samedi 29 juin 2024

ESSENCE, un album de Marina Rebeka chez Prima Classic


La grande soprano lettone Marina Rebeka a enregistré un album qui propose une sélection de 13 airs d'opéra parmi les meilleurs jamais composés avec l'Orchestre de l'Opéra de Wrocław sous la direction de Marco Boemi. Ce sont des airs de Puccini (Madama Butterfly, La Rondine, Tosca, La Bohème et Gianni Schicchi), Boito (Mefistofele), Cilea (Adriana Lecouvreur), Tchaïkovski (Pique Dame), Giordano (La Mamma Morta), Leoncavallo (Pagliacci), Dvorak (Rusalka) et Catalani (La Wally). Un album qui veut être une célébration de l'opéra pour le faire apprécier à son meilleur. L'album, enregistré en août 2021 à l'opéra de Wroclaw en Pologne est sorti en septembre 2023 chez Prima Classic, son propre label qu'elle a fondé en 2018 en compagnie de son mari. Il s'est très vite vu décerner un Diapason d'Or par les critiques du magazine Diapason.

" J'ai appelé l'album ESSENCE car, à mon avis, ces airs sont l'essence même du répertoire pour soprano: les plus connus, les plus appréciés et les plus recherchés, à l'exception peut-être de l'aria de Lisa, mais je tenais à l'inclure car Lisa est l'un des personnages que j'aime le plus dans le répertoire de l'opéra. " Et ce sont de fait les airs parmi les plus connus du répertoire bel canto que nous offre la grande soprano dramatique.

La qualité technique de l'enregistrement est incomparable et cela tient entre autres facteurs au fait que Marina Rebeka possède son propre label indépendant, ce qui lui permet de détailler ses besoins sur mesure et d'organiser les enregistrements selon ses propres disponibilités. La maison Prima Classic a été créée par la chanteuse et son mari l'ingénieur du son Edgardo Vertanessian, et a pour vocation de réaliser de véritables enregistrements d'opéra, de toujours donner à la voix la présence qui lui revient. La qualité du son est exceptionnelle.

Avec ESSENCE, Marina Rebeka accède à la quintessence de l'art lyrique, elle atteint aux profondeurs de  la nature même du bel canto dramatique avec un raffinement et une subtilité sans pareil, avec inspiration, force et puissance. Écouter cet enregistrement est une expérience confondante de beauté. Le chant est d'une sensibilité extrême, l'interprétation d'une authenticité poignante est celle d'une grande chanteuse à la technique pleinement maîtrisée, ce qui dénote l'intelligente et la maturité de son approche et la connaissance très exacte de ses moyens. Elle utilise ses exceptionnels moyens vocaux avec retenue en les mettant au service de l'expression émotionnelle des personnages interprétés, sans jamais tomber dans le travers et les débordements de l'ornementation démonstrative. Marina Rebeka touche au plus profond de de l'âme. L'ampleur de la voix est exceptionnelle, elle s'étend de la clarté vibrante des aigus parfaitement maîtrisés jusqu'au velours sombre et chaleureux des graves. L'harmonie esthétique et la magnificence éclatante de son interprétation ont des qualités thaumaturgiques. 

Un album à l'authenticité adamantine qui nous fait redécouvrir les plus grands airs du répertoire vériste.

Puccini Un bel di vedremo (Madama Butterfly)
Boito L’altra notte in fondo al mare ( Mefistofele)
Cilea Ecco... io son l’umile ancella (Adriana Lecouvreur)
Tchaikovsky Otkuda eti slyozi (La Dame de Pique)
Puccini Chi il bel sogno di Doretta (La Rondine)
Puccini Vissi d’arte (Tosca)
Giordano La mamma morta (Andrea Chénier)
Puccini Quando me’n vo (La Bohème)
Leoncavallo Qual fiamma avea nel guardo!…. Stridono lassù (I Pagliacci)
Puccini Si, mi chiamano Mimi ( La Bohème)
Dvořák Mesícku na nebi hlubokém (Rusalka)
Puccini O mio babbino caro (Gianni Schicchi)
Catalani Ebben? Ne andrò lontana (La Wally)

Référence
PRIMA013 © & ℗ 2023 Prima Classic

Photo  Tatyana Vlasova 

Actualité 

Marina Rebeka se trouve actuellement pour deux soirées au Festival d'opéra de Munich, où elle interprète le rôle de Leonora dans le Trovatore de Verdi.

vendredi 28 juin 2024

L'invitation au voyage de Marina Rebeka et Mathieu Pordoy — Un CD Prima Classic


La soprano lettone Marina Rebeka, l'une des plus grandes chanteuses d'opéra de notre époque, nous invite à la suivre dans ses pérégrinations vocales de mélodies composées par des compositrices et des compositeurs français de la seconde moitié du 19ème siècle. Ces mélodies évoquent le thème du voyage exotique vers le rêve d'un Orient proche ou lointain, ou du voyage obligé en raison de l'exil.

