jeudi 30 juin 2022

Lilium martagon — Türkenbundlilie / Le lis martagon — 7 Bilder / 7 photos







Bilder / photos © Luc-Henri Roger
Ferchensee, Mittenwald, 30.06.2022

Lilium martagon ist eine Wildlilie, hierzulande wird sie Türkenbundlilie oder oft auch schlicht Türkenbund genannt. Sie ist eine der prächtigsten einheimischen Wildblumen – und eine Rarität. Der volkstümliche Name „Türkenbund“ weist auf das türkische Wort für Turban hin, an den die zurückgeschlagenen Blütenblätter fraglos erinnern. 

Le lilium martagon (lis margoton)  est un lys sauvage, aussi appelé ici en allemand "lys turc" (Türkenbund). C'est l'une des fleurs sauvages indigènes les plus magnifiques - et une rareté. Le nom populaire "Türkenbund" fait référence au mot turc signifiant "turban", que rappellent les pétales repliés en arrière.




mercredi 29 juin 2022

Lisette Oropesa chante Violetta dans la Traviata du Bayerische Staatsoper



Au fil des jours la distribution de la représentation du 28 juin a été passablement remaniée : le ténor ukrainien  Dmytro Popov est venu interpréter le rôle d'Alfredo en lieu et place de Stephen Costello, Simon Keenlyside celui de Giorgio Germont que devait chanter  Leo Nucci et enfin Milan Siljanov celui du jardinier initialement prévu pour Roman Chabaranok. Le rôle principal n'a pas été dévoyé : c'est bien la très attendue Lisette Oropesa qui a magnifiquement incarné Violetta Valéry. 


La mise en scène n'a pas changé, et c'est dommage. On en est resté à la bonne vieille production de 1993 qu'avaient commise Günter Krämer et le scénographe Andreas Reinhardt, une machine plutôt rouillée. Pour le premier tableau, seule la partie inférieure de la scène est utilisée : un couloir fait d'une bande rouge et noire comportant toute une série de portes qui s'ouvrent sur un second couloir où va se dérouler la farandole des aristocrates et des grands bourgeois et des demi-mondaines qu'ils entretiennent. Les portes ouvrent peut-être sur autant de séparés où l'on peut se retirer pour des plaisirs plus particuliers. Cette farandole est le seul moment dynamique d'une mise en scène extrêmement statique. Un parc jonché de feuilles mortes avec des chaises dépareillées peut-être achetées chez un brocanteur, à droite une balançoire, à gauche un immense lustre montgolfière surdimensionné avec ses guirlandes de pampilles de cristaux qui, au dernier acte terminera à moitié affalé sur le sol : la fête est finie, Violetta va mourir. Le choeur des bohémiennes et des matadors est d'un statisme affligeant, de même que l'introduction en fond de scène d'une figurante sagement habillée, la soeur chaste et pure d'Alfredo, qui n'a pas vraiment sa place chez une courtisane. Au dernier acte, Violetta est alitée sur un grabat posé à même le sol en avant-scène, ce qui ne permet pas de l'apercevoir si on a trouvé place au parterre. Cette mise en scène minimaliste est tout à l'avantage des chanteurs et des choeurs qui n'ont pas à se mouvoir et peuvent ainsi pleinement se concentrer sur le chant. 

La cheffe lituanienne Giedrė Šlekytė, qui est aussi l'assistante du directeur musical Vladimir Jurowski,  a déjà dirigé plusieurs représentations de La Traviata de Giuseppe Verdi au pupitre de l'Orchestre national. On apprécie les qualités sa direction soignée, élégante et précise, très remarquée alors que la jeune cheffe s'était vu confier en mars dernier la nouvelle production de L'infedeltà delusa de Haydn au théâtre Cuvilliés. 

