lundi 1 novembre 2021

Rapport médico-légal de l'autopsie partielle de l'impératrice Elisabeth d'Autriche (2) : déroulement de l' autopsie et conclusions

 Cette partie, retranscrite du rapport manuscrit,a été rédigée par le Dr Pr Hippolyte Gosse. Le document complet est conservé aux Archives d'État à Vienne.

Dr Pr Hippolyte Jean Gosse
(1834-1901)

Voir le premier article sur le sujet : https://luc-henri-roger.blogspot.com/2021/10/rapport-de-lautopsie-partielle-de-sm.html

Deuxième extrait du rapport

    "Une incision est faite en partant du bord externe de la région stermale et s'étendant sur une longueur de 43 cm suivant une ligne concave en dehors. Elle circonscrit un volet intéressant toutes les parties molles qui recouvrent la partie latérale gauche du thorax. Ce volet, resté adhérent à sa partie latérale externe, permet d'apercevoir les côtes, les muscles intercostaux et de découvrir une plaie pénétrante en relation directe avec la plaie des parties molles qui recouvrent la partie latérale gauche du thorax
    Ce volet, resté adhérent à sa partie latérale permet d'apercevoir les côtes, les muscles intercostaux et de découvrir une plaie pénétrante en relation directe avec la plaie des parties molles déjà décrite dans le rapport précédent.
    Cette plaie, de forme triangulaire, mesure 8 mm de côté. Elle est situé à 11 cm de la ligne médiane et passe dans le 3e espace intercostal, en intéressant la 4e côte, laquelle est fissurée dans toute son épaisseur.
    L'on remarque autour de cette plaie une large ecchymose. Relevant alors la paroi thoracique, que nous avons sectionnée du niveau du bord costo-sternal, nous constatons un écoulement de sang assez abondant et l'orifice interne d'une plaie allongée dans le sens vertical et en rapport direct avec la fracture de la côte.
    Le poumon gauche recouvre le cœur et présente sur son bord antérieur une plaie perforante longue de 1 cm sur la face antérieure et de 8 mm sur la face postérieure. Autour de cette plaie, petite ecchymose rouge violacée, d'1 cm sur 8 mm.
    Le péricarde présente une large déchirure ovalaire se dirigeant de haut en bas et de dehors en dedans, et au travers de laquelle fait hernie un caillot volumineux, qui se prolonge dans la cavité péricardique qu'il remplit.
    Après avoir enlevé le caillot, nous constatons une légère surcharge graisseuse du cœur. Sur la partie antérieure du ventricule gauche et tout près de la branche descendante de l'artère coronaire antérieure et en dehors d'elle, on remarque une plaie dirigée un peu obliquement de haut en bas et de dehors en dedans. Ses bords sont un peu hachés et présentent une forme triangulaire.
    Un stylet pénètre facilement au travers d'elle sur une longueur de 55 mm et va ressortir à la partie postérieure du cœur, en passant dans une plaie intéressant la paroi postérieure du ventricule gauche, plaie triangulaire située à 15 mm en dehors du sillon interventriculaire et à 6 cm au-dessus de la pointe du cœur.
   Cette plaie à bords contus mesure 5 mm.
   Faisant alors passer une sonde depuis la plaie cutanée au travers des plaies viscérales que nous venons de décrire, nous notons que le trajet de l'instrument vulnérant mesure en totalité 85 mm.
   La direction générale est légèrement oblique de haut en bas et de gauche à droite.
  Cette constatation achevée nous jugeons utile de fermer les plaies du cœur par 2 points de suture en avant et en arrière, afin d'éviter un insuccès au cours de l'embaumement. Dans le même but, nous plaçons encore une ligature en masse sur la plaie pulmonaire. Ceci fait, 8 points de suture profonds rapprochent les côtes du sternum et maintiennent le muscle pectoral, après quoi les bords du lambeau sont réunis par 50 points de sutures en surjet et 4 points de soutien.

Conclusions

    En raison des constatations ci-dessus mentionnées, il est permis de conclure d'une façon certaine que les lésions décrites ont été produites par un instrument allongé, de forme triangulaire, à bord plus ou moins émoussé.
    Cet instrument a pénétré avec violence à travers la paroi thoracique, fracturant une côte et perforant le ventricule gauche du cœur de part en part.
    La direction générale du trajet correspond à une ligne dirigée un peu de haut en bas et de dehors en dedans.
    La mort a été causée sans aucun doute par l'écoulement progressif et lors d'une quantité de sang suffisante pour comprimer le cœur et en suspendre les fonctions. La constatation du volumineux caillot occupant le péricarde en est la démonstration absolue. 

Genève, le 12 septembre 1898.
Signé 
H. J. Ghosse
Professeur Auguste Reverdin 
L. Mégevant"

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