Mathilde Mallinger, qui interprétait Elisabeth à Munich en 1867, servit
sans doute de modèle pour le personnage de Walpurga Malwinger.
Le roi Louis II a financé les études musicales de la jeune Walpurga Malwinger, des études supervisées par Richard Wagner. Avant de faire ses débuts à l'opéra de Munich, le roi a souhaité que la jeune fille se produise dans trois représentations privées, les fameuses Separatvorstellungen, dont il est l'unique spectateur. Voici l'extrait :
[...] Enfin arriva la soirée tant attendue.
Tout en se préparant dans sa loge, Walpurga avait conscience de la solennité du moment. Le roi lui-même avait fait confectionner ses costumes en donnant des indications précises.
Elle avait grand air quand, libérée des mains de son habilleuse, elle se tint devant le haut miroir. Elle se rappela alors que le jour de son arrivée à l'institut de la doctoresse Moritz, elle portait une jupe rouge et des gros souliers à clous et tenait à la main son baluchon de linge.
Cette jeune femme à l’apparence royale avec sa robe au tissu fluide et soyeux ornée de broderies et de pierres brillantes était-elle la même que la petite Burgerl d’alors ?
En vérité, la belle Walpurga était une Elisabeth idéale. Ses merveilleux cheveux bouclés, sur lesquels était posé un diadème, recouvraient son dos de leur splendeur dorée et mêlaient des reflets métalliques aux chatoiements de la lumière. Sa robe de soie blanche était retenue à la taille par une ceinture cloutée de pierres précieuses, dont les extrémités retombaient jusqu’à l’ourlet.
Un long manteau de velours bleu roi, bordé d'un large liseré en broderie, pendait majestueusement sur ses épaules. Sa lourde traîne rendait la progression difficile, mais Walpurga s’y était bien exercée et c’est tout en souplesse et avec un port princier qu’elle évoluait en scène.
La voici à présent qui attend derrière la coulisse dont elle doit émerger.
La scène du Hörselberg était terminée depuis longtemps, le berger avait chanté sa belle chanson. Wolfram von Eschenbach avait accueilli son ami Heinrich von Ofterdingen, le Tannhäuser que l'on croyait perdu, et le rideau était tombé.
Walpurga attendait maintenant son signal. Le rideau se leva de nouveau. Elle brûlait d'une fiévreuse impatience. Et enfin, enfin, elle fut autorisée à monter sur scène.
Comme autrefois dans la forêt, elle entonna joyeusement le premier air d’Elisabeth :
Salut à toi, belle demeure.
Aux premiers sons qui sortirent de sa gorge, elle eut l’impression qu’une main froide serrait son cou, comme si sa voix avait perdu toute chaleur.
C’est alors qu'elle aperçut le visage souriant et bienveillant du roi comme au travers de nuages. Et soudain, elle put se débarrasser de toute peur, de tout embarras et aligner des tons pleins et clairs d'une beauté ravissante. Elle interpréta son rôle avec une merveilleuse assurance et une parfaite maîtrise de son art. C’était d’une beauté magique.
Elle chantait avec ferveur, comme si elle déposait son cœur aux pieds de son roi bien-aimé. Les scènes se succédaient et le roi Louis, seul spectateur de ce merveilleux opéra, se laissait emporter par les cadences magiques qui le remplissaient d'une joie de vivre qu’il n'avait pas ressentie depuis longtemps.
La puissance du chant de Walpurga était telle qu’elle pouvait redonner la santé aux malades et la jeunesse aux personnes âgées. La prophétie de son vieux professeur à l'école se voyait réalisée.
Le roi était complètement captivé par le jeu et le chant de Walpurga. Il avait oublié que c'était Walpurga Malwinger, son petit oiseau de la forêt, qui se trouvait sur scène, il ne voyait plus que la grâcieuse figure d'Elisabeth, la nièce du landgrave, que son amour torturait et que sa fidélité conduirait à la mort.
Ce personnage touchant créé par son ami Richard Wagner ne l'avait jamais autant captivé qu'aujourd'hui. Walpurga s'était quant à elle complètement identifiée à son rôle, elle faisait plus que jouer Elisabeth, elle la faisait revivre.
Elle quitta la scène comme si elle se réveillait d'un long rêve dans lequel elle aurait gravi lentement une côte. Elle entendit encore s’élever la romance à l’étoile de Wolfram von Eschenbach.
Immédiatement après, elle fut mandée par le roi, dont les yeux brillaient encore des larmes qu’il avait versées. Il la reçut dans une grande exaltation. Il saisit les mains de Walpurga et la regarda en silence pendant un long moment.
Elle portait toujours la robe blanche d'Elisabeth au dernier acte et avait encore les cheveux relâchés sur ses épaules. Elle était merveilleusement belle avec son visage animé dont les yeux questionnaient le roi avec anxiété. [...]
Envie d'en savoir plus sur la protégée du roi Louis II ? Je vous invite à vous plonger dans ma traduction du roman de Courths-Mahler, qui vient de paraître :
La pupille du roi Louis II de Bavière
de Hedwig Courths-Mahler
disponible en version papier ou en Ebook,
via la FNAC, Amazon, Decitre, le Furet du nord, Hugendubel, etc.
C'est en 1911 que Hedwig Courths-Mahler publia son roman sentimental historique König Ludwig und sein Schützling (« La pupille du roi Louis II de Bavière ») sous le pseudonyme d'Hedwig Brand. 110 ans après sa publication ce roman wagnérien est enfin traduit en français.
La protégée du roi est l'enfant d'un couple de forestiers vivant au coeur d'une forêt proche du château de Hohenschwangau. Au hasard d'une rencontre, le roi se lie d'amitié avec la petite fille au point de vouloir lui assurer la meilleure des formations scolaires possible. La petite fille, Walpurga Malwinger, dite Burgerl, est douée pour la musique et le chant et le roi favorise sa formation musicale. L'enfant grandit et devient une ravissante jeune fille. Un jour le hasard veut que Richard Wagner l'entende chanter et tombe immédiatement sous le charme de sa voix merveilleuse...
Un conte initiatique qui devrait ravir les amis de Louis II et de Richard Wagner.
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