Simon Keenlyside (Giorgio Germont)

Lisette Oropesa, une des meilleures Violetta du moment, a soulevé l'enthousiasme du public tout au long de la soirée, son interprétation est soutenue par une technique remarquable qui lui permet d'exprimer sans défaut toutes les facettes du rôle : la joie insouciante et l'élan passionné, la fragilité du corps et du coeur, la  maladie et la misère, le renoncement et la grandeur morale, le désespoir et l'agonie. La palette émotionnelle complexe de la Traviata est rendue avec maîtrise. Lisette Oropesa est la reine incontestée de la soirée. Dmytro Popov, fréquemment invité à Munich, interprète Alfredo depuis 2004 sur les plus grandes scènes, d'une voix bien projetée aux sons brillants et ronds, parfois bourdonnants dans les plus hautes notes et une prononciation un peu hachée qui ne permet pas toujours une bonne compréhension du texte chanté. Le père Germont de Simon Keenlyside est bien connu pour l'approche psychologique raffinée que le baryton donne du rôle, et notamment cette remarquable expression de la détresse paternelle dans  "Di provenza il mar, il suol...". Les choeurs dirigés par Stellario Fagone complètent heureusement cette belle distribution.

La Traviata est un opéra grand public et l'opéra de Munich affiche complet. On pourrait cependant en attendre plus de lustre et oser suggérer une nouvelle production.

Prochaine représentation : le 1er juillet avec Placido Domingo en Giorgio Germont et Stephen Costello en Alfredo. 

Crédit photographique  © Bayerischer Staatsoper. 

mardi 28 juin 2022

Die Teufel von Loudun à l'opéra de Bavière. Une représentation ensorcelante !

 

Le supplice de la gégène. Grandier (ici Wolgang Koch)

Il ne faut pas croire le diable, même s'il dit la vérité.
                                                                 Saint Jean Chrysostome

En ouverture de son festival d'été, l'opéra bavarois a mis à l'affiche Die Teufel von Loudun (Les Diables de Loudun) de Krzystof Penderecki (1933-2020), une oeuvre majeure du théâtre muscial de la seconde moitié du 20ème siècle. Le livret de l'opéra est basé sur le roman homonyme d'Aldous Huxley, The Devils of Loudun, qui avait fasciné le compositeur arméno-polonais. La mise en scène a été confiée à Simon Stone, dont on avait déjà pu apprécier  le travail dans Die tote stadt de Korngold il y a trois ans., que le metteur en scéne avait créé pour l'opéra de Bâle trois ans plus tôt. Die Teufel von Loudun sont en fait sa première création munichoise. Wladimir Jurovski, le directeur musical du Bayerische Staatsoper, qui avait dirigé Die Teufel à Dresde au début de sa carrière, est au pupitre. 

L'action se passe en 1634, dans la ville de Loudun, une ville alors dominée par les protestants. La supérieure du couvent des Ursulines, la mère Jeanne tombe amoureuse de Grandier, un prêtre débauché. Pour s'en rapprocher elle le sollicite comme confesseur de son couvent, mais il refuse la proposition. Jeanne l'accuse alors de sorcellerie démoniaque : Grangier l'aurait séduite, des démons ont pris possession de son corps et de son âme. Les soeurs de son couvent la suivent dans son délire, elles se disent elles aussi possédées. La politique va bientôt se mêler de cette affaire : Richelieu, en train de construire non loin de Loudun la ville qui va porter son nom veut ruiner Loudun qui est aux mains des protestants et faire détruire ses remparts et son donjon. Grandier s'oppose aux projets du cardinal. L'affaire du couvent des Ursulines tombe bien à propos et va être instrumentalisée. Des exorcismes, suivis par un public nombreux,  sont pratiqués sur les religieuses et Grandier, qui malgré les pires tortures clame jusqu'à la fin son innocence, est brûlé sur le bûcher.

L'internet crée de la diversité et des possibilités pour les gens aux quatre coins du monde, mais aussi la possibilité de faire avaler une prétendue vérité à beaucoup.
Si vous voulez détruire à coup sûr la carrière d'un personnage public, vous devez utiliser quelque chose de sexuel, cela suscitera toujours l'indignation.
                                                                                         
