Monument au vaillant forgeron de Kochel. Il est l'oeuvre du sculpteur bavarois Anton Kaindl (1849-1922). Photo Luc-Henri Roger |
Le village de Kochel est situé au bord d'un lac vaste et calme, où se reflète la masse imposante de l'Herzogenstand, à l'entrée de la grande plaine qui s'étend vers Munich.
Fidèles à leur roi et à leurs montagnes qui furent les remparts de leur libre pays, les gens de Kochel sont fiers de l'héroïsme de leurs ancêtres, de leur forgeron devenu légendaire dans toute la Bavière.
C'était pendant la guerre de la succession d'Espagne, au commencement du 18ème siècle. Le prince électeur de Bavière, Max-Emmanuel, prétendait au trône et, soutenu par Louis XIV qui haïssait les Pays-Bas espagnols, ses troupes alliées aux troupes françaises avaient été battues par les Autrichiens à Hœchstsedt sur le Danube; après cette défaite, Max-Emmanuel dut s'enfuir de ses Etats (1704), laissant ses enfants à Munich, captifs des Autrichiens.
Le peuple, bientôt las de l'occupation étrangère, résolut de se soulever et de délivrer les jeunes princes. Des patriotes comme Plinganser, Jœger, formèrent une conjuration dont le siège fut Kochel ; le forgeron Balthes en devint le chef. Cinq mille montagnards partirent sous sa conduite, tandis que du Nord sept mille Bas-Bavarois se mettaient aussi en mouvement. Mais ils furent trahis par le syndic de Starnberg, et les Autrichiens empêchèrent aisément la jonction des deux troupes de paysans.
Le jour de Noël de 1705, les montagnards arrivaient à la porte de Munich où, ayant espéré vainement le secours de ceux de la plaine, ils se battirent héroïquement contre des forces supérieures, au cimetière de Sendling. C'est là que « le forgeron de Kochel », avec des prodiges de bravoure, défendit son drapeau jusqu'à ce que presque tous ces compagnons fussent tombés. Quelques-uns seulement, survivants de ce sanglant Noël , furent pris et traités en rebelle par les vainqueurs.
Photo Dominik Hundhammer |
De ce combat, resté présent, après plus de cents ans, dans l'imagination populaire, un peintre a conservé le souvenir dans une fresque extérieure de l'église de Sendling (La Sendlinger Bauernschlacht à l'église St. Margaret à Munich Sendling). Au milieu du tableau de Lindenschmitt se tient le gigantesque Forgeron, tel que nous le retrouvons sur les couvercles des chopes de la Kochel-Bräu (brasserie munichoise), à laquelle il sert d'enseigne, brandissant un timon de chariot, dont il enfonce la porte de la ville.
Couvercle de chope de la Kochel-Bräu München
Timbre réclame pour la brasserie de Kochel (Munich) |
Comme celle du héros de l'indépendance suisse, l'existence de ce Guillaume Tell bavarois a été discutée et contestée par la critique moderne, mais la légende subsiste, vivace, et le forgeron de Kochel personnifie la résistance de la puissance des montagnards à la chevalerie autrichienne qui devait y mettre fin.
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