vendredi 29 avril 2022

Nu artistique de Mary Vetsera au Musée du meuble de Vienne — Künstlerischer Akt von Mary Vetsera im Wiener Möbelmuseum

[FR] Nu artistique de Mary Vetsera. Il s'agit d'un repeint. L'artiste a repeint la tête de la jeune fille sur un nu académique antérieur. Mary Vetsera n'a jamais posé nue. La toile est conservée au musée du meuble de Vienne et présentée à côté de meubles de la chambre de Rodolphe à Mayerling.

[DE] Künstlerischer Akt von Mary Vetsera. Es handelt sich um eine Übermalung. Die Künstlerin hat den Kopf des Mädchens über einen früheren akademischen Akt übermalt. Mary Vetsera hat nie nackt posiert. Das Gemälde wird im Wiener Möbelmuseum aufbewahrt und neben Möbeln aus Rudolfs Zimmer in Mayerling gezeigt.





Rodolphe. Les textes de Mayerling

Les diverses versions du drame de Mayerling sont présentées dans le recueil  Rodolphe. Les textes de Mayerling (BoD, 2020).

Texte de présentation (quatrième de couverture):

   Suicide, meurtre ou complot ? Depuis plus de 130 années, le drame de Mayerling fascine et enflamme les imaginations, et a fait couler beaucoup d'encre. C'est un peu de cette encre que nous avons orpaillée ici dans les fleuves de la mémoire : des textes pour la plupart oubliés qui présentent différentes interprétations d'une tragédie sur laquelle, malgré les annonces répétées d'une vérité historique définitive, continue de planer le doute.
   Comment s'est constituée la légende de Mayerling? Les points de vue et les arguments s'affrontent dans ces récits qui relèvent de différents genres littéraires : souvenirs de princesses appartenant au premier cercle impérial, dialogue politique, roman historique, roman d'espionnage, articles de presse, tous ces textes ont contribué à la constitution d'une des grandes énigmes de l'histoire.

Le recueil réunit des récits publiés entre 1889 et 1932 sur le drame de Mayerling, dont voici les dates et les auteurs :

1889 Les articles du Figaro
1899 Princesse Odescalchi
1900 Arthur Savaète
1902 Adolphe Aderer
1905 Henri de Weindel
1910 Jean de Bonnefon
1916 Augustin Marguillier
1917 Henry Ferrare
1921 Princesse Louise de Belgique
1922 Dr Augustin Cabanès
1930 Gabriel Bernard
1932 Princesse Nora Fugger

Le dernier récit, celui de la princesse Fugger, amie de la soeur de Mary Vetsera, est pour la première fois publié en traduction française. Il n'était jusqu'ici accessible qu'en allemand et en traduction anglaise.

Luc-Henri Roger, Rodolphe. Les textes de Mayerling, BoD, 2020. En version papier ou ebook.

Commande en ligne chez l'éditeur, sur des sites comme la Fnac, le Furet du nord, Decitre, AmazonHugendubel, etc. ou via votre libraire (ISBN 978-2-322-24137-8).
In Italia via Amazon.it



 

Lokwelt Freilassing — Freilassing et son musée du rail — 32 Bilder / 32 photos

Lokwelt, le musée du rail à Freilassing, le monde des locomotives

La rotonde, construite en 1902 et située au milieu de la zone d'exploitation ferroviaire, expose des locomotives historiques, principalement prêtées par le Deutsches Museum. La plaque tournante,  encore fonctionnelle, est un spectacle impressionnant. Le "Petit monde des locomotives" est spécialement conçu pour les enfants et permet de découvrir les chemins de fer et la technologie avec tous les sens.

Freilassing était autrefois un important axe ferroviaire comptant plus de 1000 employés. Aujourd'hui, grâce à la participation de l'administration de la ville et du Deutsches Museum de Munich, le musée du chemin de fer de Freilassing a réussi à sauver des locomotives et des wagons intéressants, ainsi que de nombreux objets historiques relatifs à la technologie ferroviaire allemande.

Les locomotives à vapeur à roue dentée, ainsi que d'autres moteurs de train fonctionnant à l'électricité ou au diesel,  ont été restaurées avec amour et exposées pour le plaisir des amateurs de trains et des profanes. Parmi les principales attractions de l'exposition figure un hangar à locomotives circulaire vieux de 100 ans, avec une table tournante en état de marche. Le Musée du chemin de fer de Freilassing offre toujours aux enfants et aux adultes l'occasion de découvrir et de s'amuser.
































