Le Dr Johann Georg Mezger fut un médecin spécialisé dans des techniques de massage qui lui acquirent une célébrité européenne. Pendant bien des années, il a résidé à Amsterdam, à l'Amstel Hôtel, où il attirait une clientèle de la plus haute noblesse. L'impératrice Elisabeth d'Autriche et l'ex-impératrice Eugénie sont venues plus d'une fois s'y faire soigner. Ce fut aussi le cas de la Comtesse Kalergis-Mouchanoff, née Nesselrode. Plus tard il s'établit à Domburg pendant la saison des bains, et beaucoup de ses malades l'y suivirent.
Il avait commencé sa carrière comme maître de gymnastique. Comme tel, il étendit par ses propres efforts la connaissance qui lui était nécessaire du corps humain à mesure qu'il faisait des progrès dans la science, l'ambition le prit de pénétrer les secrets de la médecine et, sur le tard, il résolut de se consacrer à cette étude. La tâche n'était point aisée pour quelqu'un qui n'avait pas suivi les leçons du gymnase et qui devait pourvoir à sa subsistance pendant qu'il serait à l'université. Rien ne le découragea et, après avoir suivi les cours de l'école illustre d'Amsterdam, il fut reçu docteur en médecine à Leyde le 15 septembre 1868. Il passa quelque temps en Allemagne, puis se fixa à Amsterdam en 1870 et y resta jusqu'en 1888. On mit tout en œuvre alors pour le retenir, mais sans succès. Il alla à Wiesbaden, où nombre de personnes lui durent leur guérison.
À une époque où l'on se plaignait si souvent de la destinée, le Dr Mezger fut une preuve que, par le travail persévérant, le plus humble peut s'élever très haut. Il est mort en 1909 à Paris à l'âge de 71 ans, mais il appartenait à la Hollande. (Source du texte : Bibliothèque universelle et Revue suisse, 1909)
Le massage par la méthode de Mezger.
La méthode du Dr Mezger émanait à son époque de théories quelque peu révolutionnaires. Voici ce qu'en écrivait la France médicale en janvier 1884, au départ d'un livre intitulé Traité théorique et pratique du massage (Un ouvrage du Dr Norström publié à Paris en 1884 chez Delahaye et Lecrosnier, éditeurs.) :
[...] Le Dr Mezger, d'Amsterdam, s'est fait l'apôtre du massage, non par des écrits, mais par un enseignement pratique qui a eu rapidement un énorme succès dans son pays, et des médecins distingués, ses élèves, sont passés maîtres à leur tour et ont répandu sa doctrine: C'est également le but que se propose l'auteur; nous avons pensé que quelques pages sur ce sujet intéresseraient nos lecteurs de la France médicale.
Disons d'abord quelques mots du Manuel opératoire.
Ici, les descriptions sont insuffisantes : il faudrait voir à l'œuvre M. Mezger ou ses élèves. Cependant, on doit distinguer dans le massage quatre procédés : l'effleurage, la friction, le pétrissage et le tapotement.
L'effleurage consiste à passer doucement la paume de la main sur la peau. Il faut toujours commencer vers la périphérie et glisser dans une direction centrale. Avant que la main droite ait tout à fait terminé son mouvement, on le recommence avec la gauche en partant du même point.
La friction est une modification de cette première manoeuvre : la force déployée est plus considérable. Une des mains repose par sa face palmaire sur le membre et frotte de bas en haut comme pour l'effieurage ; en même temps, la seconde main reposant sur la jointure même fait d'autres frictions circulaires énergiques. Ce procédé est, pensait-il, assez difficile à saisir.
Le pétrissage est surtout applicable au massage des muscles.
On saisit entre le pouce et l'index le corps charnu ou l'extrémité tendineuse, puis on l'attire et on l'isole autant que possible des parties voisines; en même temps, on le froisse, on le comprime entre les doigts. Ce mouvement est suivi d'un tapotement transversal exécuté soit avec la face palmaire de l'index, soit avec le bord cubital de la main.
Ces manœuvres sont faites concurremment par les deux mains qui doivent se placer à une faible distance l'une de l'autre.
Le tapotement se fait à main ouverte et à, poing fermé.
Parfois les mains sont excavées en bateau comme quand on veut produire une explosion factice parleur choc. Il reste entre la partie intéressée et la face de la main une couche d'air plus ou moins épaisse ; c'est le tapotement à air comprimé qui s'adresse aux extrémités nerveuses. Si l'on peut au contraire réagir sur des parties profondes, il faut faire avec les mains le tapotement à poing fermé.