                                                                                                          Simon Stone

Simon Stone développe une interprétation proche du texte tout en situant l'action dans le monde contemporain, en établissant des rapprochements avec la situation sociologique et politique actuelle. Il s'intéresse particulièrement à la sexualité féminine et à la façon dont une société la dénigre. Il établit un parallèle entre les nonnes du 17ème siècle, ces femmes qui sont souvent placées dans des couvents car leurs familles n'ont pas les moyens de les marier, ou qu'elles sont devenues veuves, et qui se voient de facto privées de leur épanouissement sexuel, et la condition de nombreuses femmes aujourd'hui qui ne peuvent pas vivre librement leur désir, leur plaisir, la réalisation de leurs propres aspirations. La lutte pour les droits des femmes est loin d'être terminée.  Pour Stone, l'opéra exprime un inconscient incontrôlable, le désir  patriarcal de dominer le corps de la femme. 
Le volet politique se déroule d'abord de manière totalement indépendante du volet sexuel et religieux pour progressivement s'en rapprocher et s'y entremêler, ce qui va perdre Grandier, qui n'a pourtant jamais été en contact avec les nonnes du couvent des Ursulines. C'est là qu'intervient la force de la propagande.
Le scénographe Bob Cousins a installé un grand cube de blocs blancs sur le plateau tournant dont les differentes découpes des quatre côtés, réaménageables au fil du déroulement de l'action, présentent différents lieux de la ville de Loudun : l'église dont Grandier est curé, le couvent des Ursulines avec sa salle commune, sa chapelle, ses différents étages et sa cage d'escalier, le tribunal, la prison, la salle de torture, le crématorium qui est la solution trouvée pour ne pas installer un bûcher sur scène. Après sa condamnation, Grandier qui a été entièrement rasé, sourcils compris, et dont les ongles ont été arrachés, est promené quasi nu tout autour des faces du cube où sont amassés les habitants de la ville munis de fouets, qui le flagellent l'un près l'autre. Grandier, qui n'a pas avoué, sera sanglé vivant sur un chariot que l'on poussera dans un four crématoire.
Les costumes de Mel Page sont contemporains. La propagande exploite les ressources de l'internet, de nombreux personnages consultent leurs portables qui les submergent d'informations mesongères sur les possessions diaboliques et la culpabilité de Grandier.


Die Teufel von Loudun sont une satire politique, un thriller choquant et une histoire d'amour absurde et abracadabrante avec des éléments d'un film d'horreur érotique, le tout en un.
 Vladimir Jurowski

Jurowski considère Die Teufel comme " le pendant est-européen des Soldats de Bernd Alois Zimmermann, une suite de Wozzeck à l'époque moderne et définitivement l'une des pièces de théâtre musical les plus radicales du XXe siècle, aussi pertinente politiquement et socialement que radicale en tant qu'œuvre d'art. C'est un spectacle incroyablement efficace, avec une bonne dose d'érotisme, plein de fantasmes sexuels issus des couvents de femmes et, dans les scènes de torture et d'exécution, d'une cruauté atroce qui exerce néanmoins une fascination inquiétante."
La musique des Diables  semble entièrement mise au service de l'action théâtrale qu'elle transpose avec une diversité de moyens fascinante : "Tout y est, du grégorien aux cloches enregistrées, des saxophones barytons à la basse électrique et à la scie chantante amplifiée. Toutes les facettes de l'utilisation de la voix dans le théâtre moderne sont titillées : le simple chant d'église, le chant d'opéra, le semi-parlé, la déclamation sur scène —  mais aussi des expériences presque circassiennes, comme Jeanne qui, dans un état de possession, se met soudain à parler avec la voix de Léviathan, une voix d'homme anormalement grave, à réaliser avec des trucs de théâtre. Avec ses grappes de voix multiples, le chœur crée des paysages sonores, des espaces acoustiques comme des nuages suspendus au-dessus de l'action. L'orchestre est grand, mais toujours utilisé de manière ciblée. Il ne brille pas pour lui-même et se passe de grands interludes symphoniques. Au lieu des groupes habituels de 1er et 2e violons, il y a vingt voix propres et individuelles, ce qui rend la partie instrumentale incroyablement colorée  presque comme la bande-son d'un film." (Extraits de la présentation de l'oeuvre par Vladimir Jurowski).
Sa direction d'orchestre témoigne d'une maîtrise visionnaire de l'oeuvre dont il déploie la magie instrumentale avec une acuité et une détermination peu communes. Si on a l'opportunité de voir et la fosse et la scène, on aperçoit la chevelure léonine du maestro et la précision des injonctions que ses mains et son jeu de doigts agile lancent à l'orchestre. À la fin de cette première saison, le public munichois peut pleinement apprécier son bonheur d'avoir reçu en partage un chef aussi inspiré.