Don Pasquale à l'Opéra de Vienne : Ruth Iniesta et Cyrille Dubois en tourtereaux malicieux

Ruth Inestia (Norina) et Cyrille Dubois (Ernesto)

La metteuse en scène Irina Brook considère Don Pasquale comme un opéra féministe, sans pour autant chercher à maltraiter Don Pasquale, un barbon qui avoue modestement ses 70 ans et qui a sans doute la coquetterie de se rajeunir. Pas de sarcasme, mais une bonhomie amusée et de l'humanité dans la présentation de cet homme âgé qui rêve d'une compagne bien plus jeune que lui. Don Pasquale, un peu radin, est  propriétaire d'un night club qui a des allures de grand café viennois, et dont il n'a pas modifié la décoration ni l'aménagement intérieurs depuis plus de quarante ans. Et cela se voit ! La scénographe Noëlle Ginefri-Corbel a mis la laideur du décor au service de la production, en accord avec Irina Brook, qui ne considère pas qu'un décor doive constituer un objet en soi. Une fois prétendument mariée à Don Pasquale, la malicieuse Norina prend les choses en main et fait rénover le grand café de son mari à grands frais, avec un résultat très tape-à-l'oeil. Norina aime la couleur rose dans toutes ses nuances et le malheureux Don Pasquale est aussi choqué du mauvais goût de sa nouvelle épouse que le public, consterné au vu de cette bonbonnière. Le dernier acte, qui se déroule au jardin, pousse le mauvais goût ostentatoire à son sommet, avec ses petits palmiers illuminés parsemés de flamants roses. Ainsi Irina Brook a-t-elle donné une touche contemporaine à cet opéra qui avait été monté pour la première fois au Théâtre italien de Paris en 1843. 

Ruth Inestia (Norina) et Ambrogio Maestri (Don Pasquale)

Irina Brook libère la boîte de Pandore de l'humour qu'elle déverse à gros traits de bouffonnerie. C'est particulièrement le cas pour Don Pasquale : Ambrogio Maestri, un baryton connu pour son Falstaff, utilise les rondeurs imposantes de sa circonférence pour amuser le public et va jusqu'à dénuder son large poitrail aux fins du spectacle. Ses habits, ses changements de costumes et le toupet grotesque qui couvre sa calvitie font partie des procédés connus de l'humour, dont la mise en scène fait grand usage. Le chanteur fait  preuve d'une agilité vocale peu commune lorsque, de concert avec Sergey Kaydalov, le second baryton du spectacle qui interprète le rôle du docteur Malatesta, il se lance dans un sillabato diabolique qui fait la joie du public.

La direction d'Evelino Pidò privilégie la ligne mélodique, mais sans éclat, de manière un peu éteinte. Evelino Pidò conduit l'orchestre avec grand sérieux, sans relâcher la bride, et, dans la fosse, l'émotion n'est pas au rendez-vous. C'est le malicieux couple de jeunes premiers  qui nous offre les meilleurs moments de la soirée. Le ténor français Cyrille Dubois prête son corps svelte, sa démarche souple et une élégance naturelle au jeune Ernesto, le neveu déshérité de Don Pasquale, qu'il interprète avec de belles lignes de chant, une grande clarté lyrique et de la noblesse dans les aigus. La soprano espagnole Ruth Iniesta, dotée d'une solide technique, joue avec un jeu de scène très réussi les fausses dominatrices, avec des notes de pointe d'une richesse précieuse et un colorature fluide et de bonne tenue. Spécialisée dans le répertoire italien et la zarzuela, son parcours prochain la conduira à Madrid où elle interprétera Gilda.  De leur relation coquine et enjouée, plusieurs points d'orgue retiennent particulièrement l'attention, ainsi lorsqu'Ernesto pousse la chansonnette à l'attention de sa bien-aimée sous la forme d'un coq en costume blanc, assisté de deux guitaristes mexicains, ou dans le fameux duo d'amour final où les voix s'entrecroisent si joliment. Une soirée d'opéra légère et somme toute bien agréable.

