jeudi 14 juillet 2022

Le testament de Sophie-Charlotte en Bavière, duchesse d'Alençon.

Carte postale ancienne.  Le premier gisant de la duchesse par
Louis-Ernest Barrias (aujourd'hui au musée de Dreux)

Testament de la duchesse d'Alençon * 

On s'en souvient, c'était le 4 mai 1897, de nobles victimes, appartenant à l'élite de la société, périrent dans la terrible catastrophe du Bazar de la Charité, à Paris. Au milieu d'elles se trouvait Mme la duchesse d'Alençon, qui donna l'exemple de l'héroïsme et du plus sublime sacrifice. En effet, tandis que les assistants s'empressaient pour la sauver et lui criaient : « Fuyez, Madame, fuyez 1 », elle, très calme, repoussant avec douceur les mains tendues, répondait: « Non, d'abord mes jeunes filles ! » Et elle mourut, à genoux, tout entière à sa prière. Cette royale victime de la charité, qui était aussi une associée fervente du Rosaire et une fidèle Tertiaire de l'Ordre de Saint-Dominique, avait fait, quelques mois auparavant, un testament que nous reproduisons pour l'édification de nos lecteurs : 

« Je désire et je demande que, quand je serai morte, une religieuse, ou une Sœur du Tiers Ordre de Saint-Dominique, de la Fraternité du couvent, 222, faubourg Saint-Honoré, me coupe les cheveux et les brûle en entier et immédiatement, sans en garder pour qui que ce soit, excepté mon bien-aimé mari, le duc d'Alençon, s'il en désire; mais je le prie de se conformer à mon désir et de laisser détruire mes cheveux entièrement.
« J'ai déjà exprimé, dans une lettre adressée à mon mari en avril 1894 et qui se trouve dans un carton avec mon habit religieux de Saint Dominique, que je désire être habillée immédiatement par une religieuse ou une Sœur du Tiers Ordre.
« Je demande qu'on veuille bien mettre le chapelet que je porte toujours avec moi entre mes mains pour l'emporter dans ma tombe ; de même un crucifix et la règle du Tiers Ordre, signée par mes supérieurs et qu'on retrouvera dans mon sac de voyage.
« Je désire être déposée dans un cercueil tout à fait simple et non capitonné, comme une religieuse, la figure recouverte par un voile.
« Je désire que ce soit un Père dominicain qui fasse les prières à ma mise en bière.
« Je demande à mon bien-aimé mari de faire mettre l'inscription suivante sur mon cercueil :
SOPHIE- CHARLOTTE, DUCHESSE D'ALENÇON NÉE DUCHESSE EN BAVIÈRE, SŒUR MARIE-MADELEINE, DU TIERS ORDRE DE LA PÉNITENCE DE SAINT-DOMINIQUE
avec les dates de ma naissance et de ma mort.
« Je désire qu'on mette la même inscription sur le sacorphage, sans épitaphe, seulement une parole sur la miséricorde de Dieu qu'on trouvera dans l'Écriture Sainte.
« Je voudrais être placée à côte de mon mari, l'ange gardien de ma vie.
« Je demande qu'on me fasse les obsèques les plus simples, sans fleurs, sans musique. Je désire beaucoup que la messe soit dite par un Père dominicain, qui dira aussi les dernières prières dans le caveau.
SOPHIE-CHARLOTTE, duchesse d'Alençon.
« Mentelberg, 4 octobre 1896. »

* Texte publié en 1913 dans le Bulletin du Diocèse de Reims 

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