Marina Rebeka a donné davantage de place aux compositrices : 13 mélodies sur les 23 que comporte le CD portent une signature féminine. Un voyage dans la mélodie romantique française placé sous l'égide di Palazzetto Bru Zane, qui en est le spécialiste Un voyage polyglotte quadrilingue. Aux mélodies françaises succèdent des chansons italiennes, puis allemandes et enfin russes : Gounod, Saint-Saëns et Pauline Viardot ont composé sur des textes en italien, Marie Jaëll, française d'Alsace, sur des textes allemands, et Pauline Viardot encore, en exil à Baden Baden, sur des textes russes. Il est vrai qu'elle et son mari furent des amis inséparables de Tourgueniev, elle devint son amante et vécut avec lui, qui lui donna le goût de la littérature russe au cours de ce qui fut « la plus belle histoire d’amour du 19ème siècle », — le mot est de Maupassant.

Marina Rebeka  fut nommée au cours de la saison 2017/2018 la première artiste en résidence du Münchner Runfdunkorchester. Elle s'était cette année-là entre autres passionnée pour l'opéra français à  l'époque de Napoléon III et à la Belle Époque, avec son cocktail de grands drames, de complots spectaculaires, son crépitement histoires d'amours érotiques et tragiques, et avait déjà alors relevé le défi de rendre la splendeur des plus beaux extraits du répertoire français du milieu et la fin du 19ème siècle en donnant au Prinzregententheater un récital intitulé Vive l'opéra !  Son répertoire de la musique lyrique française s'est par la suite encore enrichi avec le rôle de Marguerite dans le Faust de Gounod, celui de Leila dans Les pêcheurs de perles de Bizet et le rôle titre de la Thaïs de Massenet. 

Dans les mélodies de son CD Voyage, elle fait preuve d'une technique de diction et d'un français irréprochables. Elle l'ouvre avec l'incontournable Invitation au voyage de Duparc sur le poème de Baudelaire, pour poursuivre sur la Chanson slave de Cécile Chaminade, avec le magnifique accompagnement au piano de celle qui fut elle-même une admirable pianiste, dont Liszt aurait dit qu'elle lui rappelait Chopin. La Rêverie de Marie Jaëll est composée au départ du poème de Hugo qui évoque une " ville mauresque, éclatante, inouïe. " Puis ce sont des rêves d'Orient, le Bosphore avec Widor, le Gange avec Saint-Saëns. Ispahan avec Fauré.

Les mélodies italiennes ensuite, une langue dans laquelle Marina Rebeka excelle tout autant qu'en français : elle est notamment diplômée de l'Accademia Santa Cecilia à Rome et a chanté Rossini, notamment à Pesaro. C'est ici le voyage du transport amoureux. La soprano exprime la langueur des amours terrestres dans le Perchè piangi? de Gounod , puis célestes, la langueur pour le Divin Enfant dans La Madonna col bambino de Saint-Saëns, ensuite, du même, la souffrance d'un berger au bord du Tibre. L'amour encore avec Oh! Dille tu! de Gounod. L'innamorata, une chanson populaire toscane, a inspiré Pauline Viardot, dont un vers, "So innamorata di due giovinoti" semble évoquer la situation amoureuse.

Puis vient la partie allemande avec des mélodies que composa Marie Jaëll sur ses propres poèmes d'amour ou de rupture amoureuse joliment entrelacés avec l'évocation d'une nature romantique. La compositrice était elle-même une pianiste virtuose que la composition passionnait encore davantage et dont Saint-Saëns écrivait : « Mme Marie Jaëll ne veut plus que l’on parle de son talent de pianiste. Elle en est rassasiée et ne vise qu’à la haute composition. Ses premiers essais ont été tumultueux, excessifs, quelque chose comme l’irruption d’un torrent dévastateur ». 

