Roi en Bavière (titre original : Ludwig II, König von Bayern) est un documentaire politique de 1966 (52 minutes) écrit et dirigé par Frédéric Rossif, avec les voix de Michel Bouquet, Pierre Emmanuel et Raymond Gérôme, produit par Didier Fouret, Télé Hachette et le Bayerischer Rundfunk. Avec des musiques de Mozart et de Wagner. Le documentaire fut primé : Nymphe d'or 1967 au festival de télévision de Monte Carlo dans la catégorie meilleure production en couleurs . Le film fut diffusé à la télévision en 1968.
Extraits d'un article de Janick Arbois intitulé COULEUR : roi en Bavière publié dans le Monde du 23 février 1968
Dressés face à face comme deux dragons au-dessus de la douce et verte plaine bavaroise, les châteaux de Schwanstein résument le destin légendaire et tragique de Louis II, roi de Bavière. Ces paysages ont une âme, ces lacs un mystère, ces montagnes farouches incitent à la démesure. Si le beau film de Frédéric Rossif s'intitule Roi EN Bavière et non DE Bavière, c'est pour insister sur le rôle que cet environnement naturel a joué dans le drame de Louis II.
" On n'est pas roi EN France de la même manière qu'en Bavière, dit Frédéric Rossif. Si j'avais à faire un film sur Louis XIV je ne resterais pas à Versailles... J'ai voulu par ce titre ne pas séparer Louis II de ces paysages qui l'ont tant marqué. "
Roi en Bavière n'est pas l'histoire de Louis II, c'est l'exploration du monde imaginaire qui a fasciné jusqu'à la folie un jeune roi sensible, beau, aimé de son peuple, mais ensorcelé par la musique wagnérienne.
" Je ne me suis pas arrêté à l'anecdote, dit encore Frédéric Rossif. On a beaucoup écrit par exemple et beaucoup brodé sur l'amitié passionnée de Wagner et de Louis II. Mais que sait-on au juste ? Et d'ailleurs que nous importe ? "
Le film en revanche s'attarde sur les images qui ont formé la sensibilité du roi. De l'austère forteresse de Hohenschwangau, où il fut élevé, au décor wagnérien qu'il fit lui-même construire, Neuschwanstein, Louis II a désespérément poursuivi un rêve héroïque et musical où se mêlaient le paysage romantique entrevu dans son enfance à travers les fenêtres du château et les héros légendaires de l'antique Germanie peints sur ses murs et ressuscites par Wagner.
C'est ce rêve que nous restitue le film. A la fraîche lumière d'un printemps bavarois répond ici la lumière chaude des intérieurs surchargés de dorures, des lourdes tentures, de l'univers baroque dont le roi, déçu dans ses ambitions artistiques et blessé dans ses affections, s'était constitué Je prisonnier volontaire.
" Ce film était impensable sans la couleur, dit le réalisateur. Elle est partie intégrante de ce baroque, elle lui donne vie et adoucit son côté monstrueux. " Dans la chambre royale, écrasée sous les ors et l'exubérance des formes, la délicatesse des bleus repose l'œil. La pureté d'une maisonnette blanche posée sur l'herbe verte oppose au délire de Neuschwanstein l'image plus rassurante d'une autre Bavière.
Autre article sur le sujet : celui que Robert Bordaz écrivit pour la Revue des deux mondes de mai 1970 sur l'oeuvre de Frédéric Rossif à la télévision.
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