jeudi 29 octobre 2020

Un article de CULTURE AVENUE présente mon livre Marie Kalergis-Mouchanoff, née Nesselrode

Le magazine culturel polonais Culture Avenue publie un long article de la journaliste germano-polonaise Jolanta Łada-Zielke présentant ma publication consacrée à la comtesse Marie Kalergis-Mouchanoff, née Nesselrode, une des plus grandes pianistes du 19e siècle, qui inspira la Symphonie en blanc majeur de Théophile Gautier, élève de Chopin, amie et mécène de Franz Liszt et de Richard Wagner, cosmopolite, grande voyageuse, qui fut si importante pour l'influence qu'elle exerça  dans la Varsovie du 19ème siècle et le soutien qu'elle apporta aux musiciens polonais.

Voici l'entame de l'article en polonais: 

O Marii Kalergis (1822-1874) usłyszałam po raz pierwszy w wieku dziesięciu lat, kiedy omawialiśmy na lekcji języka polskiego okoliczności premierowego wystawienia Halki Stanisława Moniuszki w Warszawie, w 1858 roku. Maria Kalergis pomogła kompozytorowi finansowo i logistycznie w tym przedsięwzięciu. Później dowiedziałam się, że wspierała również działania innego przedstawiciela nurtu opery narodowej w dziewiętnastowiecznej Europie, mianowicie Ryszarda Wagnera. Ostatnio uzupełniłam swoją wiedzę o niej, czytając książkę Maria Kalergis-Mouchanoff, z domu hrabianka Nesselrode. Pamiętniki i korespondencja białej wróżki, która ukazała się w języku francuskim w styczniu 2020, nakładem wydawnictwa BoD. Autorem opracowania jest Luc-Henri Roger, belgijski pisarz zamieszkały w Bawarii, który napisał kilka książek o tematyce związanej z królem Ludwikiem II i Ryszardem Wagnerem.

Pour lire le reste de l'article : https://www.cultureave.com/czar-bialej-wrozki/



Pour lire les premières pages du livre : https://www.bod.fr/librairie/marie-kalergis-mouchanoff-nee-nesselrode-9782322131310 (puis aller sur l'onglet lire un extrait)

Pour commander le livre  : dans le monde entier via les libraires en ligne (BoD, FNAC, Hugendubel,, Amazon, Le Furet du Nord, Decitre, etc.) ou en commande chez votre librairie préféré (ISBN 9782322131310)

Livre en version papier ou en Ebook


mardi 27 octobre 2020

Le couple impérial à Pesth en 1857 — Une correspondance du Monde illustré



L'Empereur et l'Impératrice d'Autriche.

(Correspondance particulière du Monde illustré. Article publié le 13 juin 1857).

Pesth, le 6 juin.