Pauline Viardot avait étudié le piano sous la férule de Franz Liszt, Chaminade et Jaëll furent de grandes pianistes, ce qui doit ravir le pianiste et chef de chant Mathieu Pordoy qui accompagne Marina Rebeka de son immense talent . 

Le russe n'a pas de secret pour la soprano née à Riga dans une famille mixte : son père avait des racines biélorusses et de la famille près d'Arkhangelsk, bien qu'il soit né à Riga ; sa mère lettone est revenue dans son pays natal de Krasnoïarsk, où son père avait été exilé. Pauline Viardot a composé ses mélodies russes sur des poèmes de Tourgueniev, de Fiodor Tiuouttchev, d'Afassani Fet et de Pouchkine. Il y est question de la nature (la fleur, le saule) et du chant des oiseaux (la mésange à tête noire et le rossignol) ou d'une sérénade, celle d'un rossignol encore, qui a l'effet d'une berceuse. Le CD se termine comme un rideau qui se ferme par l'Invocation de Pouchkine : ce poème met en scène un homme qui à la clarté de la lune dans un cimetière appelle une femme qu'il a aimée, sa Leila dont il espère apercevoir le fantôme, enfer ou ciel qu'importe !

Quel beau parcours nous font vivre Marina Rebeka et Mathieu Pordoy, depuis l'appel exotique de l'invitation baudelairienne jusqu'à la veillée amoureuse funèbre de Pouchkine. La soprano apporte de sa voix admirablement projetée, ample et volumineuse la palette des émotions romantiques dans une variété d'expressions nuancées soutenues par une technique de chant sans faille. On se choisit son meilleur fauteuil pour s'embarquer dans un voyage autour de sa chambre et on se laisse séduire par la beauté des poésies, dont le livret fournit les textes et leur traduction anglaise, et plus encore par la voix exquise de Marina Rebeka, qui en exprime le kaléidoscope enchanté des couleurs musicales, et par la voix complice du piano de Mathieu Pordoy.

Références

Marina Rebeka & Mathieu Pordoy
VOYAGE 

Enregistré par Edgardo Vertanessian au studio de la radio lettone à Riga, Lettonie, en mai 2021
Un projet réalisé avec le soutien du Palazzetto Bru Zane.
© & ℗ 2022 Prima Classic 2022

Photo  Tatyana Vlasova

Actualité 

Marina Rebeka se trouve actuellement pour deux soirées au Festival d'opéra de Munich (ce 29 juin et le 2 juillet), où elle interprétera le rôle de Leonora dans le Trovatore de Verdi.

Frau Luna au Deutsches Theater de Munich par la troupe du théâtre de Detmold


On a marché sur la lune

Le Deutsches Theater de Munich a convié son public à entreprendre un vol musical vers la lune, avec  Frau Luna l'opérette entraînante de Paul Lincke dans la mise en scène du Landestheater Detmold.

Le titre de l'opérette, une question de genre grammatical

En allemand, " la lune " se dit "Der Mond". Les francophones qui se mettent à l'étude de la langue allemande sont confrontés au problème du genre des noms et, partant, aux trois articles qui diffèrent souvent du genre des noms en français : "der", article masculin, "die", article féminin et "das" pour le neutre. La lune est du genre masculin, le soleil ("Die Sonne") du genre féminin, et une petite fille ("Das Mädchen" est du genre neutre. Dans les langues romanes, la lune appartient au règne grammatical féminin. Ainsi dit-on "la luna" en italien ou en espagnol. Pour les Allemands, Frau Luna, cela fait tout drôle ! Mais où est passé l'homme de la lune ?


L'homme de la lune est une femme !

Il faudrait savoir voler ! Tout simplement décoller et laisser les soucis derrière soi. 

