vendredi 30 avril 2021

Le pays des Nixes — Rheingold — Un poème de Jean Lorrain dédié à Judith Gautier

Les Filles du Rhin par Arthur Rackam


LE PAYS DES NIXES 
RHEINGOLD

 A Madame Judith Gautier

Perles claires des eaux, d'aube et de joncs coiffées,
Dans le vague du gouffre émergent, lentes fées, 
Voguelinde et Flosshilde et l'ombre est leur écrin.

Dans l'onde errante et froide autour de l'or du Rhin,
Au pied du roc énorme, où son éclat sommeille,
Tutélaire et joyeux, leur essor ailé veille 
Et leur rire ruisselle irraisonné, sans frein. 

« Ô rieuse, ô lumière, implore leur refrain,
« Viens allumer la roche aurifère et vermeille, 
 « Viens, baiseuse de l'or ! » et la clarté s'éveille 
 Autour du bloc, où tremble un trouble jour marin.

Le clair éveil de l'or emplit, roi souverain 
L'abîme et, saisissant Voguelinde et Velgonde, 
Flosshilde autour du maître ouvre et conduit la ronde.

Un poème (deux tercets encadrant deux quatrains) extrait du recueil L'Ombre ardente que publia Jean Lorrain en 1897 chez Charpentier et Fasquelle à Paris. Le poème est dédié à Judith Gautier, qui assista en 1869 à la création munichoise du Rheingold et  rendit compte de son séjour suisse et munichois de l'été 1869 dans de nombreux articles repris dans le livre ci-dessous.

*
*        *


Créé à Munich le 22 septembre 1869 par ordre du roi Louis II de Bavière et contre la volonté de Richard Wagner, le Rheingold fête cette année son 152ème anniversaire. Cet événement marquant de l'histoire de l'opéra attira un grand nombre de wagnériens enthousiastes. Notre recueil présente les articles de la presse française qui rendent compte de la vie culturelle et sociale de la capitale bavaroise au moment des répétitions et de la création de l'Or du Rhin et du scandale qui éclata lors de la répétition générale du Prologue de l'Anneau du Nibelung et qui entraîna un cortège de démissions dont la conséquence fut le report de la première.

La plupart des textes de ce livre sont restés inédits, si ce n'est au moment de leur publication dans les journaux de l'époque. On lira tant les témoignages des ardents pèlerins du wagnérisme que furent Judith Gautier, Catulle Mendès, Villiers de l'Isle-Adam, Augusta Holmès ou Edouard Schuré que ceux des antiwagnériens comme Albert Wolff.

Au cours de leur voyage vers Munich, les époux Mendès et Villiers de l'Isle-Adam se rendirent à Tribschen sur les bords du lac des Quatre-Cantons pour y rencontrer le compositeur et sa compagne et firent, par voie de presse ou dans leur correspondance, le compte-rendu de leur voyage et de leur séjour auprès du Maître dans des textes hauts en couleurs. Le point de vue de Richard Wagner et de sa compagne Cosima von Bulow sur leurs visiteurs et sur les événements munichois nous est également parvenu grâce au Journal de Cosima et est également évoqué en ces pages. La correspondance de la comtesse Mouchanoff, mécène de Wagner et amie de Cosima, qui séjourna à Munich aux mois d'août et de septembre nous livre les réactions d'une grande dame aux événements de l´été 1869.

Où commander le livre ? (cliquer sur les liens)

Hugendubel (Portofrei in Deutschland)
- Commande en librairie avec l' ISBN 9782322102327

mercredi 28 avril 2021

L'empereur François-Joseph et le prince héritier Rodolphe chassant le chamois. Un dessin de Friedrich Kriehuber.

Allgemeine Illustrirte Zeitung — Oktober 1867

Un dessin du dessinateur, lithographe et graveur viennois Friedrich Kriehuber (parfois Bedřich ou Fritz Kriehuber, 1834-1871) . Rodolphe est alors âgé de 9 ans.

Rodolphe. Les textes de Mayerling.

