mardi 31 décembre 2024

Iolanta rencontre Casse-Noisette à la Volksoper de Vienne

Mila Schmidt (la danseuse Iolanta), Ensemble du ballet

Iolanta, dernier opéra de Piotr Ilitch Tchaïkovski  a été composé en 1891, deux ans avant le décès du compositeur, suite à une commande du directeur des théâtres impériaux, Ivan Vsevolojski. Cette œuvre en un acte est basée sur la pièce du danois Henrik Hertz  Kong Renés Datter (La fille du roi René) écrite en 1845 et qui met en scène la jeunesse fictive de Yolande de Lorraine d'Anjou, un drame qui fut ensuite traduit en russe par Fiodor Miller, puis adapté par Vladimir Zotov. C'est au départ de cette adaptation que Modeste, le frère du compositeur, a écrit le livret de l'opéra. Vsevolojski avait également commandé au compositeur la musique d'un ballet en deux actes, le  Casse-Noisette. Les deux œuvres furent présentées au public au cours d'une même soirée au Théâtre Marrinsky de Saint-Pétersbourg. Comme l'opéra ne dure qu'une heure, il est le plus souvent représenté de concert avec Casse-Noisette ou avec un autre opéra. En 2016, l'Opéra de Paris proposa une série de représentations de Iolanta, suivi de Casse-Noisette dans une mise en scène de Dmitri Tchernakiov qui associa étroitement les deux œuvres.

Lorsque Lotte de Beer prit la direction de la Volksoper en septembre 2002, elle choisit Iolanta comme premier projet de mise en scène. Dans un entretien avec le dramaturge Peter te Nuyl, elle raconte sa fascination pour la musique de cet opéra qui tout en gardant une forme classique comporte déjà des aspects plus modernes. Elle s'identifie avec cette jeune fille aveugle, considérant cette cécité comme une métaphore de l'enfance, de cette époque de la vie où l'on ne se rend pas encore compte de la vastitude du monde et de sa réalité.  Aux enfants qui grandissent dans un milieu protégé et aimant, le monde peut apparaître comme un monde de contes de fées, sûr et merveilleux. Ces impressions d'enfance s'écaillent avec la puberté. On y gagne en prise de conscience et en connaissance du réel, mais on y perd en fantaisie et en imagination magique. 

Natalia Tanasii en Iolanta 

À l'instar de Tcherniakov, Lotte de Beer a opté pour la présentation conjointe des deux oeuvres en les fusionnant pour raconter une histoire qui s'intéresse au fait de grandir et d'apprendre à voir le monde tel qu'il est.  " Il arrive un moment dans la vie où l'on doit décider si l'on veut rester une princesse aveugle ou voir le monde dans toute son imperfection ". Pour mener à bien ce projet Lotte de Beer s'est associée au chef Omer Meir Wellber et au chorégraphe Andrey Kaydanovski pour offrir au public un spectacle familial poétique pour enfants et adultes, entre danse et chant, avec des costumes fantaisistes, un roi des souris à sept têtes dans la neige et une fin utopique. Omer Meir Wellber a intégré la musique du Casse-Noisette à l'opéra Iolanta. Il a essayé différents fragments de Casse-Noisette et a improvisé les transitions entre l'opéra et le ballet. Ces transitions ont été élaborées par Keren Kagarlitsky, qui est depuis lors devenue la directrice musicale de la maison. La musique  et les danseurs du Wiener Staatsballett nous montrent le monde de l'œil intérieur de Iolanta. Les danseurs du corps de ballet de l'Opéra populaire de Vienne interprètent Iolanta et le prince Casse-Noisette, ainsi que des fleurs, des candies, des soldats, des rois des souris et des flocons de neige. Des étudiants de l'Académie de ballet de l'Opéra d'État de Vienne participent également à cette pièce, également dans les rôles dédoublés ou détriplés de Iolanta et dans ceux du Prince Casse-Noisette, doublé lui aussi, de Tiramisu, Macaron et Crêpes. Le chorégraphe Andrey Kaydanovskiy estime la manière dont Omer Meir Wellber a composé la musique comme très logique. " Pas logique dans le sens de la musicologie, mais logique dans le sens théâtral, dans le sens du jeu, du ressenti et du timing." Une liberté de pensée qu'il apprécie. 

La synergie de la metteure en scène, des chefs d'orchestre et du chorégraphe a produit un spectacle fascinant, d'une rare perfection. L'orchestre, brillamment conduit par le Viennois Alfred Heschwé, s'attache à rendre la continuité mélodique et la cohésion dramatique de l'oeuvre, avec des instruments spécifiquement associés à un personnage ou à une thématique, comme la flûte qui accompagne le monde imaginaire  et la vie rêvée de Iolanta, le cor anglais associé au thème des yeux de la jeune aveugle, les cuivres à celui du désemparement du roi son père. Une musique dans laquelle l'influence wagnérienne peut se détecter. 