On attendait Wolfgang Koch et on regrette que la maladie ait touché ce grand artiste. Ce n'est sans doute que partie remise et la soirée est d'une telle qualité qu'on y reviendra dès que le chanteur pourra faire sa prise de rôle tant attendue. Mais le Bayerische Staatsoper a pu faire des miracles : Wolfgang Koch a dû se désister le matin de la générale et l'opéra de Munich a su très vite réagir avec un professsionalisme qui laisse pantois. Robert Dölle, un excellent comédien du Théâtre de la Résidence, a repris le rôle sur scène et a interprété les parties parlées. Il est parvenu à l'apprendre en un temps record et l'a joué sans aucun accroc avec une force de conviction et une authenticité extraordinaires. Le baryton dramatique  hawaaien Jordan Shanahan a chanté Grandier assis sur une estrade en fond de fosse d'une voix puissante aux graves magnifiques, vibrante de vérité, d'une expressivité rare dans l'expression de la transformation de son personnage qui passe progressivement de l'état de curé dilettante opportuniste et libertin à celui de martyre clamant la vérité sous les plus atroces tortures. Un chanteur unaniment acclamé dont on aura à coeur de suivre la carrière.

On connaît l'éclatante carrière d'Ausrine Stundyte, son engouement pour des rôles électrisés du répertoire du 20ème siècle : l'Elektra de Strauss, la Katerina Ismailova de Lady Macbeth von Mzensk de Chostakovitch ou la Renata de L'Ange de feu de Prokofiev. Sa prise de rôle munichoise de la Mère Jeanne est bien dans la ligne de ses rôles de prédilection : une femme tourmentée, tiraillée entre une morale imposée et une sensualité exarcerbée par les interdits, une femme en souffrance et désespérée, qui finit par se croire réellement possédée par les démons. Ausrine Stundyte s'est immergée dans la psychologie complexe de son personnage dont elle interprète avec une sensibilité raffinée les errances, les instabilités et l'évolution qui conduit au repentir. Son jeu théâtral est à l'aune de la beauté de son chant, d'une vérité criante et exacerbée.

La distribution est exceptionnelle, le Philippe de Danae Kontora, le père Barré de Martin Winkler, le baron de Laubardemont de Wolfgang Ablinger-Sperrhacke, tous les interprètes et les choeurs sont unanimement ovationnés.

Ces Diables sont une des meilleures soirées d'opéra à laquelle il nous ait été donné d'assister, fascinante, percutante, bouleversante, grandiose, gigantesque, inoubliable. Une mise en scène tirée au cordeau, serrée, précise. La direction d'orchestre concentrée, visionnaire, hallucinée, magicienne. La fascination de la musique qui soutient à chaque instant le drame. Des acteurs interprétes criant de vérité,... L'oeuvre est haletante et à la fois dure à supporter tant elle est intense et que la sexualité et la cruauté y sont portées au paroxysme. Il se peut qu'on en sorte en état de choc, car elle n'est pas charismatique mais confrontante. Ou en état d'extase tant sa beauté dans la mise en scène et l'interprétation munichoise est confondante !

Compte-rendu de la première du 27 juin 2022

Distribution : Jeanne - Aušrinė Stundyte ; Claire - Ursula Hesse von den Steinen ; Gabrielle - Nadezhda Gulitskaya ; Louise - Lindsay Ammann ; Philippe - Danae Kontora ; Ninon - Nadezhda Karyazina ; Grandier - Jordan Shanahan ; Père Barré - Martin Winkler ; Baron de Laubardemont - Wolfgang Ablinger-Sperrhacke ; entre autres.
Choeurs et orchestre du Bayerische Staatsoper ; Direction d'orchestre Vladimir Jurowski ; Mise en scène de Simon Stone ; Décors de Bob Collins ; Costumes de Mel Page ; Lumières de Nich Schlieper. 

STREAMING VIDÉO

BR-KLASSIK a retransmis la première de Die Teufel von Loudun en direct de la Bayerische Staatsoper le lundi 27 juin 2022.   La retransmission vidéo est disponibles au visionnage  trois semaines après la diffusion. Cliquer ici.

lundi 27 juin 2022

Die Teufel von Loudun / Les diables de Loudun, l'opéra de Penderecki ce soir en livrestream

 Image


Ce soir la première du Festival d'été du Bayerische Staatsoper de Munich en livestream chez vous !