Les diverses versions du drame de Mayerling sont présentées dans le recueil  Rodolphe. Les textes de Mayerling (BoD, 2020).

Voici le texte de présentation du recueil  (quatrième de couverture):

   Suicide, meurtre ou complot ? Depuis plus de 130 années, le drame de Mayerling fascine et enflamme les imaginations, et a fait couler beaucoup d'encre. C'est un peu de cette encre que nous avons orpaillée ici dans les fleuves de la mémoire : des textes pour la plupart oubliés qui présentent différentes interprétations d'une tragédie sur laquelle, malgré les annonces répétées d'une vérité historique définitive, continue de planer le doute.
   Comment s'est constituée la légende de Mayerling? Les points de vue et les arguments s'affrontent dans ces récits qui relèvent de différents genres littéraires : souvenirs de princesses appartenant au premier cercle impérial, dialogue politique, roman historique, roman d'espionnage, articles de presse, tous ces textes ont contribué à la constitution d'une des grandes énigmes de l'histoire.

Le recueil réunit des récits publiés entre 1889 et 1932 sur le drame de Mayerling, dont voici les dates et les auteurs :

1889 Les articles du Figaro
1899 Princesse Odescalchi
1900 Arthur Savaète
1902 Adolphe Aderer
1905 Henri de Weindel
1910 Jean de Bonnefon
1916 Augustin Marguillier
1917 Henry Ferrare
1921 Princesse Louise de Belgique
1922 Dr Augustin Cabanès
1930 Gabriel Bernard
1932 Princesse Nora Fugger

Le dernier récit, celui de la princesse Fugger, amie de la soeur de Mary Vetsera, est pour la première fois publié en traduction française. Il n'était jusqu'ici accessible qu'en allemand et en traduction anglaise.

Luc-Henri Roger, Rodolphe. Les textes de Mayerling, BoD, 2020. En version papier ou ebook.

Commande en ligne chez l'éditeur, sur des sites comme la Fnac, le Furet du nord, Decitre, AmazonHugendubel, etc. ou via votre libraire (ISBN 978-2-322-24137-8).

mardi 27 avril 2021

2 Décembre 1888 — Jubilé du couronnement de l'empereur François-Joseph — 40 ans de règne


Illustration à la une d'Über Land und Meer, décembre 1888

 Deux mois après les festivités du jubilé, l'Autriche sombrait dans le drame de Mayerling.

Rodolphe. Les textes de Mayerling.

Les diverses versions du drame de Mayerling sont présentées dans le recueil  Rodolphe. Les textes de Mayerling (BoD, 2020).

Voici le texte de présentation du recueil  (quatrième de couverture):

   Suicide, meurtre ou complot ? Depuis plus de 130 années, le drame de Mayerling fascine et enflamme les imaginations, et a fait couler beaucoup d'encre. C'est un peu de cette encre que nous avons orpaillée ici dans les fleuves de la mémoire : des textes pour la plupart oubliés qui présentent différentes interprétations d'une tragédie sur laquelle, malgré les annonces répétées d'une vérité historique définitive, continue de planer le doute.
   Comment s'est constituée la légende de Mayerling? Les points de vue et les arguments s'affrontent dans ces récits qui relèvent de différents genres littéraires : souvenirs de princesses appartenant au premier cercle impérial, dialogue politique, roman historique, roman d'espionnage, articles de presse, tous ces textes ont contribué à la constitution d'une des grandes énigmes de l'histoire.

Le recueil réunit des récits publiés entre 1889 et 1932 sur le drame de Mayerling, dont voici les dates et les auteurs :

1889 Les articles du Figaro
1899 Princesse Odescalchi
1900 Arthur Savaète
1902 Adolphe Aderer
1905 Henri de Weindel
1910 Jean de Bonnefon
1916 Augustin Marguillier
1917 Henry Ferrare
1921 Princesse Louise de Belgique
1922 Dr Augustin Cabanès
1930 Gabriel Bernard
1932 Princesse Nora Fugger

Le dernier récit, celui de la princesse Fugger, amie de la soeur de Mary Vetsera, est pour la première fois publié en traduction française. Il n'était jusqu'ici accessible qu'en allemand et en traduction anglaise.