Dans le rôle-titre, la jeune soprano moldave Natalia Tanasii est un des grands bonheurs de la soirée. Sa composition du personnage d'une jeune aveugle est déroutante de véracité. Sa construction psychologique de Iolanta exprime très exactement les sentiments, les émotions et les pensées d'une jeune aveugle. La beauté de son chant est à l'aune de l'authenticité de son jeu théâtral. Les clartés lumineuses de sa voix conduite par une technique très sûre sont d'une séduction infinie. Le ténor sud-coréen Jason Kim donne un solide Vaudémont. Alexander Fritze interprète un roi René autoritaire, dont les conceptions obtuses sont aux antipodes de la sagesse du médecin Ibn-Hakia, interprété avec talent par le baryton Michael Arivony. Rival malgré lui de Vaudémont, Robert, qui est amoureux d'une autre femme, est chanté par le baryton Trevor Haumschilt-Rocha dans une prestation très remarquée.

Une soirée si marquante qu'elle donne envie d'y revenir et de suivre de près la carrière de Natalia Tanasii, qui chantera Emma dans la Khovanchtchina au Festival de Pâques de Salzbourg en avril prochain.

Distribution du 26 janvier 2024

Mise en scène Lotte de Beer
Chorégraphie Andrey Kaydanovskiy
Scénographie Katrin Lea Tag
Costumes Jorine van Beek
Costumes individuels inspirés de Mark Ryden et Nicoletta Ceccoli
Lumière Alex Brok
Direction musicale Alfred Heschwé

Iolanta, fille du roi René Natalia Tanasii / Mila Schmidt et Ekaterina Gorlatova
René, roi de Provence Alexander Fritze
Comte Vaudemont, chevalier bourguignon Jason Kim
Prince Casse-Noisette Gabriele Aime / Ilona Voiachek
Robert, duc de Bourgogne Trevor Haumschilt-Rocha
Ibn Hakia, un médecin Michael Arivony
Almerik, porteur d'armes du roi René Stanisław Napierała
Bertram, portier du château Pablo Santa Cruz
Martha, nourrice de Jolanthe Jasmin White
Brigitte, amie de Jolanthe Kamila Dutkowska
Laura, amie de Jolanthe Hannah Fheodoroff
Deux souris Olivia Poropat et Keisuke Nejime
Un lapin Vivian de Britto Schiller
Échassière Verena Horsky

Orchestre de la Volksoper de Vienne
Académie de ballet de la Wiener Staatsoper

Crédit des photos Wiener © Barbara Pálffy / Volksoper Wien

dimanche 29 décembre 2024

Reprise de Rigoletto à l'Opéra de Vienne dans une distribution étoilée

Rigoletto Amartuvshin Enkhbat

Tout est fait pour mettre les chanteurs en valeur dans la mise en scène que Pierre Audi conçut pour la Wiener Staatsoper il y a exactement 10 ans. À chaque reprise cette production se voit attribuer une distribution de la plus belle venue. Cette année on a pu apprécier et vigoureusement acclamer le Rigoletto du Mongol Amartuvshin Enkhbat, la Gilda de l'Arménienne Nina Minasyan et le duc de Mantoue du Russe Dmitry Korchak. Le chef Carlo Rizzi, excellent connaisseur de l'oeuvre de Verdi et qui s'est à plusieurs reprises illustré dans la direction de cette oeuvre, est au pupitre. 


L'excellence du plateau compense les décors bien moins réussis de Christof Hetzer. Du moins ne volent-ils pas la vedette aux chanteurs et à l'orchestre. Le scénographe a opté pour le dépouillement et l'abstraction. Un grand escalier mène aux appartements ducaux dont l'opulence se réduit à la couleur dorée. Sous l'escalier, le pauvre logis de Rigoletto dont même les poutres de bois semblent fatiguées. La chambre de Gilda est un cageot de bois au mobilier rudimentaire que le scénographe fait descendre des cintres, peut-être pour insister sur l'isolement auquel son père la contraint. La maison de Sparafucile semble faite de débris de bois mal ajustés et est ouverte à tous vents (qual pium al vento). Avec un peu d'imagination, sa structure pourrait rappeler celle d'une tête de mort, ce qui convient bien à son occupant, tueur à gages de son état. Comme dans de nombreuses autres productions, Christoph Hetzer a introduit un, puis des arbres, ici réduits à l'état de squelettes calcinés pour symboliser la mort qui règne en maîtresse à la cour du duc et qui poursuit le bouffon Rigoletto qui après avoir perdu une femme adorée verra la mort de sa fille, victime sacrificielle à laquelle Pierre Audi prête la force de se relever pour entonner son chant d'agonie. Hetzer fait usage du plateau tournant qui, outre le fait qu'il facilite le passage d'une scène à l'autre, crée une continuité dans le décor tout en ménageant un espace intermédiaire que vient occuper le choeur. Le décorateur veut par là souligner que dans les cours du 16ème siècle il n'y avait pas d'espace privé et qu'on y courait toujours le danger d'être observé depuis un coin plongé dans l'ombre, une porte secrète ou un escalier dérobé. Christoph Hetzer a également créé les costumes, qui rappellent discrètement l'époque de l'action mais sans y insister.