    La mort si rapide qui a enlevé au jeune empereur et à la jeune impératrice d'Autriche l'aînée de leurs filles, la petite archiduchesse Sophie, a subitement interrompu le voyage de Leurs Majestés dans l'intérieur du royaume de Hongrie. L'entrée et le séjour de Leurs Majestés dans la capitale étaient déjà un fait brillamment et somptueusement accompli ; le départ de Pesth pour l'intérieur, d'abord fixé au 14, avait été inopinément rejeté au 23, par suite des inquiétudes causées par la mauvaise santé de la seconde fille de l'empereur, l'archiduchesse Giselle.Le 23 mai dernier, l'enfant se trouvait tout à fait bien ; Leurs Majestés avaient entrepris ce rude et fatigant voyage, ne prévoyant assurément pas que si peu de jours après ils auraient à l'interrompre pour revenir en toute vitesse à leur résidence impériale de Bude, et donner ce douloureux et poignant baiser de l'éterneladieu à l'autre de leurs filles, à l'aînée, à cette charmante petite princesse qu'une semaine auparavant nous voyions encore, du fond des équipages de la cour, adresser des sourires et faire des signes de main aux populations accourues pour les fêtes.
    Leurs Majestés, retournées à Vienne, reviendront-elles prochainement en Hongrie ? poursuivront-elles dans l'intérieur le voyage qu'elles avaient à peine commencé ? visiteront-elles les villes et les grands centres de population qui les attendaient et qui avaient fait des frais énormes pour répondre à la solennité d'une première visite d'impératrice ? Tout le monde l'ignore encore ; les uns disent oui, les autres non ; mais pour nous, le vrai est que personne n'en sait rien, et que d'ailleurs la tombe de l'enfant est trop récemment fermée pour que le père et la mère puissent eux-mêmes annoncer leurs décisions.
    Pour le moment, nous nous reporterons sur l'ensemble des circonstances de ce voyage, et comme nous étions peut-être le seul étranger à l'Autriche présent à l'arrivée impériale à Debreczin, arrivée qui a sitôt été suivie d'un départ inattendu, nous pouvons dire que nous ne parlons pas et ne racontons pas d'après des yeux d'emprunt.
    À ce voyage même se rattache une circonstance tout exceptionnelle qui lui donne un prestige peu ordinaire : je veux dire que son vrai but a été la présentation de la jeune impératrice, par son époux, à ces diverses populations, dont la réunion fait de l'Autriche une si étrange et si vaste mosaïque. Aussi faut-il bien le dire, les frais de réception ont été partout énormes et partout variés : en quelques districts, toutle pittoresque des vieux usages honorifiques a été remis en scène. Ainsi dans le district des Kumanyes et des Jazygiers, visités le 23 et le 24 mai par Leurs Majestés, la plus belle postérité des fils et des filles d'Attila est venu en costume traditionnel et exclusivement national présenter les cadeaux de la tribu au souverain et à la souveraine. D'admirables paysannes, reines de beauté et types de pur race, ont mis un diadème sur la tête de la charmante princesse, tandis que douze à quinze cents cavaliers-paysans, revêtus du dolman foncé et coiffés du kalpak noir, chevauchaient autour du trône dont ils étaient l'escorte.
    Partout où l'impératrice Elisabeth se présente, elle s'assure des suffrages, car sa figure et son maintien, doués de tant de jeunesse, sont pleins de charme et invitent à ce sourire aimable que produit toujours, sur les individus comme sur les foules, le spectacle de la beauté et de la grâce. Les peuples les plus froids comme les plus accessibles aux subites impressions adorent toujours la beauté extérieure, et lorsque les yeux sont séduits, l'esprit et le cœur suivent bien souvent les yeux. Les divers portraits qui existent de cette jeune impératrice, qui est une princesse de Bavière, m'ont, en général, tous paru fort au-dessous de la véritable ressemblance ; portraits équestres, portraits en pieds, portraits-figure, je n'en ai jamais rencontré un qui reproduisît exactement la finesse des traits, le sourire des regards et l'ensemble extrêmement gracieux et joli de la tête de cette souveraine : sa magnifique chevelure, rejetée à flots sur la nuque, conserve à la jeunesse de sa tête tout son éclat et rehausse en même temps la fraîcheur des tempes et du front. J'ai rarement vu femme se maintenir si belle en son printemps et gagner pareillement en beauté depuis ses fiançailles. Le hasard de mes voyages d'été, depuis quelques années, m'a mis à même de rencontrer souvent l'impératrice Elisabeth ; je la vis à Ischl, près de Salzburg, dès les premiers temps de son mariage; je la vis àVienne mainte et mainte fois, mais jamais je ne l'ai trouvée si radieuse et si jolie qu'en cette présente année et en ce présent voyage.
    Toutes les gazettes ont, à peu près, rendu compte de l'entrée solennelle de Leurs Majestés à Pesth ; nous ne redirons donc pas ce qui a déjà été dit, mais nous trouvons qu'on n'a point assez appuyé sur la splendeur et la tenue de quelques magnats hongrois, princes du cortège, soit par leur titre et leur position, soit parla somptueuse tenue de leur maison précédant ou accompagnant leur équipage. En raison de la seule richesse du costume, il n'est point de cortège qui puisse rivaliser avec le brillant et la magnificence d'un cortège hongrois, si petit et si peu nombreux qu'il soit. Un Magyar, en tenue traditionnelle, monté sur le plus bel animal de ses écuries non moins paré de chaînons et de bijoux que le maître, ou roulé dans un équipage de gala traîné par six chevaux est déjà tout un tableau. Aussi, pour être vrai, pour être exact, je dirai que ce qui distingua surtout le cortège hongrois de Leurs Majestés Apostoliques, le jour de leur entrée à Pesth, ce ne fut nullement le nombre des seigneurs et magnats, mais bien plutôt la pompe, l'éclat, la richesse, le superbe ton de la tenue de ceux qui y furent présents. Le vieux prince Batthiany, fort petit homme, mais extrêmement grand seigneur, était en un équipage si digne de sa fortune et de son nom, que la foule l'applaudit en certains endroits sur son passage : huit valets de pied à tricorne précédaient ses six chevaux d'attelage, conduits à la fois à la Daumont et à grandes guides; ses hussards traditionnels, avec peau de tigre au dos, servaient les portières du carrosse ; et, quant au prince lui-même, tout petit qu'il est de sa personne, il était certainement chargé de plus de perles et de bijoux qu'il faudrait pour orner trois couronnes de royaux. Le prince Esterhazy, héros de toutes les ambassades où il s'agit de sacrer ou marier des empereurs et des rois, et où il convient de porter sur soi pour un million et demi de diamants, tout en ne manquant pas d'esprit ni de verve, était aussi de cette fête et y faisait honneur ; après venait le lourd, mais assez imposant attelage où se prélassait Son Eminence le cardinal-prince-primat de Hongrie, et, en vérité, au passage de ses six pesants chevaux chamarrés d'armes d'Eglise et balayant la poussière de leurs queues à longs crins, on eût cru voir s'animer un détail d'une toile de Van der Meulen représentant le cérémonial des équipages du roi Louis XIV marchant à Versailles. Grand nombre d'autres étaient à la suite, et beaucoup, de forts brillants, à deux chevaux, aussi, avaient fort bel air et grand aspect, parmi les'quels la palme de l'éclat et du goût revenait à coup sûr à l'équipage du baron Simon Sina, dont les hussards, qui étaient d'argent sur azur, convenaient bien aux énormes frais du maître qui, pour les seules pierreries (émeraudes et diamants) de son costume porté en gala pour la première fois n'avait pas reculé devant une dépense de 370,000. francs. Après la suite des équipages des magnats, venait le groupe des magnats à cheval, mais il était peu nombreux. J'en ai compté douze, faisant fort belle et fort grande figure, ayant aussi à leurs côtés leurs hussards à pied. Le comte E Karoly montait un cheval pêche tout bardé de colliers et de médailles au poitrail et en têtière; on eût dit un de ces chefs de tribus orientales chantés dans les légendes. 
    Le malheur qui se mêle à tout, la fatalité cruelle qui aime à verser l'amertume, chez les petits comme chez les grands, sont venus apporter un souvenir de deuil maternel à ce voyage si bien entrepris. Nous ne pouvons que nous joindre à tous ceux qui déplorent cette douloureuse épreuve ; le fait est que le séjour de la résidence impériale de Bude avait tout d'abord séduit S. M. l'impératrice Élisabeth. Elle aimait ce splendide et grandiose aspect de cette capitale du royaume si majestueusement arrosée par la fougue capricieuse du Danube et dominée hautement par les collines pittoresques qui, à droite et à gauche, sur l'autre rive, servent d'assises à la tournure orientale de Bude. 
    Pendant ce même séjour de Leurs Majestés a Pesth et le troisième ou le quatrième soir, la ville offrit cet exemple rare d'une fête ou plutôt d'un spectacle public donné somptueusement aux frais d'un particulier à toute une population de 200,000 âmes. Assurément, au présent siècle, le fait est de peu de fréquence, mais ce qui est certain, c'est l'exactitude de ce fait et c'est aussi son succès. Il est vrai qu'aussi il faut reconnaître que celui qui offrait ce beau spectable public à Leurs Majestés, et à la population hongroise avide de ces curiosités fulminantes et fulgurantes, était M. le baron Simon Sina, c'est-à-dire un de ces hommes peu communs à trouver aujourd'hui pour lesquels les impossibilités du comte de Monte-Christo sont choses possibles et faciles. M. le baron Simon Sina — et je trouve cela fort remarquable - inaugure sa fortune comme d'autres la finissent, par testament ; il fait des donations si honorables, si considérables et si imposantes qu'en vérité, si on ne lui savait une fortune colossale, on croirait que le baron prend plaisir à exécuter lui-même son testament, afin d'éviter aux magistrats ad hoc tous les ennuis et discussions qui sont, en général, la triste suite de l'heure finale d'un ex-mortel très-millionaire. Par raison d'origine, — je cite ces détails à titre d'exemple — il donne un million à Athènes pour y asseoir une académie des sciences, par raison de citoyen, il comble de bienfaisances les pauvres de Vienne ; par raison de séjour il fait un bien énorme à ceux de Venise ; par raison de sympathie, il donne aux inondés de France, l'année dernière, 25000 fr. Donc, précédé par de pareils traits de genérosité, il se crut permis (et cette fois, par raison de baron hongrois et de haut propriétaire dans le royaume) de donner un lumineux divertissement à la population de la capitale, par un des plus beaux soirs du mois de mai. Moyennant 30,000 fr., il manda chez lui l'artificier de la cour de Vienne, et offrit à ses artifices pour scène et pour foyer le gigantesque pont du Danube, de telle sorte que pour loge de premières, Leurs Majestés n'eurent qu'à prendre le balcon de leur résidence impériale, splendide château dans le style le plus complet de Marie-Thérèse et qui est couronné par les hauteurs de Bude ; de telle sorte, dis-je, que pour stalles et pour parterre, la population entière eut d'un côté les collines et les montagnes, et de l'autre les immenses quais et les vastes rives du fleuve, dans les eaux enflammées duquel se reflétèrent, grâce à l'artificier viennois, les images d'un Vésuve en éruption et de mille autres inventions tout aussi infernales, mais non moins dignes d'être applaudies — et elles le furent — par les mains et les voix d'unefoule dont la place de la Concorde et les Champs-Élysées sont quelquefois à même de nous donner la mesure.
ARMAND BASCHET.