DIE TEUFEL VON LOUDUN

Opéra en trois actes. Livret du compositeur basé sur The Devils of Loudun d'Aldous Huxley dans la dramatisation de John Whiting à partir de la traduction allemande du drame d'Erich Fried (1968/69, révisé en 2011/12) Première mondiale : Hambourg, 20 juin 1969 Première de la version révisée : Copenhague, 12 février 2013.
L'opéra de Krzysztof Penderecki est chanté en allemand avec surtitres en allemand et en anglais.
Première ce 27 Juin 2022 à 19H

La première de Die Teufel von Loudun de Krzysztof Penderecki aura lieu le lundi 27 juin 2022, à 19 h, en ouverture du Festival d'Opéra de Munich de cette année. Wolfgang Koch, qui devait chanter le rôle de Grandier, a malheureusement dû annuler la première pour cause de maladie.

L'opéra a rarement été joué ces dernières années, ce qui a rendu la sélection des chanteurs extrêmement compliquée. Le BSO a trouvé une solution très inhabituelle : Robert Dölle, de la troupe du Théâtre de la Résidence, interprétera le rôle scéniquement et le baryton dramatique hawaaien Jordan Shanahan chantera le rôle d'un côté de la scène.



Avec dans les rôles principaux :

Jeanne - Aušrinė Stundytė
Claire - Ursula Hesse von den Steinen
Gabrielle - Nadezhda Gulitskaya
Louise - Lindsay Ammann
Philippe - Danae Kontora
Ninon - Nadezhda Karyazina
Grandier - Jordan Shanahan
Vater Barré - Martin Winkler
Baron de Laubardemont - Wolfgang Ablinger-Sperrhacke

Bayerischer Staatsopernchor, Extrachor der Bayerischen Staatsoper
Bayerisches Staatsorchester
Direction d'orchestre: Vladimir Jurowski
Mise en scène de Simon Stone

Video-Livestream www.br-klassik.de ce 27 juin à 19 heures.

Heute is morgen, trois chorégraphies contemporaines interprétées par le Ballet d'État de Bavière

Avec le concept Heute is morgen (Aujourd'hui c'est déjà demain)  le Ballet d'État de Bavière propose depuis la saison dernière à de jeunes chorégraphes la possibilité de présenter leurs créations sur la scène du Prinzregententheater. Cette année, on a pu apprécier le travail de trois chorégraphes qui ont aussi conçu les décors et les costumes de leurs spectacles :  Özkan Ayik, Jonah Cook et Philippe Kratz ont donné à voir les directions dans lesquelles le ballet pourrait se développer à l'avenir. Trois nouvelles signatures artistiques accueillies avec chaleur et enthousiasme par un public de connaisseurs. 

Dunkelgrau

ÖZKAN AYIK — GRIS FONCÉ  / DUNKELGRAU

Özkan Ayik  signe sa troisième création avec le Bayerisches Staatsballett (la seconde dans  le cadre de Heute ist morgen), sur une musique composée entre autres par le groupe The Vernon Spring. Pour Ayik, la couleur grise représente un monde intermédiaire, qui oscille entre les pôles blanc et noir. Le gris a donc quelque chose d'indécis, de changeant, qui invite à faire un choix. Huit danseurs vêtus de gris foncé évoluent dans un espace sombre. Dans des mouvements groupés on les voit souvent de dos exprimer leur intériorité sans qu'ils ne soient d'abord en communication les uns avec les autres, ce qui crée un effet d'isolement et de solitude au sein même de la foule. Un cône de lumière délimite ensuite l'espace de l'expression individuelle et permet à chacun des danseurs de sortir du moule commun, qui définit une gestuelle standard et obligée,  et de l'anonymat. La fin de la chorégraphie est la plus heureuse, c'est le moment de la rencontre et de l'échange, de la sortie de l'isolement. Sans qu'il y ait de narration à proprement parler, on perçoit bien une progression qui va d'une expression de l'intériorité d'individualités isolées dans la masse qui leur dicte leurs mouvements vers une extériorisation d'abord individuelle puis dans la rencontre. Le jeu subtil des éclairages et des fumées (lumières de Christian Kass) qui baignent la chorégraphie est particulièrement réussi.