Gilda Nina Minasyan / Rigoletto Amartuvshin Enkhbat

La carrière verdienne du baryton lyrique Amartuvshin Enkhbat a connu un développement magnifique au cours des dernières années. Il avait déjà chanté Rigoletto à Ourlan-Bator et a reçu un beau tremplin international en l'interprétant à Vérone en 2017. Il en impose par une puissance, une robustesse et un volume exceptionnels, une technique, une diction italienne et un phrasé impeccables. Le rôle semble taillé sur mesure pour ce grand chanteur. La beauté et la chaleur du timbre et des couleurs sont impressionnantes. Et la performance de l'acteur est à l'aune de la voix pour rendre compte de la complexité d'un personnage tout en méchancetés cyniques et mordantes à la cour, doux et aimant avec sa fille qu'il croit parvenir à protéger en la claustrant. Nina Minasyan avait fait ses débuts en Gilda au Bolchoï, un rôle qu'elle a repris avec succès depuis 2018 à Hambourg et à l'Opéra du Pays de Galles, avant de l'interpréter à Vienne en 2021. Elle donne une Gilda au timbre doux, velouté et lumineux, avec de splendides coloratures dramatiques mises au service d'une juste expression du sentiment sans jamais verser dans le travers de la bravoure égomane. Son suraigu laisse pantois tout comme la sensibilité du pianissimo. Sa confession en forme de repentir « V'ho ingannato... Colpevole fui... » est un modèle du genre. Vainqueur Operalia en 2004, tout comme Amartuvshin Enkhbat en 2014, Dmitry Korchak donne d'une voix rayonnante un solide Duc de Mantoue, un personnage dont Pierre Audi n'a pas voulu typer la monstruosité, mais dont il laisse l'appréciation au public. Le chanteur a une voix rayonnante, avec des tenues remarquablement longues dans l'aigu. Le Bulgare Ivo Stanchev prête sa basse puissante à Sparafucile. Juliette Mars, bien connue du public viennois pour avoir fait partie de la troupe du Wiener Staatsoper, donne une Giovanna convaincante, un rôle qu'elle interprète à Vienne depuis 2006.

Une soirée dont on sort enchanté en raison d'une interprétation musicale étoilée.


Distribution du 25 décembre 2024

Direction musicale Carlo Rizzi
Mise en scène Pierre Audi
Décors et costumes Christof Hetzer
Lumières Bernd Purkrabek
Dramaturgie Bettina Auer

Duc de Mantoue Dmitry Korchak
Rigoletto Amartuvshin Enkhbat
Gilda Nina Minasyan
Sparafucile Ivo Stanchev
Maddalena Monika Bohinec
Giovanna Juliette Mars
Il Conte di Monterone Attila Mokus
Marullo Stefan Astakhov
Borsa Andrew Turner
Il Conte di Ceprano Dohoon Lee
La Contessa di Ceprano Ana Garotić
Un page de la duchesse Hyejin Han

Crédit photographique © Michael Pöhn / Wiener Staatsoper

mercredi 25 décembre 2024

Concert de Noël du Classic Ensemble Vienna à la Peterskirche de Vienne

 

L'église Saint-Pierre (la Peterskirche), située au cœur de la ville, à deux pas du Graben, a été construite au début du 18e siècle dans le style baroque. Au 19e siècle, la Peterskirche est devenue un lieu populaire pour les concerts et les récitals, en partie grâce à son excellente acoustique et à sa situation centrale. De nombreux compositeurs et musiciens parmi les plus célèbres de l'époque s'y sont produits, notamment Franz Schuber, Johann Strauss II et Franz Liszt. Le concert de Liszt à l'église Saint-Pierre a connu un tel succès qu'il a été couvert de fleurs par ses dévoués admirateurs. Aujourd'hui comme autrefois les organistes liturgiques apprécient l'orgue dont le buffet baroque date de 1751. La partie instrumentale, refaite en 1903 par Franz Josef Swoboda, a depuis connu deux rénovations successives.


Les hauts murs et les coupoles permettent au son de se réverbérer plus longtemps, ce qui le rend plus riche en profondeur. Le son rebondit sur les murs directement dans votre cœur, tout en même temps et génère une foule de sentiments, et le fait vibrer d'une foule de sentiments, la joie, le bonheur, la tristesse, la nostalgie, le désir. L'église, qui fut entièrement rénovée de 1998 à 2004, est desservie par les prêtres de l'Opus Dei, une institution qui privilégie la place centrale de la musique dans la liturgie chrétienne. La musique est à l'instar du silence un langage nécessaire pour entrer en communion avec la beauté de Dieu, pour découvrir sa présence. 