Trois amis fauchés comme les blés, Steppke, Lämmermeyer et Pannecke habitent à Berlin dans un appartement mansardé chez Madame Pusebach, qui leur réclame les loyers impayés et les menace d'expulsion. Steppke s'est fiancé à la nièce de sa logeuse, Maria, mais Madame Pusebach a dans la foulée de la résiliation du logis annulé les fiançailles. De toute façon Steppke ne pense qu'à son voyage spatial. Il réalise son rêve et s'envole avec ses amis sur la lune à bord de la fusée qu'il a construite. Madame Pusebach se glisse dans l'aéronef à la dernière minute. Ils atterrissent bientôt sur la lune, ce qui jette ses habitants dans une grande confusion. Les terriens y font une découverte surprenante : l'homme dans la lune n'existe pas, c'est la déesse de la lune, Madame Luna, qui y règne dans une ambiance de fête exubérante, conformément à ses instructions : "Ne gardez pas la tête baissée, les enfants, ne soyez pas stupides". Autre personnalité sélénienne : Théophile, qui commande aux elfes. Théophile est effrayé lorsqu'il aperçoit Mme Pusebach parmi les terriens. Il l'a en effet rencontrée lors d'une excursion sur Terre dans le jardin zoologique de Berlin où il a flirté avec elle. Il ne faut pas que Madame Luna le sache ! Madame Pusebach s'accroche obstinément à Pannecke, qui aimerait bien la quitter. Le prince Sternschnuppe (étoile filante) fait la cour à Madame Luna, mais celle-ci est tombée amoureuse de Steppke. Pour contrer cet amour naissant, le prince Étoile filante s'empresse de faire venir Maria de la Terre. Et la situation connaît un dénouement heureux. Steppke se précipite dans les bras de sa Marie, le prince Étoile filante arrive à ses fins avec Madame Luna, qui se laisse enfin attendrir. Les terriens retournent à Berlin (en faisant un détour par la Hofbräuhaus de Munich, réécriture oblige.)

La crise du logement, un thème d'actualité en Allemagne
"Je ne sais où trouver à louer
Car notre terre est pleine à craquer"

Berliner Luft — Le bon air de Berlin

Frau Luna est le chef-d'œuvre de Paul Lincke, dont on connaît surtout trois ou quatre airs des plus célèbres : "Das macht die Berliner Luft", "O Theophil", "Schlösser, die im Moon liegen" ou "Schenk mir doch ein kleines bisschen Liebe", on valse, on chante et, bien sûr, on marche tant que l'on peut. Car une chose est sûre dans cet exemple parfait d'opérette berlinoise : il fait bon vivre à Berlin !

Frau Luna est une opérette burlesque-fantastique composée sur un livret de Heinrich Bolten-Baeckers, dont la première a eu lieu le 2 mai 1899 à l'Apollo-Theater de Berlin. L'opérette a été constamment révisée et de la musique supplémentaire a été ajoutée dans sa version finale en 1922. Bolten-Baeckers avait déjà donné à Lincke en 1897 le livret Venus auf Erden (Vénus sur la terre), qui tourne autour d'un thème similaire de voyage interplanétaire. 

Frau Luna a sans doute été inspirée par le roman de Jules Verne tels que De la Terre à la Lune (1865) et a été jouée dans presque toutes les grandes villes européennes. La fin du 19ème siècle est marquée par un engouement considérable pour la conquête des airs : Ferdinand von Zeppelin commence la construction de son aérostat,  le terme "aviation" est inventé en 1863, on lance les premiers planeurs. En 1890, le français Clément Ader réalise le premier bond et s’élève à 20 cm au dessus du sol grâce à un aéroplane à vapeur. En 1894, l’anglais Hiram Stevens Maxim réalise le premier vol de quelques minutes à bord de son biplan à vapeur. Frau Luna est bien dans… l'air du temps !


Paul Lincke (1866-1946)

Le berlinois Paul Lincke avait dès l'enfance la musique dans les veines. Et dès 1893, il devint Kapellmeister à l'Apollo-Theater. Sa première opérette, Venus auf der Erde, date de 1897. Après quoi il passe deux ans aux Folies Bergères de Paris, avant de revenir avec de nouvelles compositions à l'Apollo, avec des airs de french cancan en tête. Il y remporte un énorme succès avec Im Reiche des Indra et Frau Luna, tous deux montés en 1899.  Il connaît alors son heure de gloire. Berlin lui doit la création de la grande opérette berlinoise, l'année même qui voit la disparition de deux immenses compositeurs viennois, Johann Strauss et Karl Millöcker. . En 1908, son succès lui valut d'être engagé comme premier chef d'orchestre et compositeur au Metropol-Theater, dont les revues de décors pompeux faisaient partie des plus grandes attractions de la capitale du Reich. 