Luc-Henri Roger, Rodolphe. Les textes de Mayerling, BoD, 2020. En version papier ou ebook.

Commande en ligne chez l'éditeur, sur des sites comme la Fnac, le Furet du nord, Decitre, AmazonHugendubel, etc. ou via votre libraire (ISBN 978-2-322-24137-8).

lundi 26 avril 2021

Sissi et la mort du roi Louis II — La barque magique de l'île des roses.

  En 1941, Madeleine Jean-Mariat publiait un charmant petit roman intitulé L'amour blanc de l'impératrice Elisabeth : la destinée a frappé toute famille Wittelsbach à coups redoublés ; Elisabeth a été l'innocente victime de cette malédiction exemplaire. Madeleine Jean-Mariat en fait admirablement ressortir la continuité. 
    On sait que Louis II et Sissi aimaient à se retrouver dans l'île aux roses fort proche de Possenhofen. L'autrice donne une version romancée de la mort du roi en inventant l'épisode d'une barque magique. En voici l'extrait, au début du cinquième chapitre :

L'île aux roses vue du parc de Feldafing. Photo de Reinraum.

    Le 11 juin 1886 Elisabeth apprit que Louis venait d'être interné au château de Berg, sur le lac de Starnberg, et qu'un conseil de régence gouvernait la Bavière. Le soir même elle était à Munich mais personne ne pouvait voir le roi. Tel était l'ordre formel des médecins traitants. L'impératrice partit immédiatement pour Possenhofen, espérant que l'interdiction serait bientôt levée. Elle erra comme une âme en peine dans le vieux manoir, témoin des jeux joyeux de son enfance. Tout lui rappelait Louis: les arbres, les fontaines, les massifs, les fleurs qu'il aimait... Elle avait peine à retenir ses larmes. Elle sortit le lendemain dans le parc, gagna les bords du lac Starnberg. Au loin, l'on apercevait l'île des Roses. La vieille barque était toujours à l'embarcadère. Elle la décrocha et rama vigoureusement vers leur île. L'été naissant y répandait ses senteurs. Elle cueillit une brassée de roses, les plus belles qu'elle trouva, puis revint au rivage. Elle sauta lestement sur les marches de pierre polie par le baiser des flots, et penchée un instant en arrière, elle regarda la vieille barque avec sa forme si caractéristique et l'inscription Le Cygne en lettres d'or que son cousin s'était amusé à peindre lui-même. Alors elle répandit les roses un peu partout dans la bar que et la poussant du pied, elle murmura:
    — Va-t'en vers lui. Dis-lui que ces fleurs ont fleuri pour lui.
    Comme pour obéir aux paroles de l'impératrice, le vent se leva et la barque s'éloigna doucement du rivage, puis un peu plus vite, guidée sans doute par un de ces courants qui parcouraient les eaux du lac. Elle dépassa l'île des Roses et disparut au loin dans la direction de Berg.
    Cependant Louis, après s'être révolté un jour et une nuit, se montra plus calme au matin du 13 juin. Son médecin traitant, le professeur Gudden, résolut de l'apaiser complètement par douceur. En vérité le roi témoignait ce jour-là d'une extraordinaire égalité d'humeur. Il fit une partie de cartes avec le docteur, déjeuna de bon appétit, demanda des nouvelles de son frère Otto en fermé à Fustenried. Il daigna même s'intéresser aux ouvrages savants de Gudden.
    — Si je vous avais toujours connu, ou plutôt si vous m'aviez toujours soigné je ne serais pas ici, dit-il, j'espère que vous accepterez de prendre le thé avec moi. Flatté, le Herr Professor s'attarda et pénétré de l'influence lénifiante qu'il exerçait sur son malade il lui offrit de faire une promenade avec lui dans le parc, sans gardiens.
    Les deux hommes sortirent en devisant amicalement devant les infirmiers stupéfaits. Tout alla très bien jusqu'au bord du lac, mais là il vint soudain à Louis l'envie de marcher sur l'eau jusqu'à l'île des Roses. Il était sûr qu'Elisabeth s'y trouvait et qu'elle saurait le sauver de lui-même, et des docteurs. Il se maîtrisa cependant et dit d'une voix indifférente :
    — J'allais souvent sur le lac autrefois avec ma cousine l'impératrice.
    — Sa Majesté est justement à Munich, répliqua Gudden. 
    À ce moment un souffle de vent assez fort fit lever la tête au roi qui aimait la caresse des éléments sur son visage. Il poussa aussitôt un cri de surprise. Voici qu'il distinguait au milieu du coucher de soleil une barque fleurie de roses qui s'avançait vers lui et cette barque, il la reconnaissait : c'était celle de Sisi ; il vit scintiller les lettres d'or aux derniers rayons du soleil.
    — Elisabeth! cria-t-il, et il bondit dans l'eau. Le docteur Gudden s'y jeta à son tour pour rattraper son malade mais le dément devenu furieux se débattait. Soudain les belles mains royales se nouèrent à la gorge du professeur et serrèrent, serrèrent... Il y eut un peu de remous au milieu duquel disparurent les deux corps enlacés et gesticulants. Ils reparurent un peu plus loin, puis s'enfoncèrent à nouveau. La nuit tomba tandis que la brise s'étant soudain calmée, la barque fleurie s'arrêtait à la place où venaient de se noyer les deux hommes.
    Le lendemain, les journaux racontèrent cette double mort à leur manière: « Le roi et son médecin avaient voulu faire une promenade en barque. Un faux mouvement avait fait chavirer le frêle esquif. Le médecin avait tenté de sauver l'auguste malade mais le roi à demi noyé s'était cramponné machinalement à la gorge de son sauveur, l'entraînant dans la mort. »
    Cette version officielle fut publiée partout dans le monde et nul ne se demanda d'où venaient les roses qui fleurissaient la barque...
    Seule l'impératrice eût pu parler. Mais elle ne savait que gémir entre les bras de son fils Rodolphe :
    — Mon pauvre petit, mon pauvre petit, nous somme maudits, que va-t-il encore nous arriver