Le Classic Ensemble Vienna s'y produit volontiers. Hier soir, veille de Noël, son quatuor à cordes y présentait un programme d'une heure avec des extraits d'oeuvres pour la plupart très connues de Mozart, Vivaldi, Borodin, Schubert, Bach, Corelli et Dvořák. Le premier violon de Martin Reining menait la danse avec ses sonorités claires et brillantes, son timbre clair et lumineux, ses attaques incisives et perçantes ici, là son son doux et lyrique, repris et soutenu par le second violon inspiré de Lukas Medlam. En charge de l'harmonie, l'alto de Nataliia Kuleba apportait sa sonorité plus profonde et plus chaleureuse. Olya Zukhova au violoncelle touchait le coeur et les sens par le son puissant et résonnant de son instrument et éveillait un large éventail d'émotions, de la mélancolie à la joie. 

Martin Reining était aussi en charge de la communication avec le public qu'il a invité lors des rappels à choisir quelques chants populaires actuels de Noël. Et le public ravi d'entonner un chant soutenu par le public ou de claquer dans les mains pour en accompagner un autre. La musique participait à l'esprit de Noël dans cette église au cadre magnifique dont le décor s'était enrichi de grands sapins illuminés aux boules rouge et or qui flanquaient l'autel du culte divin. 

Alléluia et joyeux  Noël !

Crédit des photos Luc-Henri Roger

mardi 24 décembre 2024

Hänsel und Gretel à la Volksoper de Vienne, une féerie pour petits et grands


Hänsel und Gretel d'Engelbert Humperdinck est, depuis sa création à Weimar le 23 décembre 1893,  l'un des opéras les plus joués dans les pays germanophones au moment des fêtes de fin d'année. Le livret, basé sur le célèbre conte que les frères Grimm publièrent en 1812, a été rédigé par la sœur du compositeur, Adelheid Wette, qui a conservé des passages rimés particulièrement heureux empruntés aux deux collecteurs de contes. Le plus célèbre de ces bouts rimés est celui du grignotage de la maison de la sorcière par les deux enfants. « Knusper, knusper, kneuschen ! | wer knuspert an meinem Häuschen ? » (Qui grignote ma maison ?)  demande la sorcière, ce à quoi les enfants répondent : « Der Wind ! der Wind !das himmlische Kind ! » (C'est le vent, le divin enfant).


La Volksoper de Vienne offre à notre connaissance une des plus belles mises en scène de cet opéra. Elle est due au talent du regretté Karl Dönch (1915-1994), un baryton basse qui fit toute sa carrière à l'opéra, d'abord comme chanteur au Wiener Staatsoper ou au Festival de Salzbourg. puis comme metteur en scène. Il connaissait parfaitement bien l'opéra de Humperdinck pour avoir interprété la sorcière Grignote (une bonne traduction de la Knusperhexe) à partir de 1948 à l'Opéra de Vienne, avant de créer sa mise en scène au Volksoper en 1985. Karl Dönch s'est inspiré de la tradition romantique et a livré une féerie d'une beauté et d'un attrait indémodables. Cela fait près de quarante années que l'Opéra populaire de Vienne fait salle comble avec cette production, attirant un public d'enfants tout aussi fascinés et amusés que leurs aînés. Hänsel und Gretel est sans doute la meilleure initiation qui soit à l'opéra, concurrencée presque en partie égale par la Flûte enchantée de Mozart souvent programmée à la même époque. La Volksoper conseille l'opéra-conte à partir de six ans. 


Les décors de Toni Businger sont des plus réussis. Au premier acte, la pauvre masure du balaitier Peter et de sa femme Gertrude est présentée en coupe transversale, ouverte à tous vents et aux morsures du froid hivernal avec son toit percé et ses carreaux cassés, avec sa huche aussi vide que le ventre des enfants. La maison est en bordure d'une forêt de sinistre réputation car depuis des années des enfants y disparaissent sans laisser de traces. Le décor du deuxième acte représente la forêt enchantée dans laquelle Hänsel et Gretel se sont perdus et ont fini par s'endormir suite à l'intervention du marchand de sable, protégés d'un sort funeste par quatorze anges venus les réconforter. Ils sont réveillés par le marchand de rosée. Pendant l'ouverture du troisième acte, les arbres s'écartent pour laisser s'avancer la maison de la sorcière, dont on ne voit que la façade faite de plaques de pains d'épices, flanquée d'un côté d'un four rougeoyant, de l'autre d'une cage. De  part et d'autre de la maison, des figures de pain d'épices ont la taille d'un enfant, on devine qu'il s'agit des enfants disparus. Par deux fois on assiste au vol de la sorcière juchée sur son balai. Elle effectue un premier vol en fond de scène, puis un vol au-dessus de la fosse d'orchestre. C'est un mannequin de sorcière qui traverse l'avant-scène sur une corde tendue entre deux loges. La suite est bien connue : Gretel contrainte de servir la sorcière parvient à libérer Hänsel, les deux enfants précipitent l'ogresse dans son four, puis désensorcèlent les enfants qui recouvrent la vie, la vue et la liberté. Les costumes sont eux aussi de Toni Businger et tout aussi charmants et traditionnels que ses décors : les femmes et les fillettes en Dirndl, la tenue des paysannes alpines, et les hommes en Tracht, avec, — pauvreté oblige, — des vestes rapiécées pour Peter et son fils.