Crédit photographique © Wiener Staatsoper / Michael Pöhn

Article précédent : Entretien avec le ténor Cyrille Dubois (Cliquer sur le lien)

Ernesto (Cyrille Dubois)

Dernière représentation le 2 mai 2022 

jeudi 28 avril 2022

Calixto Bieito met en scène le nouveau Tristan de l'Opéra de Vienne

Tristan, Andreas Schager

Compte-rendu de la représentation du 27  avril 2022

Vienne est la ville au sein de laquelle Sigmund Freud a repensé les processus psychiques et porté à la connaissance du monde ses découvertes sur la sexualité infantile et l'inconscient. Vienne est aussi la ville dans laquelle Wagner tenta sans succès de créer Tristan et Isolde en 1862/1863. Matteo Salvi, qui dirigeait alors l'opéra de la cour, renonça à l'entreprise après 77 répétitions au cours desquelles le ténor pressentit pour le rôle de Tristan perdit la voix. Vienne est ces jours derniers la ville où les invités de la répétition générale de la nouvelle production de cet opéra ont cru bon de huer, au détriment des règles, la mise en scène de Calixto Bieito, au point que Bogdan Roščićle directeur du Wiener Staatsoper, dut intervenir pour leur rappeler qu'au cours d'une répétition générale les chanteurs et les musiciens de l'orchestre ont à se concentrer sur leur ouvrage et qu'il n'est pas opportun de les déranger. Lors de la première, une partie du public cria à l'iconoclaste. Depuis, les esprits se sont calmés et la production ne reçoit plus que des acclamations, alimentées par la performance exceptionnelle d'Andreas Schager.

Calixto Bieito, fasciné par l'oeuvre de Wagner depuis l'enfance, est aussi féru de psychanalyse et de surréalisme. On ne sera pas surpris que ses mises en scènes se nourrissent de la libre association d'idées et de la symbolique des rêves, qui constituent la base de tout travail psychanalytique. 

Isolde, Martina Serafin, Brangaine, Ekateriuna Grubanova, Enfants

Après que l'on ait religieusement écouté la merveilleuse ouverture à rideau fermé, on découvre une scène enténébrée envahie par l'océan dont les clapotis viennent se refléter sur la paroi noire du fond. Des cintres descendent des filins d'acier qui au cours du premier acte accrocheront la lumière et qui soutiennent des balançoires sur les planches desquelles sont assis Isolde et des enfants aux yeux bandés. La balançoire et son mouvement de va-et-vient pourraient bien évoquer la pulsion sexuelle, un désir que les enfants ne peuvent pas encore identifier, ce que signale le bandeau, mais qui anime Isolde sans qu'elle en soit encore consciente. Bieito nous convie à une plongée dans l'inconscient, sa mise en scène va explorer l'intériorité des héros du drame, la violence romantique de ces êtres partagés entre le désir et la haine, animés d'un amour obsessionnel et dépressif, et qui recherchent désespérément la tendresse sans cependant parvenir à la trouver. Leurs déchirements ne trouvent de solution que dans la mort qui seule peut les réunir et leur apporter la paix.


Bieito évoque plus qu'il n'énonce, il suggère plus qu'il ne dit dans une mise en scène extrêmement imagée et visuelle. On ne verra pas Brangaine donner le philtre car l'amour est né dès le moment où Isolde a sauvé Tristan en le soignant de la blessure infligée par le Morholt. Mais si le corps du héros a été guéri, ses blessures intérieures sont restées béantes et on le voit se traîner lamentablement à terre ou dans les flaques d'eau de la scène. Pour la longue scène d'amour du deuxième acte, le metteur en scène et sa scénographe Rebecca Ringst installent Tristan et Isolde dans deux habitacles séparés, deux grandes cages meublées qui descendent et remontent des cintres à la manière d'ascenseurs, — encore un mouvement de va-et-vient, — et qui ne font que se croiser. Les déchirements intérieurs des protagonistes sont tels qu'ils s'en prennent à leurs meubles, les renversent ou les démolissent, avant de s'attaquer aux parois extérieures pour finalement se faire face et tendre les bras l'un vers l'autre pour essayer de se rejoindre, mais sans y parvenir. Brangaine, que l'on aperçoit en train de porter deux sacs, en sortira deux grands poissons qu'elle se mettra à écailler et à éviscérer, couvrant ses gants jaunes de sang. Peut-être symbolisent-ils les écorchés vifs que sont Tristan et Isolde. Le Tristan de Bieito fait une tentative de suicide et gardera jusqu'à la fin de l'opéra des vêtements et le visage baignés de sang, une interprétation que les invités de la générale avaient cru bon de stigmatiser. 