Invitation à la lecture

    
J'invite les lectrices et lecteurs que l'histoire des Habsbourg et des Wittelsbach passionne à découvrir les textes peu connus consacrés à mon ami le prince héritier Rodolphe réunis dans Rodolphe. Les textes de Mayerling (BoD, 2020).

Voici le texte de présentation du recueil  (quatrième de couverture):

   Suicide, meurtre ou complot ? Depuis plus de 130 années, le drame de Mayerling fascine et enflamme les imaginations, et a fait couler beaucoup d'encre. C'est un peu de cette encre que nous avons orpaillée ici dans les fleuves de la mémoire : des textes pour la plupart oubliés qui présentent différentes interprétations d'une tragédie sur laquelle, malgré les annonces répétées d'une vérité historique définitive, continue de planer le doute.
   Comment s'est constituée la légende de Mayerling? Les points de vue et les arguments s'affrontent dans ces récits qui relèvent de différents genres littéraires : souvenirs de princesses appartenant au premier cercle impérial, dialogue politique, roman historique, roman d'espionnage, articles de presse, tous ces textes ont contribué à la constitution d'une des grandes énigmes de l'histoire.

Le recueil réunit des récits publiés entre 1889 et 1932 sur le drame de Mayerling, dont voici les dates et les auteurs :

1889 Les articles du Figaro
1899 Princesse Odescalchi
1900 Arthur Savaète
1902 Adolphe Aderer
1905 Henri de Weindel
1910 Jean de Bonnefon
1916 Augustin Marguillier
1917 Henry Ferrare
1921 Princesse Louise de Belgique
1922 Dr Augustin Cabanès
1930 Gabriel Bernard
1932 Princesse Nora Fugger

Le dernier récit, celui de la princesse Fugger, amie de la soeur de Mary Vetsera, est pour la première fois publié en traduction française. Il n'était jusqu'ici accessible qu'en allemand et en traduction anglaise.

Luc-Henri Roger, Rodolphe. Les textes de Mayerling, BoD, 2020. En version papier ou ebook (ebook en promotion de lancement).

Commande en ligne chez l'éditeur, sur des sites comme la Fnac, le Furet du nord, Decitre, Amazon, etc. ou via votre libraire (ISBN 978-2-322-24137-8)



lundi 26 octobre 2020

Le jeu de cartes de l'empereur Guillaume. L'impératrice d'Autriche en dame de trèfle.

Le couple impérial autrichien en dame et roi de coeur
dans un jeu de la firme viennoise Piatnik

Plusieurs journaux français de février 1898 relatent l'anecdote d'un jeu de cartes original, cadeau de l'empereur d'Allemagne à son cousin  le duc de Cambridge. Voici l'article de la Lanterne du 22 février :

UN BEAU JEU

    Guillaume Il vient de faire cadeau au duc de Cambridge, son cousin, d'un jeu de cartes assurément original.
    Au lieu des traditionnelles et banales figures qui nous suffisent., à nous, pour la manille ou le piquet, les rois et les dames sont représentés par les souverains et souveraines actuellement régnant en Europe. Pour les valets, l'empereur a choisi les traits des principaux ministres de l'Allemagne. L'allusion est d'un goût douteux.
    Le roi de cœur est Léopold II — est-ce à cause de Cléo* ? — ; le roi de carreau est Humbert Ier, le roi de pique Nicolas II et le roi de trèfle Guillaume II lui-même. La dame de cœur est la reine Victoria (oh! oh!), la dame de carreau, la reine Marguerite d'Italie ; la dame de pique, la tsarine, et la dame de trèfle l'impératrice Elisabeth d'Autriche.
    Il n'existe de ce jeu de cartes que deux exemplaires. Le premier, nous l'avons dit, a été donné au duc de Cambridge; l'autre appartient à Guillaume.

* Cléopâtre-Diane de Merode, dite Cléo de Mérode, une danseuse qui fit battre bien des coeurs.