 

La musique est tout aussi jubilatoire. Engelbert Humberdinck a lui-même commenté son ouverture dans une lettre adressée à Hermann Wette le 16 décembre 1891 : " L'ouverture, qui est devenue une pièce musicale assez longue, une sorte de prologue symphonique que l'on pourrait intituler « La vie des enfants ». Elle commence par le choral de l'ange gardien, interprété par des cors, puis passe à « Hokus pokus », qui doit à son tour céder la place à la mélodie « Die Englein haben's uns im Traum gesagt's » (Les petits anges nous l'ont dit dans notre rêve), à laquelle succède maintenant joyeusement « Die Hexerei ist nun vorbei » (La sorcellerie a pris fin) dans un joyeux mi majeur. Puis le choral retentit à nouveau, qui s'associe maintenant de manière organique à la mélodie « Die Englein haben's etc. » et se conclut brillamment par le triomphant « Die Hokus-Pokus-Hexerei ist nun vorbei » en do majeur. C'est un peu bruyant, mais « sunt pueri pueri, pueri puerilia tractant » (les enfants sont une fois des enfants, en tant qu'enfants ils font des choses puériles) et seule la trompette convient à la voix grossière des garçons ».


Après avoir été première cheffe invitée, la cheffe d'orchestre (Kappelmeisterin) Keren Kagarlitsky préside aux destinées musicales de la Volksoper de Vienne depuis le 1er janvier 2024. Sa direction est tout à la fois éloquente, pleine de verve, émouvante et jubilatoire. Les chanteurs et les chanteuses de la troupe sont tous d'excellents comédiens, la mise en scène en exige beaucoup sur le plan du jeu théâtral, ils doivent faire preuve d'une grande expressivité pour dresser des portraits compréhensibles aux traits forcés accessibles au public enfantin, surtout pour les rôles masculins et pour celui de la sorcière, souvent chantée par un homme. Josef Wagner dans le rôle de Peter réussit une belle composition d'un père éméché à son retour du marché où il a, une fois n'est pas coutume, réalisé de belles ventes. Annelie Sophie Müller dresse le portrait d'un Hänsel boute-en-train et effectue quelques belles cabrioles. La jeune soprano Hedwig Ritter apporte les clartés de son soprano pour composer une Gretel attachante et charmante, avec déjà le sens des responsabilités d'une jeune femme. La sorcière Grignote affublée de mains aux doigts surdimensionnés est chantée par Karl-Michael Ebner, un rôle de caractère de fort belle composition auquel il apporte sa voix de ténor très pimentée pour la circonstance. La solide Gertrud de la mezzo-soprano estonienne Annely Peebo est elle aussi de belle facture. 

Les applaudissements et les trépignements enthousiastes et joyeux des enfants dans l'assistance sont la meilleure reconnaissance que pouvait recevoir le travail remarquable de tous ces artistes et de ceux qui les ont préparés et dirigés.

Distribution du 23 décembre 2024

Cheffe d'orchestre Keren Kagarlitsky
Mise en scène Karl Dönch
Décors et costumes Toni Businger
Choeur Andrés García et Brigitte Lehr

Peter, relieur de balais Josef Wagner
Gertrude, sa femme Annely Peebo
Hansel Annelie Sophie Müller
Gretel Hedwig Ritter 
La sorcière Grignote Karl-Michael Ebner 
Le marchand de sable Camila Aguilera Yáñez 
Le marchand de rosée Mira Alkhovik 

Les enfants en pain d'épices Chœur des jeunes de l'Opéra populaire de Vienne

Crédit photographique © Barbara Pálffy/Volksoper Wien

vendredi 13 décembre 2024

Make American Christmas Great Again — Christmas Classics Swing edition — Münchner Rundfunkorchester

Joan Faulkner © Markus Konvalin / Münchner Rundfunkorchester

Le Münchner Rundfunkorchester (l'Orchestre de la radio de Munich) nous a convié à une soirée swingante de chants et de musiques de Noël très américaine. La plupart des chansons et des compositions du programme sont l'œuvre de compositeurs ou de chanteurs nés ou installés aux États-Unis, à l'exception du 4ème mouvement du Lieutenant Kijé que Prokofiev composa en Russie soviétique à son retour d'exil et de la Christmas Overture du britannique Nigel Hess. La direction de l'Orchestre était confiée au chef britannique Wayne Marshall, spécialiste de la musique américaine du 20ème siècle, une direction précise et empreinte d'un grand charisme. La délicieuse Joan Faulkner, originaire de l'Indiana était la star d'une soirée modérée par la ravissante Maren Ulrich, speakerine et modératrice à la radio bavaroise, qui a su présenter le programme de la soirée avec un glamour qui rappelle celui des actrices du cinéma américain des années trente.

