe aïe

Jacques Dutronc 

 

Mais quelle mouche a donc piqué le metteur en scène Josef E. Köpplinger et son décorateur Johannes Leiacker ? Une mouche ? Non ! Mais mille millions de mille cactus !

Dès l'ouverture, la toile d'avant-scène donne à voir un petit cactus en pot, en forme de Mickey Mouse, surplombé par un tout petit nuage, isolé dans le bleu du ciel, qui l'arrose aimablement. Et quand la toile se lève, on se trouve dans une rue dont les façades sont toutes peintes de cactus en gros plan, tout hérissés de dangereuses épines, Plus tard, quand on entrera dans la maison du Dr Bartolo et de sa pupille Rosina, on retrouvera le même décor tapissant les murs, sauf pour la chambre de Rosina, située en galerie à l'étage, et qui est décorée de fleurs mousseuses très voluptueuses en grand format.

C'est que les situations du Barbier sont bien épineuses ! Bartolo est amoureux de sa pupille qui en aime un autre, et il faudra toute l'ingéniosité de Figaro pour désépiner les chemins de l'amour et permettre au comte Almaviva, le soupirant de Rosina, d'épouser sa belle.

Le livret du Barbier, oeuvre de Cesare Sterbini,  est déjà en soi l'un des plus drôles de l'histoire de l'opéra, avec des rebondissemnts plus cocasses les uns que les autres. Et quand ce livret tombe dans les mains du très inventif Josef E. Köpplinger, il en devient encore plus désopiquant, oups, pardon, désopilant voulais-je écrire.

Jennifer O'LoughlinGyula RabDaniel Gutmann,
Cheour du Staatstheater am Gärtnerplatz

© Christian POGO Zach

Sur la scène du Théâtre de la Gaertnerplatz, la maison de Bartolo est située au coeur du quartier rouge où fleurissent les travailleuses du sexe. Drôle d'endroit pour protéger la vertu d'une jeune fille nubile ! Ces dames à la vertu passagère sont en fait bien sympathiques et reçoivent le tout venant au Prostibule (C'est le nom de la maison de passe), dont notamment des prêtres en soutanes qui passent et repassent sur la scène, le bréviaire à la main, et qui sans doute ont à coeur de convertir les belles de nuit. La prostitution n'est pas sans risques et l'on voit une jeune femme pousser un landeau, déjà en cloque d'un second enfant. Les filles de joie sont généreuses et solidaires, et lui donnent de l'argent. Figaro se montre lui aussi très généreux, il apporte des préservatifs à ces dames et aussi des sucettes à des gamins de rue qui lui remettent le produit de leurs larcins en échange, il n'y a pas de petits profits...Aux formes rebondies des dames répondent les torses musclés d'ouvriers le plus souvent occupés perchés sur des échelles à repeindre les cactus des façades ou à proposer de nouveaux modèles de papiers peints représentant des cactus bien épineux. Souvent, ces accortes jeunes gens souffrent de la chaleur et se déshabillent en dévoilant les puissantes musculatures de leurs torses triangulaires.

Le Dr Bartolo (Levente Páll© Christian POGO Zach

Dans le salon de Bartolo trône un fauteuil de coiffeur placé non loin d'un squelette qui rappelle la profession du propriétaire des lieux. Les fauteuils sont recouverts de tissus à motifs de...cactus. L'abbé de service, Don Basilio, circule à bicyclette. Pour vanter ses dons de calomniateurs, il stigmatise la femme enceinte. Le comte Almaviva, conseillé par Figaro, joue les Protée et se déguise en militaire ou en cureton : ce dernier, le prétendu Don Alonso, se comporte en homosexuel très efféminé, follasse et entreprenant qui, pour donner le change, n'hésite pas à draguer outrageusement le Dr Bartolo et à le poursuivre de ses assiduités avec force gestes déplacés.

On s'amuse énormément à ce spectacle mené par la troupe très soudée du Théâtre de la Gaertnerplatz. Les trouvailles de Köpplinger se succèdent à grand train et les grands tableaux d'ensemble sont des plus réussis.

Dès l'ouverture, les violons et les bois de l'orchestre, menés par le très dynamique Michael Brandstätter, nous entraînent dans le monde aussi joyeux que mouvementé de Figaro auquel le bouillonnant Matija  Meić prête son imposante stature. Guyla Rab chante le comte avec son ténor léger qu'il déploie plus en finesse qu'en puissance. La ravissante et talentueuse Jennifer O'Loughlin donne une excellente Rosina, qui sous des airs ingénus et avec des arias bien enlevés se montre éminemment futée et ingénieuse ("...e cento tappole faró giocar."").  Levente Páll compose un Bartolo des plus réussis : ce n'est pas le vieux barbon ridicule habituel mais un homme dans la force de l'âge un peu trop autoritaire et qui n'a pas su se frayer un chemin vers le coeur de Rosina. Levente Páll fait preuve d'une agilité vocale peu commune. Il donne un Bartolo drôle et attachant à la fois, avec un chant soutenu et parfaitement délivré, une voix bien projetée et puissante, avec en point d'orgue un travail des plus remarquables dans le sillabato diabolique à la fin de son aria "A un dottor della mia sorte".  Timo Sirlantzis offre les belles profondeurs de son baryton-basse à Don Basilio et en impose dans son grand air de la calomnie, très applaudi. Dans les rôles secondaires, la Berta d'Anna Agathonos remporte un beau succès dans son aria "Il vecchietto cerca moglie". Daniel Gutmann( Fiorillo) n'est pas seulement doué pour le chant, il sait aussi jouer de la guitare !  

Une excellente soirée passée trop vite dans la bonne humeur.

Le spectacle a été produit en coproduction avec le Capitole de Toulouse et le Liceu de Barcelone. On pourra revoir cette mise en scène du 28 octobre au 21 novembre 2021 au Theater-am-Gaertnerplatz de Munich et du 20 au 29 mai 2022 au Capitole de Toulouse.

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