Son étoile ternit après la première guerre mondiale, on considéra ses opérettes comme dépassées. Elles furent cependant remises à l'honneur sous le national-socialisme. Lincke acquit alors la pitoyable réputation d'être un profiteur du Troisième Reich qui avait interdit puis massacré les compositeurs et les librettistes juifs qui avaient jusque là fait l'honneur de leurs professions. En 1933, il intégra la Kameradschaft der deutschen Künstler (confrérie des artistes allemands) et fut plusieurs fois décoré par le sinistre Goebbels. En 1937, il reçut de ses mains la médaille d'argent de sa ville natale. Il fut nommé citoyen d'honneur de Berlin le jour de son 75e anniversaire. À la fin de la guerre, Lincke voulut réemménager à Berlin. Mais les Alliés lui refusèrent, — c'est le moins qu'ils pouvaient faire, —  l'autorisation d'y retourner. 


La production du Landestheater Detmold

Des décors simples mais réussis. Le premier acte se déroule à Berlin. Les trois hommes désargentés sont dans la construction. La metteure en scène Katja Wolff, qui a aussi retravaillé le livret, et la décoratrice Saskia Wunsch les placent sur un échafaudage qui affiche en grand le nom de la ville et sur lequel évoluent les protagonistes. On ne voit pas l'aéronef. La lune est surtout représentée au clair de la terre : des mappemondes lui servent de luminaires et le fond de scène montre la lointaine Europe. Les séléniens sont aussi fascinés par la planète terre que les humains le sont par la lune. Sur la lune, c'est la fête, ses habitants arborent de riches vêtements et des perruques baroques (beaux costumes de Lucie Nehls-Neuhaus). Bien  dans l'esprit de l'opérette, toute la production donne dans le burlesque et dans l'humour. Les parties parlées le sont comme il se doit avec l'accent et la manière berlinois, avec le fameux "Berliner Schnauze", ce franc-parler plus que direct, marqué du coin d'un humour plutôt grossier et qui ne s'encombre aucunement des formes de la politesse. Tout cela est bien amusant, les chanteurs et les chanteuses font de leur mieux, jouant souvent mieux qu'ils ne chantent, les danseurs du ballet sont des plus divertissants (chorégraphie de Kati Farkas). On est là pour se divertir et la soirée se déroule dans une ambiance bon enfant. Et le final est claqué par le public.

Distribution

Direction musicale Mathias Mõnius
Mise en scène Katja Wolff
Costumes Luzie Nehls-Neuhaus
Lumières Carsten-Alexander Lenauer
Décors Saskla Wunsch
Masques Kerstin Steinke
Chorégraphie Kati Farkas
Dramaturgie Anna Neudert
Direction du choeur Francesco Damlani

Frau Luna Simone Krampe
Fritz Steppke Nando Zickgraf
Prinz Sternschnuppe Hyunsik Shin
Lämmermeier Florian Zanger
Stella Annina Olivia Battaglia
Pannecke Jakob Kunath
Theophil Dieter Goffing
Venus Annette Blazyczek
Frau Pusebach Brigitte Bauma
Mars Andrea Drabben
Marie Penelope Kendros
Mondgroom Dorothee Bienert

Orchestre, ballet et choeur du théâtre de Detmold

Crédit photographique © Matthias Jung

jeudi 27 juin 2024

27 Juni — Siebenchläfertag Bauernregel — 27 juin Fête des sept dormeurs / Météo populaire

Die sieben Schläfer von Ephesus, Illumination im Weißenauer Passionale, um 1170
Les sept dormants d'Éphèse, dans un codex de 1170

[FR] Le 27 juin, la Journée des sept dormeurs (ou sept dormants) est une fête commémorant la légende des Sept dormeurs ainsi que l'un des éléments les plus connus des traditions météorologiques traditionnelles qui subsistent en Europe germanophone.

La légende

Le Jour des Sept Dormants doit son nom à une ancienne légende. Selon cette légende, sept jeunes chrétiens avaient cherché refuge dans une grotte de montagne près d'Éphèse à l'époque de la persécution des chrétiens sous l'empereur Dèce (249-251). Ils ont été découverts et emmurés vivants. Selon la légende, ils ne sont pas morts, mais sont restés endormis pendant 195 ans. Le 27 juin 446, ils ont été découverts par hasard, se sont réveillés, ont témoigné de la foi en la résurrection des morts et sont morts peu après.