Après recherche rapide sur internet je lis que la symbolique de la dame de trèfle en cartomancie serait celle d'une femme bénéfique qui vous aide.

dimanche 25 octobre 2020

Les souvenirs de Max Falk (Falk Miksa) sur la reine Elisabeth de Hongrie, impératrice d'Autriche

Falk Miksa (Max Falk) 1828-1908
Un article du Temps du 14 septembre 1898, qui fut repris sans citation de source et légèrement modifié par la Dépêche tunisienne du 22 septembre 1898. L'article reprend les souvenirs de Max Falk, dont le nom hongrois est Falk Miksa, un homme exceptionnel qui mourut le même jour que l'impératrice Elisabeth. Falk avait la connaissance de la reine Elisabeth de Hongrie et lui avait donné des cours de littérature hongroise. Il publia ses souvenirs sur la reine dans des mémoires qui furent publiés à Budapest en 1898 sous le titre Erzsébet királynéról -visszaemlékezések (réédition 2016 par Budapester Athenaeum Kiadó ). Max Falk savait s'y prendre pour organiser  la médiation entre la cour austro-hongroise et les hommes politiques hongrois. Il fut également été président de l'Association des journalistes hongrois.

QUELQUES TRAITS ET MOTS DE L'IMPÉRATRICE ÉLISABETH 

    Dans l'ouvrage intitulé François-Joseph et son temps et qui est actuellement sous presse, M. Max Falk, directeur du Pester Lloyd rappelle ses souvenirs de l'impératrice-reine, au temps où il lui donnait des leçons de langue et de littérature hongroises. La souveraine coupait ces leçons, qu'elle suivait avec le plus grand zèle, de conversations dans lesquelles elle surprenait son interlocuteur par des questions soudaines, comme celle-ci
    Nous lisions un jour dans je ne sais plus quel livre cette phrase "Toutes les puissances de l'enfer s'étaient conjurées contre moi! " Sa Majesté s'arrêta, me regarda droit dans les yeux et me demanda : "Croyez-vous à l'enfer?" Ce n'était pas chose aisée de répondre ; j'éludai le fond de la question en répliquant « Majesté, je n'ai pas encore réfléchi sur ce sujet. J'ai toujours conduit ma vie de manière à ne rien faire de mal sciemment et volontairement. Et je me dis S'il n'y a pas d'enfer, personne n'y entrera; st s'il y a un enfer, moi, du moins, je n'y entrerai pas. » L'impératrice se mit à rire et nous continuâmes notre lecture.
    Une autre fois, Sa Majesté me dit à brûle-pourpoint : "On m'a dit que la république était la forme de gouvernement la meilleure."  Je regardai autour de moi comme en rêve, pensant que les murs de l'antique palais impérial des Habsbourg allaient s'abîmer sur nos têtes. Certes, jamais de telles paroles n'étaient sorties de la bouche d'une impératrice et reine. Je lui demandai qui lui avait exposé ce point de vue. L'impératrice me dit « Mon précepteur, le comte Jean Majlath. » L'historien renommé que nous prenions tous pour un réactionnaire renforcé, avait été, en effet, un des premiers maîtres de la jeune princesse bavaroise.
    Au reste, l'impératrice, quand elle interrogeait quelqu'un, ne le tenait pas quitte de la réponse. Elle revint donc sur le thème de la république et voulut savoir ce que j'en pensais. « En théorie, lui dis-je, la république est certainement la forme de gouvernement la plus raisonnable mais dans notre patrie, où vivent ensemble des races si diverses et si différentes dans leurs degrés de culture, la dynastie seule peut former des liens qui retiennent ensemble ces éléments divergents. "
    Une autre fois, l'impératrice Elisabeth met dans l'embarras son professeur en lui parlant d'une brochure politique défendue dont, elle tenait à prendre connaissance.
    On ne pouvait se taire à l'idée que cet ouvrage fût lu par une impératrice d'Autriche. Je cherchai à m'en tirer par quelques phrases insignifiantes. " Possédez-vous ce livre ?" répéta l'impératrice. II est interdit dans toute la monarchie, répondis-je. Ce n'est pas cela que je vous demande ; mais si vous le possédez. » Je restai muet. « Bien, vous l'avez. Je vous prie de me l'apporter. – Mais, Majesté. Alors vous pensez que je ne peux pas lire d'ouvrages de ce genre? " Elle prit dans sa poche une petite clef, ouvrit un tiroir de son secrétaire, tira un petit volume et me le tendit. Je lus ce titre : La ruine de l'Autriche.
    Un rédacteur de la Nouvelle Presse libre a eu une conversation avec le docteur Christomanos, qui fut pendant plusieurs années le professeur de grec et un peu le médecin de l'impératrice Elisabeth. Le littérateur et savant hellène a raconté au journaliste viennois quelques entretiens analogues et tracé de la défunte impératrice un portrait d'une poésie enthousiaste.
    Elle savait que la mort la guettait : « Quand le désir fle vivre a cessé, me disait-elle un jour, on a déjà quitté la vie. » Depuis longtemps déjà elle avait donné congé à son désir de vivre. Une autre fois, tandis que son yacht luttait sur les côtes d'Algérie contre les flots soulevés, elle ramena la conversation sur ce point : « Etes-vous prêt, vous aussi, à mourir? Croyez-moi, il n'est pas besoin d'héroïsme. Il y a dans la vie pour tout homme un moment dans lequel il meurt au dedans de lui-même, et souvent ce n'est pas le moment de sa mort matérielle. J'attends la mort à chaque minute. Vous, comme philosophe, vous devriez en faire autant. Si vous l'aviez déjà fait, on pourrait dire peutêtre un jour de vous que vous êtes mort avec l'impératrice. Vous seriez alors un héros. » 
    Un jour, à Madère, je m'approchais trop près d'une falaise à pic audessus de la mer. L'impératrice me rappela vers elle. " Il n'est pas nécessaire de chercher un genre de mort poétique, dit-elle en souriant, comme si elle avait deviné en moi quelque secret, il suffît d'avoir une belle mort au dedans de soi-même. "
    C'était une souveraine par la grâce et l'âme et non par le diadème. Alors même qu'elle se parait de ses insignes du pouvoir, telle que nous l'avons vue dans Ses anciens portraits, les froides pierres prenaient sur son corps la couleur, le parfum, la vie des fleurs. Elle appartenait à la race des elfes, non à celle des enfants des hommes.
    L'impératrice, a dit encore le docteur Christomanos, avait l'enthousiasme de la beauté, dont elle était elle-même une incarnation. Un jour, à Madère, un vieillard lui présenta un bouquet de camélias rouges; elle lui donna quelques pièces d'argent. Plus loin, sur la route, une jeune et belle fille, aux bras ronds et brunis, aux lèvres de fleur de grenade, aux yeux de diamant, lui offrît un second bouquet de camélias rouges; elle lui donna une pièce d'or. Comme je demandais à l'impératrice pourquoi elle avait donné au vieillard peu de chose et de l'or à la jeune fille, elle répondit gaiement : " C'est qu'elle est belle! "