Romans historiques sur le roi Louis II de Bavière


dimanche 25 avril 2021

Presse hongroise : Wagner accueille Franz Liszt au paradis

 

Borsszem Jankó était un journal politique publié à Budapest entre 1868 et 1938. Son public cible était principalement la bourgeoisie urbain. Son tirage de 2 000 exemplaires est le plus important des grands journaux de l'époque, dépassant même parfois ce chiffre. 

La une du 8 août 1886 montre l'ascension de Franz Liszt au paradis, porté par des pianos ailés. Wagner, qui l'y attend depuis plus de trois ans, l'accueille les bras ouverts..

Presse hongroise : le désespoir de l'empereur François-Joseph dans le Borsszem Jankó du 25 septembre 1898

  

Borsszem Jankó était un journal politique publié à Budapest entre 1868 et 1938. Son public cible était principalement la bourgeoisie urbain. Son tirage de 2 000 exemplaires est le plus important des grands journaux de l'époque, dépassant même parfois ce chiffre.

Presse hongroise : le poème élégiaque à Erzsébet (Sissi) dans le Borsszem Jankó du 18 septembre 1898

Borsszem Jankó était un journal politique publié à Budapest entre 1868 et 1938. Son public cible était principalement la bourgeoisie urbain. Son tirage de 2 000 exemplaires est le plus important des grands journaux de l'époque, dépassant même parfois ce chiffre.

Quelques jours après l'assassinat de l'impératrice, Borsszem Jankó publiait ce poème élégiaque.


Nagy Magyarország fekete tábor,
Sok nebéz könnyünk szakadó zápor.
Erzsébet meghalt! Vége van, vége!
Ugy ís angyal volt, felszállt az égbe.