À lire le programme, on aurait pu s'attendre à une soirée bon enfant où l'on viendrait entendre les tubes les plus célèbres de la période de l'Avent, ces chansons que la plupart des radios mettent à leur programme et qui finissent par lasser à force de répétitions. Rien de cela ne s'est produit. Ces morceaux de musique que l'on croyait si bien connaître au point de les considérer comme dépassés ou moribonds ont reçu un tout nouvel éclairage parce qu'ils ont été interprétés par un grand orchestre qui comportait pas moins de six percussionnistes, parce que ce grand orchestre compte parmi les meilleurs, parce que la direction a été confiée à un chef talentueux, grand spécialiste de la musique américaine, et enfin parce que Joan Faulkner a une voix d'une beauté telle et une telle présence qu'elle capte l'attention dès les premières notes.

© Capture d'écran sur le site du Münchner Rundfunkorchester


Make American Christmas Great Again. Dans le programme, la rédactrice culturelle Bettina Jech de la radio bavaroise commente que " l'édition de cette année des « Christmas Classics » célèbre la nostalgie musicale du Noël blanc, avec notamment des morceaux qui invitent à une balade dans la neige. Particulièrement joyeuses : les cloches de traîneau de la Troïka de Sergueï Prokofiev, qui transportent de leurs trois chevaux l'ambiance d'un voyage rapide dans le train russe du même nom.  A l'origine, il s'agissait de la première composition de Prokofiev pour un film : la production soviétique Lieutenant Kijé de 1934, un persiflage bizarre sur l'obéissance aux autorités sous le tsar Paul Ier. Prokofiev en a ensuite fait une suite aux sonorités iconiques, aux éléments de pizzicato rapides et à la mélodie d'une vieille chanson populaire russe. Le Polarexpress, qui glisse vers le pôle Nord avec à son bord un petit garçon qui ne veut pas croire à Noël, sonne plutôt comme une magie enchanteresse. Alan Silvestri a misé sur la musique pour l'une des premières productions animées par ordinateur, beaucoup de sons de cordes, des chœurs - et bien sûr des cloches de traîneau. " Toutes ces sonneries, ces bruits de claquements, ces cloches qui tintinnabulent exigeaient la précieuse présence de six percussionnistes, un luxe que nous a offert l'orchestre de la radio bavaroise.


Rien n'est aujourd'hui  moins sûr qu'un Noël blanc, mais l'Angleterre et les États-Unis ont contribué à en créer le mythe musical. Ainsi du « I'm dreaming of a white Christmas. Just like the ones I used to know » que Irving Berlin composa sous les palmiers et le soleil de la Californie alors que sa famille se trouvait à New York. La chanson popularisée par Bing Crosby est l'une des plus commercialisées de par le monde.

Make American Christmas Great Again. Il suffit d'effectuer une petite recherche sur les compositeurs et chansonniers de la soirée pour comprendre que ce MA(C)GA est aux antipodes de celui pour lequel une majorité d'Américains vient de voter. Jule Styne est un Américain d'origine britannique, Alan Silvestri un Américain d'origine italienne, Irving Berlin un Américain d'origine juive russe, José Feliciano un Américain de Porto Rico. C'est une Amérique qui s'est nourrie de l'immigration et qui a accueilli des exilés comme Prokofiev qui a produit ces musiques qui contribuent à la magie de Noël.


Joan Faulkner est considérée comme l'une des plus grandes interprètes européennes de swing, de soul et de jazz. Sa carrière de chanteuse commença fort tôt : elle chanta dès l'âge de trois ans dans la paroisse de son père et prit la direction de la chorale de la paroisse à 14 ans. Ce fut la base de sa carrière, comme elle le souligne : « Les spirituals m'ont appris à exprimer mes sentiments. » En 1978, elle s'installa à Francfort-sur-le-Main où, après s'être produite dans des clubs et des lieux musicaux, elle participa bientôt à des galas aux côtés de stars comme Caterina Valente et Howard Carpendale. Le producteur Frank Farian appréciait ses talents artistiques et la qualifiait de « meilleure chanteuse européenne ». « la meilleure voix noire d'Europe ». En collaboration avec le pianiste de jazz Gusztáv Csík, Joan Faulkner, surnommée « The Voice », a entre-temps développé un nouveau style. Leurs programmes vont du gospel et des spirituals aux chansons de Broadway en passant par le « rhythm and blues », la pop et la soul. 