in Le Temps, 14.09.1898





samedi 24 octobre 2020

L'impératrice Elisabeth d'Autriche à Alger à l'hiver 1894-95


Le XIXème Siècle du 9 décembre 1894

L'IMPERATRICE D'AUTRICHE A ALGER

Alger, 7 décembre.

    L'impératrice Elisabeth d'Autriche est arrivée aujourd'hui, à bord du transatlantique Général Chanzy.     Le Général-Chanzy, après une traversée très rapide malgré l'état de la mer, fort houleuse surtout aux abords des côtes algériennes, est entré dans le port à midi 55.
    A une heure, l'impératrice débarquait et prenait place avec une dame de compagnie dans une victoria attelée de deux chevaux.
    L'impératrice est descendue au Splendide-Hôtel, à Mustapha-Supérieur, où ses appartements étaient retenus depuis quelque temps.


Le Pays du 10 janvier 1895

    L'impératrice Elisabeth à Alger

    L'impératrice d'Autriche mène à Alger une vie simple et aussi retirée que possible.
  La souveraine occupe avec sa suite, composée de soixante personnes, tout le premier étage du Splendide-Hôtel qui se trouve situé dans le faubourg Mustapha. Conformément à ses habitudes, elle fait de longues promenades à pied ; elle se lève de très bonne heure et se rend, aussitôt après son premier déjeuner, au bord de la mer. Elle choisit de préférence, pour ses promenades, le quartier arabe, où elle fait de fréquents achats dans les boutiques.
    Mais sa promenade favorite est celle de la côte d'El Biar, qui domine le « Frais Vallon ».
    L'impératrice assiste tous les dimanches à la grand'messe de l'église de Notre-Dame d'Afrique, qui a été construite par le cardinal Lavigerie.
    Le loyer du Splendide-Hôtel, pour une durée de trois mois est de 45,000 francs.

Notre-Dame d'Afrique


Regard catholique sur la visite de l'impératrice d'Autriche à Rome (1870)

 La Semaine religieuse du diocèse de Rouen du 29 janvier 1870 commentait le séjour qu'effectua l'impératrice Elisabeth  à Rome :

    L'impératrice Elisabeth d'Autriche a conquis à Rome une sympathie, un respect et une admiration extraordinaires. Chez cette illustre souveraine, d'ailleurs, la piété est accompagnée de toutes les grâces extérieures qui viennent de la jeunesse, de l'élégance, de la beauté. Rarement on vit un port plus noble, des manières plus affables, un esprit plus distingué, un sentiment plus délicat des arts , une prédilection plus marquée pour les gloires chrétiennes.
    Sa Majesté, le plus souvent accompagnée par M. le baron Visconti, a apporté dans la visite de Rome un sens parfait et un goût très-pur. Elle avait soin de recommander à son guide de ne point oublier de signaler les souvenirs chrétiens. Elle commençait ses excursions, comme elle les finissait, par une visite au saint Sacrement, priait avec une ferveur angélique, recherchait avec une tendre vénération les reliques des saints, s'informait des lieux qui ont été témoins des grands événements du pontificat de Pie IX, et montrait envers Sa Sainteté un attachement filial touchant.
    Etant allée visiter le Capitole, un jour qu'il faisait froid, Sa Majesté avait revêtu le costume national des Hongrois : robe de velours grenat, pèlerine de fourrures, coiffure de martre surmontée d'une aigrette. Pas un bijou; elle n'en porte jamais. Et le peuple, séduit par tant de beauté, l'a saluée du cri de Vive l'Impératrice! Combien de femmes de Césars ont gravi autrefois la rampe du Capitole ! S'il y en eut d'aussi belles, elles n'eurent certainement ni la modestie, ni la grâce, ni la piété de l'auguste Elisabeth.
    Au palais du Quirinal, elle s'informait minutieusement de tout ce qui avait trait au séjour qu'y fit le Pape, au commencement de son règne, écoutait avidement les récits du baron de Visconti et l'interrompait par des acclamations affectueuses pour Pie IX.
    « Il faut que je cherche dans les jardins, dit-elle , une place dont m'a parlé souvent la reine ma sœur, et d'où elle contemplait Rome. » Et elle alla s'y asseoir.

San Clemente
    L'impératrice, touriste infatigable, a visité toutes les basiliques, toutes les grandes églises, les catacombes, les monuments, les musées et les galeries. A Saint-Clément, elle a été reçue par le T. R. P. Mulooly, prieur, qui, ayant fait éclairer les cryptes, a montré à Sa Majesté ces merveilleuses peintures murales des premiers siècles, en a expliqué le symbolisme , et prouvé, par les dates, la permanence fidèle de la tradition apostolique dans la croyance et le culte catholiques.


jeudi 22 octobre 2020

La tireuse de cartes du lac de Traun

Le Traunsee photographié par M. Thomas Lendl

    Ivan de Woestyne racontait l'historiette qui va suivre dans sa chronique viennoise publiée dans le Figaro le 13 août 1877. Qui étaient donc ces cinq fillettes qui s'étaient laissé prédire l'avenir par une cartomancienne autrichienne au bord du lac de Traun dans le Salzkammergut ? Cela se passait vers 1852, ou même un peu avant ....