Árván maradtunk rengeteg búban,
Soha se sírtunk még szomorúbban.
A gyilkos töre, mely lőn halála,
Az mindnyájunkat szíven talála.

Mily nagy, nemes volt! Mily jó irántunk
Ő, kit rajongó szívvel imádtunk.
$ e szentnek kölle gyiloktól veszni —
Bocsáss meg Isten, nem értjuk ezt mil

Az, kit jutalmul annyi jóságért,
Annyi kegyetlen iszonyuság ért,
S ki oly dícsön türt: az ér ily véget!
Bocsáss meg Isten, nem értünk Téged.

Valónk Előtted im, porba görnyed:
Te alkotsz angyalt, Te alkotsz szörnyet!
Bösz diadaimat kezeid adnak
Hé szelidségen zord fenevadnak.

Te vagy, ki méltón jutalmaz s büntet...
Beh nagy titokkal gyötörsz bennünkett
Hol s mi jutalma legyilkelt jónak?
Hol s mi lesz pokla vad vérszogónak?

Lázongva kérdjük, de mindhiába . . .
Vessünk bizalmat Isten fiábal
Öt is erénye keresztre vitte -
Uj példa int most régi mély hitre.

A hitben ég csak vigasz sugára,
Síró magyarság, bazdulj imára! ...
Zug ma a tornyok minden harangja
S hallgat a írófa kaczagó hangja.

Essai de traduction de quelques vers :

Une pluie de larmes brumeuses.
Elizabeth est morte ! C'est fini, c'est fini !
Et comme un ange, elle est montée au ciel.
Nous sommes orphelins de tant de chagrin,
Jamais nous n'avons pleuré plus tristement

Dieu pardonne-nous, nous ne te comprenons pas.

Où et quel enfer pour celui qui a sauvagement répandu le sang? 

Nous posons des questions fiévreuses, mais en vain. . .
Mettons notre confiance dans le Fils de Dieu, le crucifié
.
Un nouvel exemple nous invite maintenant à une foi ancienne.
Dans la foi brûle un rayon de réconfort,

Appel aux lectrices et lecteurs qui pratiquent le hongrois : qui peut / veut traduire ce texte ?

samedi 24 avril 2021

En 1884 Constantin de Grimm caricaturait l'impératrice Elisabeth pour Vanity Fair.

Vanity Fair, avril 1884

Le caricaturiste

Constantin de Grimm (30 décembre 1845 - 19 avril 1896), également connu sous le nom de Baron de Grimm, était un illustrateur russe mondialement connu pour ses caricatures parues dans des publications telles que Vanity Fair (Royaume-Uni ; sous le pseudonyme "Nemo"), Kladderadatsch (Allemagne), The Evening Telegram (États-Unis) et l'édition allemande de Puck, dont il était le fondateur. Il a été plusieurs fois président du Club de la presse allemande. 

Né au Palais d'hiver de Saint-Pétersbourg, où son père enseignait aux enfants du tsar Nicolas Ier, il s'installe à Berlin en 1860, puis à Leipzig, où il contribue aux dessins de Daheim. Il sert dans l'armée allemande de 1867 à 1873 et reçoit la Croix de fer pour sa bravoure pendant la guerre franco-prussienne. Il retourne ensuite à la caricature, devient rédacteur adjoint du Kladderadatsch en 1873, fonde l'édition allemande de Puck en 1874 et, après une année d'enseignement artistique à l'École des Beaux-Arts de Paris, devient journaliste et critique dramatique. Il émigra aux États-Unis en 1884 après avoir attiré l'attention de James Gordon Bennett, éditeur du New York Herald, et s'est fait connaître des lecteurs américains grâce à son art dans le Herald et l'Evening Telegram. Il est mort à New York en 1896 à l'âge de 50 ans.

vendredi 23 avril 2021

Le prince héritier Rodolphe en août 1875

L'archiduc Rodolphe, quelques jours avant ses 17 ans.