Joan Faulkner apparaît vêtue de robes de soie de couleurs vives, rouge puis verte, et dont les dessins des broderies évoquent l'Arabie. Sa voix et sa présence sur scène sont un énorme cadeau de Noel pour le public. Tout dans son interprétation est doux et feutré, et tout est authentique. Joan Faulkner visualise ce qu'elle chante et nous partage sa vision. Ses intonations et sa gestuelle, ses regards et ses mimiques nous montrent les mots de ses chansons, et nous font mieux comprendre le monde qu'elle évoque. Elle semble communiquer avec l'univers et nous invite à pénétrer dans sa vision. Et son chant si délicat, si humain, si rempli de tendresse nous fait voir les paysages enneigés, les traineaux qui défilent, la neige qui tombe. (La première photo témoigne du jeu scénique descriptif de la chanteuse).

Le public comblé saluera l'orchestre, le chef et la chanteuse d'une chaleureuse standing ovation. Deux rappels seront encore offerts : Sleigh Ride de Leroy Anderson et  "Silent night".  

Le concert reste disponible sur internet jusqu'au 9 janvier 2025. Cliquer ici pour accéder au site du Münchner Rundfunkorchester.

Programme

Leroy Anderson (1908–1975) „A Christmas Festival“,  ouverture de concert 
Jule Styne (1905–1994) „Let it Snow“ Arr.: Thilo Wolf / Lars J. Lange
Félix Bernard (1897–1944) „Winter Wonderland“ Arr.: Thilo Wolf / Lars J. Lange 
Alan Silvestri (* 1950) „The Polar Express“ Suite / Arr.: Jerry Brubaker, musique de film
Mel Tormé (1925–1999) The Christmas Song („Chestnuts Roasting“) Arr.: Gavin Sutherland 
George David Weiss  (1921–2010) „What a Wonderful World“ Arr.: Tomasz Filipczak 
Nigel Hess  (* 1953) „A Christmas Overture“ 
Serguei Prokofiev (1891–1953) „Lieutenant Kijé“. Symphonische Suite, op. 60 4ème mouvement. Arr.: David Lloyd-Jones  
Hugh Martin (1914–2011) „Have Yourself a Merry Little Christmas“ Arr.: Gavin Sutherland
José Feliciano (* 1945) „Feliz Navidad“ Arr.: Thilo Wolf / Lars J. Lange
Irving Berlin (1888–1989) „White Christmas“ Arr.: Robert Russell Bennett 
Johnny Marks (1909–1985) „Rudolph, the Red-Nosed Reindeer“ Arr.: Richard Hayman

Source : texte largement inspiré du programme.





Standing ovation pour Joan Faulkner très émue 









Autres photos de Luc-Henri Roger 

mardi 10 décembre 2024

Francesco Ivan Ciampa dirige la reprise d'Aida de Verdi à la Bayerische Staatsoper

Elīna Garanča en Amneris

La Bayerische Staatsoper reprend pour quelques représentations l'Aida de Verdi revisitée par Damiano Michieletto, une production qui avait connu sa première en mai 2023 et dont la mise en scène avait été diversement accueillie, dérangeante pour certains et acclamée par d'autres (Voir notre article du 20 mai 2023). On y revient attirés par une distribution des plus prestigieuses et pour revoir une mise en scène dont la détérioration de la situation mondiale confirme la démarche. L'idée maîtresse de Damiano Michieletto était de montrer les conséquences des guerres sur les populations civiles. Une salle de gymnastique bombardée et bientôt envahie par une montagne de cendres accueille des réfugiés, une cérémonie de remise de médailles supposée glorifier les héros donne à voir un sinistre défilé d'éclopés, des vidéos diffusent des gros plans sur des scènes guerrières et sur des blessés.

La note dominante de la soirée réside dans la beauté des voix entendues et dans la force lumineuse de la direction de Francesco Ivan Ciampa, un chef verdien acclamé dans les salles italiennes que l'on avait pu apprécier l'été dernier lors de la reprise du Trovatore, l'opéra qui l'avait fait découvrir au public munichois en 2020, et quelques mois plus tôt dans Otello. Le maestro avait dirigé Aida aux arènes de Vérone en 2019. Il nous a offert une direction claire, à la fois vigoureuse et fervente, précise et attentionnée qui met l'orchestre en parfaite symbiose avec la tension dramatique exprimée par les personnages.

Elena Stikhina en Aida

La soprano russe Elena Stikhina donne une interprétation d'une extrême sensibilité au rôle-titre dont elle dépeint les subtiles nuances de la palette émotionnelle avec une authenticité poignante. La beauté de la voix magnifiquement projetée  est portée par une technique superbe et une puissance impressionnante capable de passer toutes les tempêtes orchestrales. Elena Stikina ne recherche jamais l'effet, mais l'expressivité, elle se confond avec son personnage dont elle s'attache à rendre les exaltations et les tourments avec justesse et vérité. Ses piani, ses notes longuement tenues enchantent tout autant que la finesse de ses aigus. 