    [...] on m'avait conté une histoire de tireuse de cartes que j'ai mise de côté pour mes lectrices. Je dois la leur dire [...].
    Cela se passait il y a vingt-cinq ans et plus, sur les bords du lac de Traunn. Cinq fillettes, plus jolies les unes que les autres [...], cinq sœurs dans une excursion, rencontrèrent une tireuse de cartes qui s'offrit à prédire leur destinée. Aussitôt l'aînée tendit sa petite main. 
    — Tu seras princesse, lui dit la bohémienne qui, tournant ensuite les yeux vers la cadette, sembla la convier à l'entendre à son tour.
    — À quoi bon ? répondit railleusement la deuxième sœur, tu me dirais probablement aussi que je serai princesse.. 
    Alors la dernière, la toute petite, accourut, sa petite menotte rose tendue, et la vieille lui dit :
    — Tu seras princesse et tu t'assoieras sur les marches d'un trône.
    À la quatrième qui s'empressa ensuite :
    — Tu seras presque reine, fit la devineresse.
    Puis à la troisième :
    — Tu seras reine ! 
    Alors la cadette, celle qui avait repoussé la tireuse de cartes, enivrée sans doute par la grandeur des destinées promises à ses sœurs, revint à résipiscence, et dès que la bohémienne eut jeté les yeux sur sa main, elle tomba à genoux en s'écriant :
    — Tu seras ma souveraine, tu seras impératrice.
    La prédiction s'est accomplie les cinq sœurs s'appellent aujourd'hui : l'aînée, la princesse de Thurn et Taxis ; la cadette, Élisabeth d'Autriche ; les deux autres, la reine de Naples et la comtesse de Trani ; la dernière enfin, la duchesse d'Alencon.
    Et chaque année, sans y avoir jamais manqué, l'Impératrice Elisabeth fait le pèlerinage sur les bords du lac de Traunn, où elle va rendre visite à la vieille tireuse de cartes, qui jouit d'une rente sur la cassette de sa Majesté.

    Sissi avait alors 15 ans ou un peu moins, elle est presque impératrice d'Autriche mais ne le sait pas encore...

    Si l'histoire est vraie, la cartomancienne n'avait pas mené les cinq fillettes en bateau, mais n'avait cependant pas prévu que l'impératrice donnerait son nom à un bateau à aube : le lac de Traun fut très fidèle à la famille impériale autrichienne, comme en témoignent les noms que portèrent les bateaux à aube de la société de navigation lacustre Traunsee-Schiffarhrt (fondée en 1829), qui les faisait alors construire à Florisdorf et monter à Gmunden : après l'Elisabeth (construit en 1857-1858), vint le Sophie, le Gisela et plus tard encore le Marie Valerie qui ne fut plus à aube. Un Maria Theresa fut mis en circulation en 2006.

Source  de l'image : Traunsee-Schiffahrt

Le Gisela fut représenté sur un timbre autrichien émis pour le 175e anniversaire de la navigation lacustre sur le Traunsee.

Vidéo glanée sur la toile à propos de l'Elisabeth.

Potins viennois autour de la Hofburg en 1901

Un reportage viennois du journal Le Temps du 27 février 1901

REPORTAGE VIENNOIS — AUTOUR DE LA HOFBURG

    On nous écrit de Vienne.
   On parle beaucoup, en ce moment, d'une artiste du Burg-Theater, Mme Schratt, notoirement protégée par l'empereur François-Joseph depuis de longues années. Après la mort de l'impératrice Elisabeth, les suppositions avaient pris leur essor à Vienne, surtout quand on apprit que Mme Schratt quittait le Burg-Theater. Les raisons qu'elle donna de son départ, mécomptes d'artiste et mauvais état de sa santé, firent l'effet de simples prétextes. Dans cette Autriche où les mariages de la plus haute aristocratie avec des étoiles de théâtre ne sont pas rares, la retraite de Mme Schratt parut être le prélude d'un mariage morganatique.
   Il y avait, il est vrai, un petit obstacle : Mme Schratt est mariée, ce qui ne veut pas dire qu'elle soit effectivement en puissance de mari. Ce mari séjourne discrètement fort loin de Vienne et même, croyons-nous, de l'Autriche, « dans les honneurs obscurs de quelque légion » ou légation. Mais enfin il existe ! Qu'à cela ne tienne ! Les nouvellistes crurent avoir raison malgré la raison même quand on apprit que Mme Schratt s'était rendue à Rome — et le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable —qu'elle avait été vraiment reçue par le pape lui-même ! Plus de doute, Mme Schratt était en passe d'obtenir du Saint-Siège la nullité de son mariage et l'autre désormais ne saurait plus tarder. Eh bien, il semble que les imaginations viennoises, friandes d'histoires sentimentales et piquantes, soient allées beaucoup trop loin. Sans doute, Mme Schratt a été reçue par Léon XIII, mais ce n'était pas en audience particulière et personnelle. Il peut paraître étonnant que la personne qui a emmené Mme Schratt au Vatican soit la propre sœur de l'impératrice Elisabeth, la comtesse de Trani, mais on ne saurait s'en étonner à Vienne. La faveur que l'empereur témoigne à Mme Schratt était couverte par l'indulgence de la feue impératrice elle-même. La comtesse de Trani avait présenté Mme Schratt comme une personne de sa suite. Au Vatican, elle fut reçue comme telle. Elle ne pouvait même songer à demander à l'autorité pontificale de reconnaître la nullité de son mariage, puisque de ce mariage est né un fils parfaitement vivant à cette heure et même déjà grand à ce qu'on dit.

