lundi 20 juillet 2020

Une lettre de Villiers évoque la création munichoise de la Walkyrie en 1870

Illustration d'Émile Bayard.
Une Walkyrie transporte un héros mort au Walhalla

Été 1870 — Villiers de l'Isle-Adam avait assisté à la création de la Walkyrie à Munich. Il écrivit ses premières impressions très enthousiastes à son ami Jean Marras resté à Paris.

La Walkyrie (...) est le chef-d'oeuvre le plus éblouissant, le plus colossal qu on puisse rêver sous le soleil ! Oh! tu ne peux pas t'imaginer cela! C'est au-delà de toute expression! Et je ne l'ai vu que deux fois, mais ca ne fait rien. Va chez Tissot ou quelque bon pianiste et dis-lui de te jouer la tristesse de Wotan, le duo de Siegmund et de Brunehilde et tout le premier acte, notamment l'entrée de Hulding [sic] et le repas dans la cabane. Enfin, je te dirai. Ce sont des décors splendides, des combats dans les nuages, ou Wotan apparaît comme du feu rouge dans de la gloire. Les neuf Walkures, traversant les ombres a toute volée, les cheveux au vent dans les profondeurs du Walhalla qui s'augmente et glisse sous les chevaux, sur des plans qui se déroulent sous leurs pieds dans les nues, avec l'horrible musique, cela crépite, c'est fou de vision et de beauté ; puis les flammes, sur l'ordre de Wotan, entourant Brunehilde couchée sur la montagne, les forets allumées, tout le théâtre en feu, flamboyant, les arbres entiers brûlant sur la scène, aveuglant, terrifiant au point que les femmes s'enfuyaient épouvantées et que nous étions les yeux rivés sur la scène avec effroi. Et la musique qui s'enflait et paraissait tout en flammes aussi ! A la fin, les flammes partaient depuis le bas de la scène jusque dans les frises. Enfin, sublime ! sublime ! ébouriffant ! ruisselant ! sans nom !

Lettre de Villiers à son ami Jean Marras, été 1870

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