Voici la légende racontée par le comte Louis-Philippe de Ségur (1753-1830) dans son Histoire universelle :

[...] Sous l'empire de Décius, sept jeunes nobles d'Ephèse, chrétiens et persécutés, se cachèrent dans une caverne pour éviter la mort. Le tyran la fit murer. Dieu, protégeant ces jeunes martyrs, les plongea dans un profond sommeil qui dura cent quatre-vingt-sept ans, et qui finit lorsque Pulchérie et Théodose II occupaient le trône d'Orient. A cette époque,  Adolius, propriétaire de la montagne où se  trouvait cette caverne, en fait extraire des pierres pour construire un bâtiment. Le jour pénétre dans le souterrain. Les sept dormeurs s'éveillent, croyant ne s'être reposés que quelques heures. Jamblius, l'un d'eux, se charge d'aller à la ville pour y chercher du pain. Il ne reconnaît plus ni l'aspect de la contrée, ni les traits de ses habitans; il approche d'Ëphèse, et voit, avec autant de joie que de surprise, la croix briller sur le faîte des temples. Entrant chez un boulanger, il étale pour le payer plusieurs pièces de monnaie, frappées au coin de Décius. Le boulanger s'en étonne, les voisins accourent,  la multitude s'attroupe ; on le traîne devant le juge croyant qu'il a découvert un trésor. Son récit paraît une imposture ; cependant on envoie chercher ses compagnons. La candeur de leurs réponses, les détails de l'histoire qu'ils racontent, et l'accord qui règne dans leurs discours, persuadent les plus incrédules; enfin le peuple, les magistrats, l'évêque et l'empereur Théodose lui-même, convaincus que ces hommes saints sommeillaient en effet depuis près de deux siècles, s'humilient devant la puissance de Dieu,  et se prosternent aux pieds des sept martyrs qui expirent tous ensemble, après avoir donné leur bénédiction aux spectateurs de cet inconcevable prodige. [...]

Des dictons météorologiques en Allemagne

L'Allemagne a conservé toute une série de dictons avançant des prévisions météorologiques en fonction du temps qu'il fait le 27 juin. S'il pleut le 27 juin, c'est parti pour sept semaines de pluies. Le temps qu'il fait le 27 juin déterminerait le temps des semaines suivantes.

[DE] Legende 

Der Siebenschläfertag ist der liturgische Gedenktag für die sieben Schläfer von Ephesus am 27. Juni. Seinen Namen verdankt der Siebenschläfertag einer alten Legende. Danach hatten sieben junge Christen in der Zeit der Christenverfolgung unter Kaiser Decius (249–251) in einer Berghöhle nahe Ephesos Zuflucht gesucht. Sie wurden entdeckt und lebendig eingemauert. Der Legende nach starben sie nicht, sondern schliefen 195 Jahre lang. Am 27. Juni 446 wurden sie zufällig entdeckt, wachten auf, bezeugten den Glauben an die Auferstehung der Toten und starben wenig später.

Bauernregel

Wie das Wetter am Siebenschläfer sich verhält, ist es sieben Wochen lang bestellt.
Wenn’s am Siebenschläfer regnet, sind wir sieben Wochen mit Regen gesegnet.
Das Wetter am Siebenschläfertag sieben Wochen bleiben mag.
Wie’s Wetter am Siebenschläfertag, so der Juli werden mag.
Wenn die Siebenschläfer Regen kochen, dann regnet’s ganze sieben Wochen.
Ist der Siebenschläfer nass, regnet’s ohne Unterlass.
usw.

Andy Warhol & Keith Haring. Party of Life — Une exposition du Musée Brandhorst à Munich


Affiche de l'expo réalisée au départ de la photo
de Keith Haring & Andy Warhol at Palladium en 1985 © Nan Goldin

Ils étaient des stars de la pop, des créateurs de réseaux et des génies de l'(auto)commercialisation : Andy Warhol et Keith Haring ne font pas seulement partie des artistes les plus célèbres de la seconde moitié du 20e siècle. Ils ont également révolutionné les idées établies sur l'art et sa diffusion. Les images pop de Warhol ou les personnages dansants de Haring font partie de notre mémoire visuelle collective et sont encore omniprésents aujourd'hui dans la publicité, la mode, la musique et le cinéma. Malgré une grande différence d'âge et des styles différents, les deux artistes étaient amis et compagnons de route. Ils se sont rencontrés dans le milieu de l'art et du clubbing new-yorkais et se sont influencés mutuellement - ainsi que beaucoup d'autres.