   Mme Schratt vient, d'ailleurs, de dissiper par une interview une partie tout au moins de ce romanesque qui s'est attaché, dernièrement surtout, à sa personne.
Elle est en ce moment à Berlin où, à ce qu'on as,sure, elle doit créer le rôle de Joséphine dans Plus que reine, de Bergerat. A un rédacteur du Lokalanzeiger qui n'a pas hésité à la questionner sur ses relations avec la défunte impératrice d'Autriche, Mme Schratt a fait en substance la réponse suivante : « Cette femme, de caractère si noble et si élevé, dans l'angoisse de ses souffrances morales et physiques qui la faisaient courir le monde, trouvait une consolation à savoir qu'une femme bonne et gaie amusait l'empereur par ses récits, par des lectures, des promenades en commun à Schœnbrunn et à Ischl et que cette femme n'a jamais abusé de sa faveur pour intriguer. Tous les ans je prenais un congé pour porter, au printemps, les premières violettes à l'impératrice, soit à Goedœllœ, soit à Territet, et elle me retenait plusieurs jours auprès d'elle».
   Un mot qui résume cette situation particulière de l'ancienne artiste du Burg-Theater courait les salons de Vienne ces temps derniers. « En perdant l'impératrice, a dit Mme Schratt, j'ai tout perdu. » Mot paradoxal, non sans quelque justesse toutefois. Tout le monde à la cour et dans la famille impériale n'avait pas pour la lectrice de l'empereur, la Scheherazade aux mille et un contes, la même indulgence détachée et surnaturelle qu'avait l'impératrice Elisabeth. Surtout depuis la mort de celle-ci, l'empereur a été pressé, dit-on, avec une instance particulière par l'archiduchesse Marie-Valérie, sa fille tendrement aimée, de renoncer à une amitié devenue une chère habitude. Mme Schratt voyage ; elle « laisse faire le temps, sa patience et son roi ». Et, comme il est dans l'ordre des choses humaines, les oppositions désarmeront : elle reverra la Hofburg ou, tout au moins, les rencontres incognito de Schœnbrunn.

Invitation à la lecture

    
    J'invite les lectrices et lecteurs que l'histoire des Habsbourg et des Wittelsbach passionne à découvrir les textes peu connus consacrés à mon ami le prince héritier Rodolphe réunis dans Rodolphe. Les textes de Mayerling (BoD, 2020).

Voici le texte de présentation du recueil  (quatrième de couverture):

   Suicide, meurtre ou complot ? Depuis plus de 130 années, le drame de Mayerling fascine et enflamme les imaginations, et a fait couler beaucoup d'encre. C'est un peu de cette encre que nous avons orpaillée ici dans les fleuves de la mémoire : des textes pour la plupart oubliés qui présentent différentes interprétations d'une tragédie sur laquelle, malgré les annonces répétées d'une vérité historique définitive, continue de planer le doute.
   Comment s'est constituée la légende de Mayerling? Les points de vue et les arguments s'affrontent dans ces récits qui relèvent de différents genres littéraires : souvenirs de princesses appartenant au premier cercle impérial, dialogue politique, roman historique, roman d'espionnage, articles de presse, tous ces textes ont contribué à la constitution d'une des grandes énigmes de l'histoire.

Le recueil réunit des récits publiés entre 1889 et 1932 sur le drame de Mayerling, dont voici les dates et les auteurs :

1889 Les articles du Figaro
1899 Princesse Odescalchi
1900 Arthur Savaète
1902 Adolphe Aderer
1905 Henri de Weindel
1910 Jean de Bonnefon
1916 Augustin Marguillier
1917 Henry Ferrare
1921 Princesse Louise de Belgique
1922 Dr Augustin Cabanès
1930 Gabriel Bernard
1932 Princesse Nora Fugger

Le dernier récit, celui de la princesse Fugger, amie de la soeur de Mary Vetsera, est pour la première fois publié en traduction française. Il n'était jusqu'ici accessible qu'en allemand et en traduction anglaise.

Luc-Henri Roger, Rodolphe. Les textes de Mayerling, BoD, 2020. En version papier ou ebook (ebook en promotion de lancement).

Commande en ligne chez l'éditeur, sur des sites comme la Fnac, le Furet du nord, Decitre, Amazon, etc. ou via votre libraire (ISBN 978-2-322-24137-8)

mercredi 21 octobre 2020

Les cigarettes de l'impératrice Elisabeth

    Sissi fumait comme une cheminée, c'est ce que nous apprend l'Indépendant des Basses-Pyrénées du  28 juillet 1891 dans un article intitulé Les femmes qui fument dont voici l'extrait concernant l'impératrice :

    Car les femmes du monde fument à qui mieux mieux, et l’exemple leur vient de haut. Jugez-en plutôt : l'impératrice Elisabeth d'Autriche fume trente à quarante cigarettes turques ou russes chaque jour et, depuis de nombreuses années, elle a l'habitude de tirer quelques bouffées d’un énorme cigare italien de grossière fabrique, après son dîner, tout en savourant sa tasse de café maure. Sur sa table à écrire, on voit toujours une boite en argent, d'un beau travail de repoussé ; elle est remplie de cigarettes ; à côté, un porte-allumettes en jade et un large cendrier en or. S. M. Apostolique allume, presque machinalement, cigarette après cigarette, surtout lorsqu'elle se trouve au château de Gödöllö, dont elle affectionne la bibliothèque, avec ses beaux panneaux de chêne sculpté, ses tapisseries des Gobelins et ses trophées de chaise. Qui peut examiner à loisir la main frêle et blanche do l'impératrice, y découvre, au pouce et à l'index, la faible tache jaune qui dénonce la fumeuse de cigarettes.

    L'article est repris, sans citation de source (il n'y a pas de petit profit !) et dans un autre contexte par le Voleur illustré du 23 août 1894 et par le journal hebdomadaire illustré parisien La Joie de la maison du 30 août 1894.
    Le Courrier de Saône-et-Loire avait lui aussi repris l'info le 8 mai1892, ajoutant que les sœurs de Sissi, l'ex-reine de Naples et la duchesse d'Alençon, fumaient également. L'article du Courrier est très british puisqu'il est intitulé " Cigarettes all right! "