 Rodolphe. Les textes de Mayerling.

Les diverses versions du drame de Mayerling sont présentées dans le recueil  Rodolphe. Les textes de Mayerling (BoD, 2020).

Voici le texte de présentation du recueil  (quatrième de couverture):

   Suicide, meurtre ou complot ? Depuis plus de 130 années, le drame de Mayerling fascine et enflamme les imaginations, et a fait couler beaucoup d'encre. C'est un peu de cette encre que nous avons orpaillée ici dans les fleuves de la mémoire : des textes pour la plupart oubliés qui présentent différentes interprétations d'une tragédie sur laquelle, malgré les annonces répétées d'une vérité historique définitive, continue de planer le doute.
   Comment s'est constituée la légende de Mayerling? Les points de vue et les arguments s'affrontent dans ces récits qui relèvent de différents genres littéraires : souvenirs de princesses appartenant au premier cercle impérial, dialogue politique, roman historique, roman d'espionnage, articles de presse, tous ces textes ont contribué à la constitution d'une des grandes énigmes de l'histoire.

Le recueil réunit des récits publiés entre 1889 et 1932 sur le drame de Mayerling, dont voici les dates et les auteurs :

1889 Les articles du Figaro
1899 Princesse Odescalchi
1900 Arthur Savaète
1902 Adolphe Aderer
1905 Henri de Weindel
1910 Jean de Bonnefon
1916 Augustin Marguillier
1917 Henry Ferrare
1921 Princesse Louise de Belgique
1922 Dr Augustin Cabanès
1930 Gabriel Bernard
1932 Princesse Nora Fugger

Le dernier récit, celui de la princesse Fugger, amie de la soeur de Mary Vetsera, est pour la première fois publié en traduction française. Il n'était jusqu'ici accessible qu'en allemand et en traduction anglaise.

Luc-Henri Roger, Rodolphe. Les textes de Mayerling, BoD, 2020. En version papier ou ebook.

Commande en ligne chez l'éditeur, sur des sites comme la Fnac, le Furet du nord, Decitre, AmazonHugendubel, etc. ou via votre libraire (ISBN 978-2-322-24137-8).

jeudi 22 avril 2021

Un poème biarrot de Sissi : le voeu poétique funéraire de l'impératrice Elisabeth

L'impératrice lors de son premier séjour biarrote en 1896

Le quotidien Paris-midi publiait le 15 avril 1939 la traduction d'un poème autographe de l'impératrice Elisabeth d'Autriche, dont l'original avait été rédigé par Sissi alors qu'elle séjournait à Biarritz en 1897, quelques mois avant d'être assassinée. En 1939, ce poème avait été exposé dans les vitrines de l'exposition des souvenirs se rapportant aux souverains qui contribuèrent à mettre la plage en vogue qu'organisait le Musée de la mer de Biarritz : l'impératrice Eugénie, Napoléon III, la reine Victoria, Edouard VII, Léopold Il, Alphonse XIII, la reine Nathalie de Serbie, l'impératrice Elisabeth d'Autriche...

L'impératrice avait déjà auparavant souhaité être inhumée près de la mer dans sa propriété de l'Achilleion à Corfou. Le poème biarrot réitère le voeu d'une sépulture marine :

LE VŒU POÉTIQUE DE L'IMPÉRATRICE ÉLISABETH

Et s'il faut que je meure un jour 
Déposez-moi sur la plage 
Afin que mon dernier regard 
Soit vers la mer que j'aime tant.

Ce sont les vagues qui me chanteront 
Le dernier bel adieu 
Pareil à l'ardent appel du fiancé 
Qui attend sa bien-aimée.

C'est dans l'endroit le plus profond de la mer, 
C'est là que vous me descendrez. 
Quoiqu'au-dessus la tempête fasse rage 
Là-bas il y aura le repos.

Adieu de ta fidèle SISI.

Biarritz, en hiver 1897.

Ce poème  m'a rappelé certaines strophes de la Supplique pour être enterré en plage de Sète de Georges Brassens, qui, comme l'impératrice, souhaitait un cimetière marin :

[...]