Played — J. Cook /  K. Ryzhkova

JONAH COOK — PLAYED 

Jonah Cook, danseur étoile au Bayerisches Staatsballett,  fait ses débuts en tant que chorégraphe. Dans cette pièce pour cinq danseurs, dans laquelle il est lui-même sur scène, il s'intéresse aux différentes facettes du jeu : le jeu de divertissement, comme celui que pratiquent les enfants, le jeu comme manipulation, l'action de personnes qui cèdent au caprice ou à la fantaisie, le jeu amoureux, les jeux sexuels, les jeux d'habillage et de déshabillage, de travestissement, les jeux des mauvais joueurs et ces jeux plus terribles, aux facettes sombres dans lesquelles le jeu tourne à la mort. La chorégraphie a été créée entre autres sur des morceaux de musique de Neil Young et d'Elvis Presley. Au départ, on pourrait trouver son ballet un peu simpliste, avec ce danseur qui jaillit du public, enjambe les rangs et déboule sur scène où il s'introduit dans un grand sac noir et y disparaît, jouant à se faire oublier, on pourrait aussi le trouver plutôt vulgaire. Mais très vite ces impressions disparaissent et on se met à apprécier ce ballet très animé, souvent acrobatique avec des éléments de mobilier, comme un grand canapé en cuir, qui deviennent des éléments de la chorégraphie, ce ballet très comique et humoristique (Jonah Cook est anglais, et les Anglais ont inventé l'humour, c'est bien connu !), souvent alcoolisé (les Britanniques ont aussi inventé le pub !), orchestré dans une mise en scène ébouriffante, avec des mouvements de danse et un décor étonnants, dont un vestiaire en fond de scène et des vêtements qu'on empile dans des valises trop petites et qui ne ferment pas. La chair est triste, hélas, et le sexe pas aussi satisfaisant qu'on l'aimerait, mais Dieu que c'est drôle et surtout superbement dansé ! Voilà des débuts bien prometteurs.

To get to become — Ensemble

PHILIPPE KRATZ — TO GET TO BECOME

Le chorégraphe Philippe Kratz a été désigné chorégraphe de l'année 2020 par le magazine italien Danza&Danza et collabore souvent avec la Scala de Milan. Pour To get to become ce sont les grandes œuvres de l'écrivain américain James Baldwin, une icône du mouvement des droits civiques aux États-Unis, qui l'ont inspiré Philippe. La chorégraphie pour sept danseurs laisse entrevoir une sorte de constellation familiale, avec toutes ses dynamiques différentes d'association et de dispersion présentées dans des mouvements d'une technicité impeccable et raffinée. La structure se caractérise par une dispersion et un rassemblement permanents en groupe et en solo. Le tout est accompagné, entre autres, de la musique du groupe Gabriels. Kratz ne fait pas du Baldwin, mais s'est nourri de Baldwin. Il tente d'exprimer par le ballet les drames de la société humaine, les gouffres de la misère humaine. On voit des groupes sociaux se former, s'aligner et être emportés sur des lignes dans des progressions mécaniques avec des rapprochements  alternatifs rapides des talons et des pointes, des évolutions qui rappellent le shuffle. Ici aussi, comme dans la première chorégraphie, le jeu des lumières, des flambeaux en fusées et des fumées (lumières de Carlo Ceri) est du plus bel effet.

Ces trois chorégraphies porteuses d'avenir ont séduit le public qui a réservé une belle ovation aux danseurs et aux chorégraphes.

Crédit photographique © Katja Lotter

dimanche 26 juin 2022

27. Juni — Siebenchläfertag Bauernregel — 27 juin Fête des sept dormeurs Météo populaire

Die sieben Schläfer von Ephesus, Illumination im Weißenauer Passionale, um 1170
Les sept dormants d'Éphèse, dans un codex de 1170

[FR] Le 27 juin, la Journée des sept dormeurs (ou sept dormants) est une fête commémorant la légende des Sept dormeurs ainsi que l'un des éléments les plus connus des traditions météorologiques traditionnelles qui subsistent en Europe germanophone.

La légende

Le Jour des Sept Dormants doit son nom à une ancienne légende. Selon cette légende, sept jeunes chrétiens avaient cherché refuge dans une grotte de montagne près d'Éphèse à l'époque de la persécution des chrétiens sous l'empereur Dèce (249-251). Ils ont été découverts et emmurés vivants. Selon la légende, ils ne sont pas morts, mais sont restés endormis pendant 195 ans. Le 27 juin 446, ils ont été découverts par hasard, se sont réveillés, ont témoigné de la foi en la résurrection des morts et sont morts peu après.

