mardi 28 décembre 2021

L'enlèvement de Ganymède par Jérôme Duquesnoy le jeune — Ganymed und der Adler / Hiëronymus Duquesnoy der Jüngere

Le sculpteur flamand Jérôme Duquesnoy le jeune (1602-1654) a donné une oeuvre plutôt sulfureuse de l'enlèvement de Ganymède. Il représente un Ganymède porteur d'une coupe de nectar et assis sur une aile de Jupiter, une attitude que l'on voit aussi dans un tableau peint par Eugène Le Sueur vers 1644, conservé et exposé au Louvre ou dans le Ganymède de Rubens que l'on peut admirer à Vienne. Mais voilà, Rubens et Le Sueur représentent Ganymède de face, assis et soutenu par l'aile gauche de l'aigle jupitérien, alors que la sculpture est en ronde-bosse... Le Sueur et Rubens revêtent le sexe de Ganymède d'un linge de pudeur. C'est aussi le cas dans l'oeuvre de Duquesnoy, mais à l'arrière de la sculpture, le linge ne recouvre pas les fesses de l'éphèbe, il entoure mollement les ailes de l'aigle. 

Le sculpteur fut accusé d'acte de sodomie sur deux jeunes garçons de 8 et 11 ans. Il fut condamné à mort, et le 28 septembre 1654, attaché à un poteau et étranglé. Son corps fut réduit en cendres sur la place du marché aux grains de Gand.

Le groupe de Ganymède assis sur l'aigle connut un épisode tragique. Dans son  Histoire de la peinture et de la sculpture à Matines (II, 1876, p. 189), Emmanuel Neefs raconte que Luc Faydherbe fit don à son fils, l'architecte Jean-Luc Faydherbe, né en 1654, d'un groupe qui représentait Ganymède assis sur un aigle et qui était de Jérôme Duquesnoy. En voulant placer ce groupe dans le jardin d'une maison qu'il s'était fait construire en 1696-97, Jean-Luc fut blessé par une poutre tombée de l'échafaudage et mourut des suites de cette blessure, le 29 juillet 1704. Le même Neefs mentionne encore qu'une réduction en bronze du Ganymède de Duquesnoy se trouvait dans l'ancien palais des ducs de Brabant, à Bruxelles, incendié en 1731.  Mais s'agit-il de la sculpture qui nous intéresse ici ? Duquesnoy semble avoir réalsié plusieurs versions de l'enlèvement.

L'oeuvre est aujourd'hui présentée dans les collections du musée de Münster en Westphalie (LWL-Museum für Kunst und Kultur, Münster). À noter qu'une esquisse préparatoire de la sculpture est  conservée en Belgique : cliquer ici.






La peinture d'Eugène Le Sueur (Musée du Louvre)


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