    Je lis par ailleurs que la mère Esterhazy, une comtesse rapporteuse qui lui avait été imposée comme première dame d’honneur et maîtresse de chambre, avait constaté que la jeune impératrice fumait, et ne manqua pas d'aller cafarder chez la belle-mère de Sissi, la mère de l'empereur François-Joseph. Et de raconter que, doux Jésus ! Sissi faisait de plus venir ses cigares de l'étranger ! La chaîne de la médisance continua, l'archiduchesse se serait aussitôt rendue chez son empereur de fils pour dénoncer le vice de sa belle-fille. Une femme qui fume, quelle honte ! Mais une impératrice ! En plus elle fume à table, non mais ! Le médecin de la cour, le Dr Seeburger, ajouta qu'une femme ne pouvait remplir ses devoirs maternels si elle fumait, ce qui dût mettre l'archiduchesse Sophie aux anges...
    François-Joseph en aurait parlé à Sissi, lui signalant peut-être que seules les actrices et les demi-mondaines fumaient, mais l'impératrice continua de se faire plaisir.
    La nicotine, on le sait, est une drogue dure dont il est fort difficile de se libérer. Mais ce n'était pas la seule qu'appréciait l'impératrice qui faisait aussi usage de cocaïne, une substance qu'à la fin du 19ème siècle on considérait comme sédatif et anti-dépresseur, et qui fut longtemps en vente libre. Je lis que Sissi ne se déplaçait jamais sans sa trousse à cocaïne, ... à vérifier. (Il semble que la dite trousse soit visible au musée de Vienne). 

    Ceci dit, le petit cousin de Sissi, le roi Louis II de Bavière, fumait lui aussi. Voir notre article.

lundi 19 octobre 2020

Un portrait de l'impératrice Elisabeth d'Autriche par la Baronne Staffe (1895)

« Il faut faire intervenir son moi le moins possible, c'est presque toujours un sujet gênant ou ennuyeux pour autrui ». 

     Baronne Staffe

La baronne Staffe (un pseudonyme pour Blanche Soyer), bien connue par son best-seller Usages du monde : règles du savoir-vivre,  tint aussi le carnet mondain de la Nouvelle Revue de 1895 à 1899. En juillet 1895, elle y donna ce beau portrait sensible de l'impératrice Elisabeth, qui détaille avec précision la toilette et les accessoires portés par l'impératrice :

    Une autre mère inconsolée [...], l'impératrice Élisabeth d'Autriche, est toujours vêtue de noir depuis la mort tragique de son premier-né. Ces sombres toilettes, dont la magnificence n'est pas exclue, font un cadre à souhait à la beauté mélancolique de l'une des femmes les plus admirées de ce siècle. Je me hâte de dire que celle qui pleure si fidèlement l'archiduc Rodolphe, tout à sa douleur maternelle, s'occupe peu aujourd'hui des toilettes plus ou moins seyantes. C'est sa grâce inaltérable qui fait valoir les costumes qu'on lui compose, Elle a bien voulu l'autre jour présider le cercle de la cour, grand effort pour ses pauvres nerfs. Ç'a été une apparition inoubliable. Sa longue jupe, à la  traîne sans fin, et son corsage étaient en velours noir, voilé de mousseline de soie noire, brodé de violettes noires, à cœur de perle. Sur ses superbes cheveux, un diadème de perles noires et de diamants noirs, d'où s'échappait un voile en gaze de soie noire poudrée de jais, aussi long que la robe. Autour du beau cou que vous savez, un rang de perles noires alternées de brillants. A la main, un bouquet de violettes russes, mélangées de violettes napolitaines, dont les tiges étaient nouées d'un flottant ruban noir, brodé de jais ; de ce ruban pendait un énorme éventail de marabouts noirs, timbré d'une couronne en diamants.
    On ne saurait assez dire comme elle était imposante et belle, dans cette toilette, d'une incomparable élégance, dans sa sévérité. la souveraine infortunée, la mère désolée.

Baronne  S T A F F E.

Invitation à la lecture

    
    J'invite les lectrices et lecteurs que l'histoire des Habsbourg et des Wittelsbach passionne à découvrir les textes peu connus consacrés à mon ami le prince héritier Rodolphe réunis dans Rodolphe. Les textes de Mayerling (BoD, 2020).

Voici le texte de présentation du recueil  (quatrième de couverture):

   Suicide, meurtre ou complot ? Depuis plus de 130 années, le drame de Mayerling fascine et enflamme les imaginations, et a fait couler beaucoup d'encre. C'est un peu de cette encre que nous avons orpaillée ici dans les fleuves de la mémoire : des textes pour la plupart oubliés qui présentent différentes interprétations d'une tragédie sur laquelle, malgré les annonces répétées d'une vérité historique définitive, continue de planer le doute.
   Comment s'est constituée la légende de Mayerling? Les points de vue et les arguments s'affrontent dans ces récits qui relèvent de différents genres littéraires : souvenirs de princesses appartenant au premier cercle impérial, dialogue politique, roman historique, roman d'espionnage, articles de presse, tous ces textes ont contribué à la constitution d'une des grandes énigmes de l'histoire.

Le recueil réunit des récits publiés entre 1889 et 1932 sur le drame de Mayerling, dont voici les dates et les auteurs :

1889 Les articles du Figaro
1899 Princesse Odescalchi
1900 Arthur Savaète
1902 Adolphe Aderer
1905 Henri de Weindel
1910 Jean de Bonnefon
1916 Augustin Marguillier
1917 Henry Ferrare
1921 Princesse Louise de Belgique
1922 Dr Augustin Cabanès
1930 Gabriel Bernard
1932 Princesse Nora Fugger

Le dernier récit, celui de la princesse Fugger, amie de la soeur de Mary Vetsera, est pour la première fois publié en traduction française. Il n'était jusqu'ici accessible qu'en allemand et en traduction anglaise.

Luc-Henri Roger, Rodolphe. Les textes de Mayerling, BoD, 2020. En version papier ou ebook (ebook en promotion de lancement).

Commande en ligne chez l'éditeur, sur des sites comme la Fnac, le Furet du nord, Decitre, Amazon, etc. ou via votre libraire (ISBN 978-2-322-24137-8)

La Sylphide dans la version de Pierre Lacotte au Ballet d'État de Bavière — Quatrième partie

Maria Taglioni (1804-84) in  La Sylphide, Souvenir d'Adieu  (6 lithographies d'Alfred-Édouard Chalon, 1845) Nous poursuivons notre e...