Au troisième acte, Tristan agonise dans son château  de Kareol au milieu des meubles cassés des deux habitacles du deuxième acte qui ont dû être transportés depuis la Cornouailles. Une rangée de personnages entièrement nus forment peut-être le rempart du fort où sont retranchés Tristan accompagné de son fidèle Kurwenal. Plus avant, leurs corps s'unissent dans des étreintes amoureuses avant de reconstituer leur alignement en fond de scène. Tristan tracera une ligne de couleur rouge sur toute la rangée de leurs dos, signant de cette manière la mort inéluctable de l'amour.

Les associations d'idées de Calixto Bieito, vont à la rencontre de celles des spectateurs, ce qui donne autant de lectures et de réceptions qu'il y a de spectateurs. Aussi ne peut-il y avoir de lecture unique de son travail, mais autant de rapports organiques qui se construisent en cours de spectacle. C'est aussi sa manière de travailler avec les chanteurs : le non-verbal y joue un rôle important, ce qu'il a souligné au cours d'un entretien : "C'est très simple : je leur donne des photos, des peintures, des films, cela favorise l'imagination. Tout cela sort ensuite naturellement d'eux comme une expression. Parler des personnages de l'opéra serait déroutant, on commencerait ainsi à délimiter ". 

Pour ce nouveau Tristan, l'opéra de Vienne a convié quatre chanteurs et un chef d'orchestre qui ont déjà travaillé de concert : il y a quatre ans, à l’Opéra-Bastille, Philippe Jordan avait dirigé Tristan et Isolde  pour une reprise de la mise en scène de Peter Sellars et Bill Viola avec dans les rôles principaux Andreas Schager, Martina Serafin, Ekaterina Gubanova et René Pape. Philippe Jordan alterne la douceur et la sensibilité et, aux moments cruciaux, la force et la puissance. Martina Serafin incarne Isolde dans un jeu de scène qui exprime une grande intensité émotionnelle avec une voix dense doté d'un beau vibrato où percent des stridences parfois criées. Andreas Schager porte son Tristan à un rare niveau de perfection : un phrasé impeccable, inégalé dans l'art de la déclamation, une voix d'un volume qui passe toujours sans problème l'orchestre, avec un troisième acte qui constitue un modèle du genre, exprimant tout à la fois la fragilité intérieure extrême de son personnage et la force de son caractère explosif. On sort subjugué de ce Tristan précis de bout en bout et d'une énergie dramatique sans pareille. La Brangaine d'Ekaterina Gubanova et le Kurwenal de Iain Paterson reçoivent des applaudissements mérités, avec cependant pour ce dernier des passages trop ternes noyés par la puissance de l'orchestre. René Pape a donné hier soir un Roi Marke extrêmement discret, comme intimidé et en retrait, d'une faiblesse inhabituelle pour ce grand chanteur. Le Melot d'Attila Mokus, qui faisait ses débuts dans le rôle à Vienne, était fort pâle et quasi inexistant, peu aidé par le fait que la mise en scène minimise la portée du personnage. Daniel Jenz offre les clartés de son beau timbre sonore au berger longtemps figé sur son rocher dans l'attente du vaisseau qui doit amener Isolde.

Aux salutations, c'est surtout Andreas Schager qui remporte un immense succès à l'aune de son immense talent. Les acclamations saluent aussi avec vigueur la prestation de l'orchestre et de son chef.

Distribution

Direction musicale, Philippe Jordan, Mise en scène, Calixto Bieito, Décors, Rebecca Ringst, Costumes, Ingo Krügler, Lumière, Michael Bauer
Tristan, Andreas Schager, Roi Marke, René Pape, Isolde, Martina Serafin, Kurwenal, Iain Paterson, Brangaine, Ekaterina Gubanova, Melot, Attila Mokus, Berger, Daniel Jenz, Timonier, Martin Häßler, Voix du marin, Josh Lovell, Orchestre de l'Opéra d'État de Vienne, Enfants de l'école d'opéra de Vienne.

Crédit photographique © © Wiener Staatsoper / Michael Pöhn

La Sylphide dans la version de Pierre Lacotte au Ballet d'État de Bavière — Quatrième partie

Maria Taglioni (1804-84) in  La Sylphide, Souvenir d'Adieu  (6 lithographies d'Alfred-Édouard Chalon, 1845) Nous poursuivons notre e...