Juste au bord de la mer à deux pas des flots bleus
Creusez si c'est possible un petit trou moelleux
Une bonne petite niche
Auprès de mes amis d'enfance, les dauphins
Le long de cette grève où le sable est si fin
Sur la plage de la corniche

[...]

Déférence gardée envers Paul Valéry
Moi l'humble troubadour sur lui je renchéris
Le bon maître me le pardonne
Et qu'au moins si ses vers valent mieux que les miens
Mon cimetière soit plus marin que le sien
Et n'en déplaise aux autochtones
Cette tombe en sandwich entre le ciel et l'eau
Ne donnera pas une ombre triste au tableau
Mais un charme indéfinissable
[...]

Wagner, l'Atlas de la musique, une caricature du journal satirique allemand Puck (1877)

 


— Hm, hm, das ich es nur "sub rosa" gestehe : Dieser Reichskanzler ist, was Staatssache anbetrifft, mach mir der hervorragenste Mann Deutschlands! Wahrlich, wahrlich, wenn ich nir schon der Träger der musikalischen Welt und der feinsten Atlasröcke und Schuhe wäre, so möchte ich wohl der Bismarck sein!

— Hum, hum, je vous l'avoue en toute confidence : ce Chancelier du Reich est, en ce qui concerne les affaires d'Etat, l'homme le plus remarquable d'Allemagne ! En vérité, en vérité, si je ne portais pas déjà à la fois le monde musical et les plus belles jupes et chaussures atlas qui soient, je voudrais être Bismarck !

La caricature a paru dans le magazine humoristique satirique lipsiote Puck de Constantin Grimm, le 1er juillet 1877. Le texte désigne Wagner comme l'Atlas du monde musical. Wagner porte une couronne de roses, et il nous confie son message sub rosa, sous la rose, c'est-à-dire en toute confidence. Cet Atlas est aussi un homme qui porte des vêtements et des chaussures en soie atlas, une des soies les plus chères du monde. La caricature affuble aussi le compositeur de chaussures à hauts talons. Elle veut donner l'image d'un homme qui a conscience de son génie, et qui adore le luxe des soieries, à la manière d'une grande cocotte.

L'éditeur et caricaturiste Constantin de Grimm

Constantin de Grimm (30 décembre 1845 - 19 avril 1896), également connu sous le nom de Baron de Grimm, était un illustrateur russe mondialement connu pour ses caricatures parues dans des publications telles que Vanity Fair (Royaume-Uni ; sous le pseudonyme "Nemo"), Kladderadatsch (Allemagne), The Evening Telegram (États-Unis) et l'édition allemande de Puck, dont il était le fondateur. Il a été plusieurs fois président du Club de la presse allemande. 

Né au Palais d'hiver de Saint-Pétersbourg, où son père enseignait aux enfants du tsar Nicolas Ier, il s'installe à Berlin en 1860, puis à Leipzig, où il contribue aux dessins de Daheim. Il sert dans l'armée allemande de 1867 à 1873 et reçoit la Croix de fer pour sa bravoure pendant la guerre franco-prussienne. Il retourne ensuite à la caricature, devient rédacteur adjoint du Kladderadatsch en 1873, fonde l'édition allemande de Puck en 1874 et, après une année d'enseignement artistique à l'École des Beaux-Arts de Paris, devient journaliste et critique dramatique. Il émigra aux États-Unis en 1884 après avoir attiré l'attention de James Gordon Bennett, éditeur du New York Herald, et s'est fait connaître des lecteurs américains grâce à son art dans le Herald et l'Evening Telegram. Il est mort à New York en 1896 à l'âge de 50 ans.

La Sylphide dans la version de Pierre Lacotte au Ballet d'État de Bavière — Quatrième partie

Maria Taglioni (1804-84) in  La Sylphide, Souvenir d'Adieu  (6 lithographies d'Alfred-Édouard Chalon, 1845) Nous poursuivons notre e...