Victor Balaguer (1824-1901)
A la Vérge de Montserrat
Vérge santa d' amor, patrona mia,
dels pobres y afligits guarda y consol,
més pura que la llum cuant naix lo dia,
més hermosa que'l cel cuant ix lo sol:
tal com se veu á l' áliga orgullosa
en la roca més alta fer lo cau,
tu la serra més alta y més hermosa
vas escullir per ferne ton palau.
Reyna dels cels, Mare de Dèu, perdona
si fins avuy no't dediquí un recort:
sols cuant véu sòn vaixell presa de l' ona,
buscan los ulls del navegant lo port;
sols cuant se véu en la presó angustiosa,
sa llibertat recorda lo cautiu;
sols cuant la tempestat brama furiosa
l' oreneta s' acull dins del sèu niu.
Jo vinch, com lo cautiu entre cadenas,
un consol á buscar per mon dolor.
¡Los plors mòn front han arrugat! Las penas
m'han ¡Mare meva! rosegat lo cor!
Com soldat que, fugint á tota brida,
las armas va per lo camí llansant,
aixis jo pel camí d' aquesta vida
á trossos lo meu cor he anat deixant.
Vérge de Montserrat, casta madona,
perla de las montanyas y dels cels,
á qui'ls ángels per fer una corona
arrancaren del cel un puny d' estels;
ta grandesa, Senyora, no repare
si avuy te parla en catalá ma veu,
que'l catalá es la llengua en que ma mare
me ensenyá un jorn á benehir á Dèu. [...]
Vierge sainte d'amour, ma patronne,
protection et consolation des pauvres et des affligés,
plus pure que la lumière quand naît le jour,
plus belle que le ciel quand se lève le soleil :
comme on voit l'aigle fier
sur le rocher le plus haut faire son repaire,
toi la plus haute et la plus belle chaîne de montagnes
tu as choisi de brûler ton palais.
Reine du Ciel, Mère de Dieu, pardonne
Si jusqu'à aujourd'hui je ne vous ai pas dédié un poème
seulement quand il voit son navire pris dans la vague,
Les yeux du marin cherchent le port ;
seulement quand il se retrouve dans la prison angoissée,
le captif se rappelle sa liberté
seulement quand la tempête gronde furieusement
l'hirondelle se niche dans son nid.
Je viens, comme le captif enchaîné,
chercher une consolation à ma douleur.
Les larmes sur mon front se sont ridées ! Les douleurs,
ô ma Mère, m'ont rongé le cœur !
Comme un soldat qui, fuyant à toute vitesse,
lâche ses armes en descendant la route,
Je suis sur le chemin de cette vie.
J'ai laissé mon cœur en morceaux.
Vierge de Montserrat, chaste madone,
perle des montagnes et des cieux,
Pour quels anges doit-on faire une couronne ?
Ils ont cueilli une poignée d’étoiles dans le ciel ;
Votre grandeur, Madame, me pardonne
si aujourd'hui ma voix te parle en catalan,
C'est que le catalan est la langue que parle ma mère
dans laquelle elle m'a appris un jour à bénir Dieu.
Père Bartomeu Barceló (1888-1973)
La Moreneta
« Cel amunt se'n va l'encens,
mar endins la barcarola,
mar endins la barcarola,
i a vostres plantes se'n vola,
moreneta, nostre cor.
Quan a vostre peus de reina
palpitant d'amor es posa,
l'aleteig té de l'alosa,
i el perfum d'un bés en flor.
Si, llavors, un pom d'estrelles
poqués prendre a l’infinit,
coronada irieu d'elles,
Verge Bruna com la nit... »
« Vers le ciel monte l'encens,
vers la mer la barcarole,
et à vos pieds s'envole, Moreneta, notre cœur.
Quand à vos pieds de reine,
palpitant d'amour il se pose,
il a de l'alouette le battement léger
et d'un baiser en fleur le parfum.
Alors si, dans l'infini,
un bouquet d'étoiles je pouvais cueillir,
d'étoiles vous seriez couronnée,
Vierge Brune comme la nuit. »
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