« Il faut faire intervenir son moi le moins possible, c'est presque toujours un sujet gênant ou ennuyeux pour autrui ».Baronne Staffe
La baronne Staffe (un pseudonyme pour Blanche Soyer), bien connue par son best-seller Usages du monde : règles du savoir-vivre, tint aussi le carnet mondain de la Nouvelle Revue de 1895 à 1899. En juillet 1895, elle y donna ce beau portrait sensible de l'impératrice Elisabeth, qui détaille avec précision la toilette et les accessoires portés par l'impératrice :
Une autre mère inconsolée [...], l'impératrice Élisabeth d'Autriche, est toujours vêtue de noir depuis la mort tragique de son premier-né. Ces sombres toilettes, dont la magnificence n'est pas exclue, font un cadre à souhait à la beauté mélancolique de l'une des femmes les plus admirées de ce siècle. Je me hâte de dire que celle qui pleure si fidèlement l'archiduc Rodolphe, tout à sa douleur maternelle, s'occupe peu aujourd'hui des toilettes plus ou moins seyantes. C'est sa grâce inaltérable qui fait valoir les costumes qu'on lui compose, Elle a bien voulu l'autre jour présider le cercle de la cour, grand effort pour ses pauvres nerfs. Ç'a été une apparition inoubliable. Sa longue jupe, à la traîne sans fin, et son corsage étaient en velours noir, voilé de mousseline de soie noire, brodé de violettes noires, à cœur de perle. Sur ses superbes cheveux, un diadème de perles noires et de diamants noirs, d'où s'échappait un voile en gaze de soie noire poudrée de jais, aussi long que la robe. Autour du beau cou que vous savez, un rang de perles noires alternées de brillants. A la main, un bouquet de violettes russes, mélangées de violettes napolitaines, dont les tiges étaient nouées d'un flottant ruban noir, brodé de jais ; de ce ruban pendait un énorme éventail de marabouts noirs, timbré d'une couronne en diamants.
On ne saurait assez dire comme elle était imposante et belle, dans cette toilette, d'une incomparable élégance, dans sa sévérité. la souveraine infortunée, la mère désolée.
Baronne S T A F F E.
Invitation à la lecture
J'invite les lectrices et lecteurs que l'histoire des Habsbourg et des Wittelsbach passionne à découvrir les textes peu connus consacrés à mon ami le prince héritier Rodolphe réunis dans Rodolphe. Les textes de Mayerling (BoD, 2020).
Suicide, meurtre ou complot ? Depuis plus de 130 années, le drame de Mayerling fascine et enflamme les imaginations, et a fait couler beaucoup d'encre. C'est un peu de cette encre que nous avons orpaillée ici dans les fleuves de la mémoire : des textes pour la plupart oubliés qui présentent différentes interprétations d'une tragédie sur laquelle, malgré les annonces répétées d'une vérité historique définitive, continue de planer le doute.
Comment s'est constituée la légende de Mayerling? Les points de vue et les arguments s'affrontent dans ces récits qui relèvent de différents genres littéraires : souvenirs de princesses appartenant au premier cercle impérial, dialogue politique, roman historique, roman d'espionnage, articles de presse, tous ces textes ont contribué à la constitution d'une des grandes énigmes de l'histoire.
Le recueil réunit des récits publiés entre 1889 et 1932 sur le drame de Mayerling, dont voici les dates et les auteurs :
1889 Les articles du Figaro
1899 Princesse Odescalchi
1900 Arthur Savaète
1902 Adolphe Aderer
1905 Henri de Weindel
1910 Jean de Bonnefon
1916 Augustin Marguillier
1917 Henry Ferrare
1921 Princesse Louise de Belgique
1922 Dr Augustin Cabanès
1930 Gabriel Bernard
1932 Princesse Nora Fugger
Le dernier récit, celui de la princesse Fugger, amie de la soeur de Mary Vetsera, est pour la première fois publié en traduction française. Il n'était jusqu'ici accessible qu'en allemand et en traduction anglaise.
Luc-Henri Roger, Rodolphe. Les textes de Mayerling, BoD, 2020. En version papier ou ebook (ebook en promotion de lancement).
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