Voici la légende racontée par le comte Louis-Philippe de Ségur (1753-1830) dans son Histoire universelle :

[...] Sous l'empire de Décius, sept jeunes nobles d'Ephèse, chrétiens et persécutés, se cachèrent dans une caverne pour éviter la mort. Le tyran la fit murer. Dieu, protégeant ces jeunes martyrs, les plongea dans un profond sommeil qui dura cent quatre-vingt-sept ans, et qui finit lorsque Pulchérie et Théodose II occupaient le trône d'Orient. A cette époque,  Adolius, propriétaire de la montagne où se  trouvait cette caverne, en fait extraire des pierres pour construire un bâtiment. Le jour pénétre dans le souterrain. Les sept dormeurs s'éveillent, croyant ne s'être reposés que quelques heures. Jamblius, l'un d'eux, se charge d'aller à la ville pour y chercher du pain. Il ne reconnaît plus ni l'aspect de la contrée, ni les traits de ses habitans; il approche d'Ëphèse, et voit, avec autant de joie que de surprise, la croix briller sur le faîte des temples. Entrant chez un boulanger, il étale pour le payer plusieurs pièces de monnaie, frappées au coin de Décius. Le boulanger s'en étonne, les voisins accourent,  la multitude s'attroupe ; on le traîne devant le juge croyant qu'il a découvert un trésor. Son récit paraît une imposture ; cependant on envoie chercher ses compagnons. La candeur de leurs réponses, les détails de l'histoire qu'ils racontent, et l'accord qui règne dans leurs discours, persuadent les plus incrédules; enfin le peuple, les magistrats, l'évêque et l'empereur Théodose lui-même, convaincus que ces hommes saints sommeillaient en effet depuis près de deux siècles, s'humilient devant la puissance de Dieu,  et se prosternent aux pieds des sept martyrs qui expirent tous ensemble, après avoir donné leur bénédiction aux spectateurs de cet inconcevable prodige. [...]

Decius fait emmurer les sept martyrs. Manuscrit du 14e siècle
Decius lässt die sieben Märtyrer einmauern. Manuskript aus dem 14. Jh.

Des dictons météorologiques en Allemagne

L'Allemagne a conservé toute une série de dictons avançant des prévisions météorologiques en fonction du temps qu'il fait le 27 juin. S'il pleut le 27 juin, c'est parti pour sept semaines de pluies.Le temps qu'il fait le 27 juin déterminerait le temps des semaines suivantes.

[DE] Legende 

Der Siebenschläfertag ist der liturgische Gedenktag für die sieben Schläfer von Ephesus am 27. Juni. Seinen Namen verdankt der Siebenschläfertag einer alten Legende. Danach hatten sieben junge Christen in der Zeit der Christenverfolgung unter Kaiser Decius (249–251) in einer Berghöhle nahe Ephesos Zuflucht gesucht. Sie wurden entdeckt und lebendig eingemauert. Der Legende nach starben sie nicht, sondern schliefen 195 Jahre lang. Am 27. Juni 446 wurden sie zufällig entdeckt, wachten auf, bezeugten den Glauben an die Auferstehung der Toten und starben wenig später.

Bauernregel

Wie das Wetter am Siebenschläfer sich verhält, ist es sieben Wochen lang bestellt.
Wenn’s am Siebenschläfer regnet, sind wir sieben Wochen mit Regen gesegnet.
Das Wetter am Siebenschläfertag sieben Wochen bleiben mag.
Wie’s Wetter am Siebenschläfertag, so der Juli werden mag.
Wenn die Siebenschläfer Regen kochen, dann regnet’s ganze sieben Wochen.
Ist der Siebenschläfer nass, regnet’s ohne Unterlass.
usw. 

La Sylphide dans la version de Pierre Lacotte au Ballet d'État de Bavière — Quatrième partie

Maria Taglioni (1804-84) in  La Sylphide, Souvenir d'Adieu  (6 lithographies d'Alfred-Édouard Chalon, 1845) Nous poursuivons notre e...