Elīna Garanča était très attendue en Amnéris, un rôle qu'elle avait toujours voulu chanter et qu'elle considérait comme le "Mont Everest" de sa carrière, un sommet difficilement accessible et enfin vaincu. Pour la mezzo-soprano, les rôles de Kundry et d'Amnéris sont des rôles de la maturité qui demandent une longue préparation, elles les considère comme  le couronnement d'une carrière marquée par un travail intense. (— Elle aurait du faire ses débuts dans le rôle à Las Palmas en mars 2020, mais le covid en avait décidé autrement et la partie fut remise à 2023 où elle interpréta Amnéris à Vienne —). Elīna Garanča s'est attachée à rendre de manière extrêmement fine et raffinée la complexité de ce personnage impulsif qui la fascine depuis le début de son parcours artistique. Elle dresse le portrait musical et scénique d'une femme puissante, sombre, délicate et cruelle. Elle est bouleversante dans sa dernière tentative de ravir le coeur de Radamès ou du moins d'obtenir qu'il ne revoie plus Aida. 

Le ténor arménien Arsen Soghomonyan a donné une interprétation monolithique du rôle de Radamès avec une voix légèrement engorgée au ton métallique. D'une puissance rare et d'un volume imposant, il passe l'orchestre sans problème. Il impressionne par de longues tenues de notes dans l'aigu et de belles descentes dans le grave. Mais il est théâtralement peu impliqué, le jeu scénique est réduit au minimum et donne l'impression d'être figé. Tout au contraire, Erwin Schrott apporte son baryton basse plein de chaleur, sa belle prestance et sa présence irradiante au personnage de Ramfis que la mise en scène érige en rival de Radamès : au plus sombre du dernier épisode du drame, il propose le mariage à la fille de pharaon. Le baryton mongol Amartuvshin Enkhbat donne un Amonasro des plus convaincants avant d'être assassiné d'un coup de révolver par Ramfis. Alexandre Köpeczi qui avait chanté Ramfis en 2023 interprète ici le rôle du roi. Une mention particulière doit être faite pour la magnifique prestation du choeur de l'opéra préparé par Christoph Heil. Élément capital de l'architecture musicale complexe d'Aida, avec les nombreuses subdivisions des pupitres et les relations entre les voix. Chaque pupitre est scindé en groupes bien définis et les voix de ces groupes s'affrontent, se juxtaposent et se répondent. Leur précision et l'unisson sont impeccables. La perfection du  travail choral dans le pianissimo est particulièrement remarquable.

Distribution du 8 décembre 2024

Direction musicale Francesco Ivan Ciampa
Mise en scène Damiano Michieletto
Décors Paolo Fantin
Costumes Carla Teti
Vidéo rocafilm
Chorégraphie Thomas Wilhelm
Lumière Alessandro Carletti
Chœurs Christoph Heil
Dramaturgie Mattia Palma Katharina Ortmann

Amneris Elīna Garanča
Aida Elena Stikhina
Radamès Arsen Soghomonyan
Ramfis Erwin Schrott
Amonasro Amartuvshin Enkhbat
Le roi Alexandre Köpeczi
Un messager Zachary Rioux
Une prêtresse Elene Gvritishvili

Orchestre de l'État de Bavière
Chœur de l'Opéra d'État de Bavière et chœur supplémentaire de l'Opéra d'État de Bavière

Prochaines représentations les 12 et 15 décembre au Théâtre national de Munich.

Crédit photographique © Geoffroy Schied

dimanche 8 décembre 2024

EXCENTRIQUE — ESTHÉTIQUE DE LA LIBERTÉ — Une exposition de la Pinakothek der Moderne à Munich

 


EXCENTRIQUE — ESTHÉTIQUE DE LA LIBERTÉ

Courageuses et libres, pleines d'humour, touchantes ou dérangeantes - les œuvres de 50 artistes internationaux montrent que l'excentricité est bien plus qu'un excès ou une décadence. Elle refuse toute idéologie et constitue ainsi un moteur social pour la liberté et la tolérance. Une centaine d'œuvres, peintures, sculptures, installations, vidéos et design, entre autres, célèbrent la diversité au-delà des normes et des clichés figés. Elles illustrent la perspective de l'« ex centro », le regard porté depuis l'extérieur d'un centre fictif.

L'exposition ECCENTRIC explore les multiples facettes de l'identité et de l'humanité. Les artistes expérimentent les matériaux et les techniques les plus divers. Ils observent et traitent leurs motifs et sujets sous les angles les plus surprenants. Ils déforment, déforment ou liquéfient les figures et les formes, les assemblent en compositions hybrides ou amorphes.

à voir à  la Pinakothek der Moderne de Munich jusqu'au  27.04.2025

Reportage photo























Source du texte : traduction d'un texte de présentation de la Pinakothek der Moderne

Crédit photographique © Marco Pohle

Exposition Johann Strauss au Musée du Théâtre de Vienne

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