Le massage doit être souvent complété par d'autres pratiques, telles que les mouvements passifs qui, pour certains auteurs, ne sont qu'une simple manœuvre du massage.
Dans le domaine chirurgical, Mezger emploie le massage contre les affections les plus diverses des articulations et dans des cas véritablement inattendus. Je ne veux pas parler de l'entorse. Le traitement par le massage est accepté par les auteurs classiques. Mais dans l'arthrite aiguë, dans les luxations récentes, on est quelque peu surpris de l'application de la méthode. L'auteur reconnaît que la doctrine de l'immobilisation thérapeutique dans les maladies des jointures est un véritable dogme et qu'il fallait un certain courage pour se poser franchement en réformateur et en hérésiarque. Ce courage, Mezger l'a eu. Pour lui, le massage est un antiphlogistique puissant ; il fait disparaître la stase veineuse, active la résorption de l'agent immédiat des phlegmasies, rétablit les choses dans l'état normal. Les résultats obtenus par lui paraissant d'ailleurs lui donner raison, en ce qui concerne l'innocuité de la méthode. Dans l'arthrite aiguë, on a vu, dès les premières séances, la douleur et la tuméfaction diminuer, et bientôt la résorption, au lieu d'être momentanée et consécutive à l'intervention, est devenue permanente. Dans les arthrites chroniques, le massage trouve encore son emploi dans, certains cas, mais il faut bien distinguer. Toutes les fois qu'on est en présence d'un exsudat dont la résorption est possible et non pas dangereuse, le massage rendra des services. Mais s'il y a de la suppuration, si les probabilités sont en faveur d'une synovite ou d'une ostéite tuberculeuse, on se gardera bien de masser. Dans les luxations, le massage est indiqué au même titre que dans l'entorse. M. Gerst (de Wurzbourg) l'emploie immédiatement après la réduction. Il choisit au début l'effleurage ; plus tard, on emploie des mouvements actifs et passifs et des bains chauds. Une application des plus surprenantes de la méthode est celle qui consiste à traiter par le massage le rhumatisme articulaire aigu ! Appliqué dans les premiers jours, son action serait à peu près nulle. Plus tard, quand la température reste élevée, on aurait pu, par son emploi judicieux, diminuer la durée et amener une défervescence thermique. Nous avouons avoir de la peine à comprendre qu'on puisse exercer des manœuvres quelconques en pareil cas.
Il n'en est plus de même contre les raideurs articulaires et les fausses ankyloses : le massage peut alors donner d'excellents résultats. Nous arrivons à une application très hardie du massage : l'auteur ne craint pas de s'en servir dans les fractures, et cela, non pas seulement quand le cal est formé pour activer le retour des mouvements, mais à une époque beaucoup plus rapprochée de l'accident. " Peu de chirurgiens, dit-il, préconisent le placement précoce d'un appareil sur un membre tuméfié, l'immobilisation immédiate de fragments séparés et déplacés par une masse de sang plus ou moins abondante. La plupart mettent un appareil d'attente et laissent à la nature le soin de faire disparaître les accidents primitifs avant d'établir une contention pour longtemps. Il nous semble qu'il est tout naturel de l'aider. " Nous avons bien des fois au contraire appliqué un appareil plâtré immédiatement après l'accident et les suites ont marché fort bien. D'ailleurs, en supposant même qu'on n'entrave pas ainsi la consolidation, nous comprenons difficilement qu'on puisse en ce moment avoir recours au massage, à cause de l'intensité de la douleur que produisent les plus légers mouvements.
Certaines fractures, dit l'auteur, ne se consolident pas ou se consolident par un cal fibreux : une des objections faites à la méthode est alors éliminée. Il en est ainsi des fractures de l'olécrâne. Dès lors, certains auteurs se sont résignés à obtenir une pseudarthrose et ont cherché à en tirer le meilleur parti possible. Dans les fractures de la rotule, il est également fort difficile d'obtenir une consolidation osseuse, quoique cela ne soit pas impossible. Mais il reste à savoir si elle présente assez d'avantages pour qu'on doive la chercher. Mezger a résolu la question par la négative et, dès lors, il a poursuivi rigoureusement les conséquences de sa manière de voir en ne cherchant à combattre quel'immobilité ultérieure. Les mouvements actifs et passifs sont commencés le lendemain même de l'accident, dès que par le massage on a pu les rendre tolérables. Le procédé des plus hardis a, paraît-il, conduit à des résultats satisfaisants.
Le massage s'applique à la plupart des affections du système musculaire. Dans les myosites aiguës ou chroniques, dans les contractures et les atrophies musculaires, il a donné de nombreux succès. [...]
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