L'Illustré national du 25 septembre 1898.
Source : BnF / Gallica
La Revue spirite , reprise par l'Echo du merveilleux du 15 janvier 1905, citait un article de la Feldpost relatant l'histoire d'un corbeau de mauvais augure annonciateur de l'assassinat de l'impératrice Elisabeth
[...] Outre le spectre de la Dame blanche qui apparaît à la Hofbourg de Vienne toutes les fois qu'un malheur doit arrivera la famille impériale d'Autriche et qui apparut dans l'hiver de 1898 avant le drame de Meyerling et, quelque temps après, avant l'assassinat de l'impératrice Elisabeth, l'apparition d'un corbeau, à ce qu'il paraît, est aussi toujours l'avant-coureur d'un malheur qui doit arriver à la famille des Habsbourg. La gazette Die Feldpost, paraissant en Autriche, a publié un article où se trouvent les faits intéressants suivants : Le jour du couronnement de l'empereur François-Joseph Ier, en 1848, une vingtaine de corbeaux planaient au-dessus de la ville d'Olmutz et ils ne s'envolèrent qu'après la cérémonie terminée. Lorsque Maximilien, frère de l'empereur François-Joseph, empereur du Mexique, et sa femme, l'impératrice Charlotte, allaient, en juillet 1863 s'embarquer à Miramar pour se rendre au Mexique, un corbeau apparut, plana au dessus des têtes du couple impérial, dans sa dernière promenade sur le quai d'embarcation, et vint ensuite se poser sur le banc de marbre où ils s'étaient assis, et on ne put l'en chasser. Quand l'archiduchesse Marie-Christine se maria avec Alphonse XII, roi d'Espagne, en 1875, un corbeau apparut inopinément, poussa des cris lugubres, et suivit avec insistance la voiture, où le couple royal se trouvait, jusqu'à la cathédrale. Ensuite, il planait en poussant des cris au-dessus de l'église et ne disparut qu'après la cérémonie terminée. Il reparut le lendemain au moment où le couple royal se rendait à la gare. L'impératrice Elisabeth d'Autriche, qui fut assassinée à Genève par l'anarchiste Luccheni, en séjour au Grand-Hôtel de Caux-sur-Montreux, dans, le canton de Vaud, en Suisse, avait fait, quelques jours avant son assassinat, une excursion avec son lecteur, le professeur Barker, sur les hauteurs de Territet. Là ils s'assirent sur un rocher, devant un magnifique panorama alpin. Le professeur Barker commença la lecture du célèbre roman : Corleone de Marion Crawford, l'impératrice pela une pêche et en offrit la moitié au professeur. lorsque subitement un grand corbeau apparut, vint voler directement vers l'impératrice et, d'un vigoureux coup d'aile, fit voler là pêche de sa main. Barker ayant entendu dire, à, Vienne, que l'apparition d'un corbeau à un membre de la famille de Habsbourg était toujours l'avant-coureur d'un malheur, se leva brusquement, pâle de terreur, prêt à se sauver. Mais l'impératrice se mit à rire et dit :
— Allons donc, n'ayez pas peur... Je ne suis pas superstitieuse... Si quelque malheur cependant devait m'arriver, je ne saurais l'éviter... D'ailleurs, vous savez ce que je pense de là mort... Pour moi, la mort, c'est la délivrance. Je l'attends avec impatience depuis dix ans. »
Le professeur Barker répondit :
— L'apparition de cet oiseau de mauvais augure m'inquiète fort, attendu que j'ai eu la nuit passée un rêve affreux... Dieu veuille que je me trompe .. mais il va bientôt nous, arriver un grand malheur...
À ces mots l'impératrice haussa les épaules et répondit :
— J'espère, mon cher professeur, que vous ne croyez pas aux rêves... D'ailleurs, rien ne peut plus m'effrayer... Je suis devenue fataliste... Ce qui doit arriver arrivera nécessairement.
Le lendemain l'impératrice fut poignardée par Luccheni. [...]
Jean des Cars raconte lui aussi l'anecdote du corbeau, mais en la situant dans des circonstances différentes : le 9 septembre, l'impératrice traverse le lac Léman en bateau-vapeur. Après un déjeuner chez la baronne Julie de Rothschild qui l’a invitée dans sa villa de Pregny, Élisabeth s’installe à l’hôtel Beau-Rivage à Genève. Puis, elle s’assied un moment dans le jardin Brunswick, situé à côté du palace, avec sa première dame d’honneur et confidente la comtesse hongroise Irma Sztàray. C’est alors que survient un événement anecdotique que cite Jean des Cars: « Dans sa main, Sissi tient une pêche qu’elle a achetée pour se rafraîchir. Au moment où elle va mordre dans le fruit, un corbeau, très attiré lui aussi, fait tomber le fruit d’un battement d’ailes. Élisabeth se lève brusquement et, très pâle, dit : "Un corbeau n’est pas bon signe. Il annonce toujours un malheur dans notre maison…" L’épouse de l’empereur d’Autriche ne s’était pas trompée, le malheur allait frapper et dès le lendemain.»
Notons encore que plusieurs récits de Mayerling racontent que lors de la première visite que rendit Mary Vetsera accompagnée de la comtesse Larisch au prince héritier Rodolphe à la Hofburg, alors qu'un valet les conduisait aux appartements du prince par un itinéraire compliqué, un corbeau apprivoisé appartenant au prince vint frôler les cheveux de la jeune femme. Notre recueil Rodolphe. Les textes de Mayerling évoque cet incident (p. 409, traduction du texte de la princesse Nora Fugger).
J'invite mes lectrices et lecteurs que l'histoire des Habsbourg et des Wittelsbach passionne à découvrir les textes peu connus que j'ai réunis dans Rodolphe. Les textes de Mayerling (BoD, 2020).
Voici le texte de présentation du recueil (quatrième de couverture):
Suicide, meurtre ou complot ? Depuis plus de 130 années, le drame de Mayerling fascine et enflamme les imaginations, et a fait couler beaucoup d'encre. C'est un peu de cette encre que nous avons orpaillée ici dans les fleuves de la mémoire : des textes pour la plupart oubliés qui présentent différentes interprétations d'une tragédie sur laquelle, malgré les annonces répétées d'une vérité historique définitive, continue de planer le doute.
Comment s'est constituée la légende de Mayerling ? Les points de vue et les arguments s'affrontent dans ces récits qui relèvent de différents genres littéraires : souvenirs de princesses appartenant au premier cercle impérial, dialogue politique, roman historique, roman d'espionnage, articles de presse, tous ces textes ont contribué à la constitution d'une des grandes énigmes de l'histoire.
Le recueil réunit des récits publiés entre 1889 et 1932 sur le drame de Mayerling, dont voici les dates et les auteurs :
1889 Les articles du Figaro
1899 Princesse Odescalchi
1916 Augustin Marguillier
1921 Princesse Louise de Belgique
1932 Princesse Nora Fugger
Le dernier récit, celui de la princesse Fugger, amie de la soeur de Mary Vetsera, est pour la première fois publié en traduction française. Il n'était jusqu'ici accessible qu'en allemand et en traduction anglaise.
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