Andy Warhol (1928-1987) et Keith Haring (1958-1990) sont tous deux issus de familles chrétiennes de Pennsylvanie. En tant que jeunes hommes homosexuels, ils ont cependant abandonné très tôt les structures hétéronormatives - tous deux se sont installés à New York (bien qu'avec un décalage de 30 ans). En tant que cofondateur du Pop Art, Warhol a changé la manière de comprendre l'art, mais aussi la notion d'art, et a joué un rôle déterminant dans le développement du jeune Haring. Ce dernier a laissé des milliers de "Subway Drawings" dans l'espace public du métro new-yorkais, a utilisé son art dans des campagnes d'affichage activistes ou a ouvert en 1986, avec le soutien de Warhol, le Pop Shop, où il vendait des T-shirts, des badges et des posters conçus par lui-même et d'autres artistes. Durant cette période, Warhol a également réalisé des émissions de télévision, des travaux de commande et des portraits de célébrités. Ou encore, il a peint une voiture de course en 1979, créant ainsi l'art car le plus connu pour la firme automobile allemande BMW. Les deux artistes se distançaient d'une conception élitiste de l'art, flirtaient avec le commerce et utilisaient les espaces, les canaux et les médias les plus divers.

Avec "Andy Warhol & Keith Haring. Party of Life", le Musée Brandhorst présente la première exposition institutionnelle de grande envergure au monde consacrée aux deux artistes. Le titre de l'exposition est emprunté à la devise des fêtes d'anniversaire de Keith Haring : "Party of Life" évoque le monde des années 1980, MTV, les discothèques, le voguing, le hip-hop, la new wave et les graffitis. C'est dans cet environnement que l'exposition retrace l'amitié artistique des deux artistes. Elle révèle des parallèles dans leur conception de l'art, leur ouverture à la coopération et aux projets collectifs ainsi que leur attitude inclusive : l'art et ses messages doivent atteindre le plus grand nombre de personnes possible.

L'exposition présente plus de 120 œuvres de Warhol et de Haring, des collaborations entre les deux artistes ainsi que des travaux réalisés en collaboration avec des artistes, des performeurs, des créateurs ou des icônes de la musique et de la mode de l'époque. Outre les œuvres clés, l'exposition met également l'accent sur des films, des photos, des archives, des affiches, des disques et des objets du quotidien conçus par les artistes. Avec "Party of Life", le Musée Brandhorst, qui possède la plus grande collection d'œuvres de Warhol en dehors des États-Unis (plus de 120) et un nombre croissant d'œuvres de Haring, présente ainsi les deux artistes sous un angle nouveau. 

Conçue en espaces thématiques, l'exposition montre que les œuvres de Warhol et Haring des années 1970 et 1980 n'ont pas seulement été créées à une époque de tensions sociopolitiques extrêmes, mais qu'elles sont encore très actuelles aujourd'hui. La confrontation des deux artistes avec la culture de consommation excessive, les possibilités offertes par les nouveaux médias, la queerness, la gentrification, la peur de la guerre nucléaire et l'activisme ainsi que la volonté de créer une communauté en temps de crise est perceptible dans l'exposition. Le revers de la "Party of Life" se retrouve également dans le contexte de l'épidémie de sida qui couve et de la confrontation des deux artistes avec la mort. Il est visible dans l'œuvre commune en plusieurs parties "Apocalypse" (1988) de Keith Haring et de l'auteur William S. Burroughs, qui est présentée pour la première fois au musée en tant que nouvelle acquisition de la collection Brandhorst. Dans des images et des textes impressionnants, les deux artistes présentent le New York des années 1980 comme un paysage apocalyptique.

L'expo peut se visiter au Musée Brandhorst du 28 juin 2024 au 26 janvier 2025. Fermé le lundi.

Source du texte : traduction du texte de présentation et du texte de presse (partim) du Musée Brandhorst.

Tableaux d'une exposition


Keith Haring (1958-1990)
Dessin à la craie dans un métro (1983)
Collection Udo et Annette Brandhorst

Keith Haring et Andy Warhol (1928-1987)
Collection Keith Haring Foundation







Andy  Warhol - Round Marilyn (1962)
Collection Udo et Annette Brandhorst

Keith Haring
Mariyln (1981)
Collection Udo et Annette Brandhorst



Keith Haring
Sans titre (1982)
Collection Nicola Erni







Photos Luc-Henri Roger

La Sylphide dans la version de Pierre Lacotte au Ballet d'État de Bavière — Quatrième partie

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