Squelette de Saint Pancrace, baroquisé, conservé à l'église Saint Nicolas de Wil (Suisse) |
Nous avons posé la question à l'archevêque de Gênes, Jacques de Voragine, qui raconte l'histoire du saint dans sa Légende dorée, une oeuvre composée vers 1261 / 1266, dont toute personne passionnée par la vie des saints fait son livre de chevet.
SAINT PANCRACE, MARTYR
(12 mai)
Pancrace, de famille noble, ayant perdu son père et sa mère pendant un séjour en Phrygie, fut remis à la charge de son oncle Denis. En compagnie de son oncle il revint à Rome, où sa famille possédait un grand patrimoine ; et c'est ainsi qu'ils firent connaissance avec le pape Corneille, qui se cachait, avec les fidèles, dans le voisinage de leur propriété. Convaincus par la prédication de Corneille, Denis et Pancrace reçurent la foi du Christ ; après quoi Denis mourut en paix, et Pancrace, fait prisonnier, fut amené devant l'empereur. Il avait alors à peine quatorze ans. Et l'empereur Dioclétien lui dit : « Enfant, laisse-moi te donner un conseil et te sauver d'une mort affreuse : car je sais qu’à ton âge on est facilement trompé, et puis tu es de noble race, et fils d'un homme que j'ai beaucoup aimé. Ecoute-moi donc, renonce à la folie de ion christianisme, et je te traiterai comme mon propre fils! » Mais Pancrace lui répondit : « Je suis enfant par le corps, c'est vrai, mais je porte un cœur d'homme ; et, par la grâce de mon maître Jésus-Christ, tes supplices m'apparaissent aussi vains que cette idole qui est là devant moi. Quant aux dieux que tu m'engages à adorer, ils n’ont été que des imposteurs, souillant les femmes de leur propre maison et n'épargnant pas même leurs parents. Que si tu avais aujourd’hui des esclaves qui agissent comme eux, tu t’empresserais de les mettre à mort. Et je m'étonne que tu ne rougisses pas d’adorer de tels dieux! » Alors l'empereur, honteux de se voir vaincu par un enfant, lui fit trancher la tête, sur la Voie Aurélienne, l'an du Seigneur 287. Le corps du martyr fut pieusement enseveli par Cocavilla, femme d'un sénateur. |
Grégoire de Tours raconte que, lorsqu'un faux témoin s'approche du tombeau de saint Pancrace, ou bien il tombe aussitôt mort sur les dalles, ou bien un démon s'empare de lui et le fait délirer. Deux hommes étaient en procès, et le juge ne parvenait pas à découvrir le coupable. Dans son zèle de justice, ce juge conduisit les deux hommes à l'autel de saint Pierre et leur fit jurer à tous deux qu'ils étaient innocents, priant l'apôtre de lui faire reconnaître la vérité par quelque signe miraculeux. Et comme tous deux, ayant juré, ne souffraient aucun mal, le juge, indigné, s’écria : « Le vieux saint Pierre est décidément trop indulgent ! Allons plutôt consulter le jeune saint Pancrace ! » Et comme, sur le tombeau du saint, le vrai coupable allait recommencer à se parjurer, il ne parvint pas à lever la main, et tomba mort dès l'instant d'après. De là vient que, aujourd’hui encore, dans les cas difficiles, on a coutume de faire jurer les accusés sur les reliques de saint Pancrace.
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Madonne à l'Enfant de Guercino. Saint Pancrace à l'avant-plan gauche. |
On trouve des reliques du saint dans plusieurs lieux de cultes, dont le plus célèbre est la basilique San Pancrazio à Rome. Mais c'est en Suisse, à Wil, que la statuaire et l'orfèvrerie baroque ont produit la statue reliquaire la plus impressionante ! présentée à la vénération des fidèles dans l’Église Saint Nicolas de cette ville. Les restes de Saint Pancrace y arrivèrent en 1672. Les reliques sacrées furent accueillies en présence d'une foule immense, lors d’une cérémonie qui réunit toute la population de la région, pas moins de 5 000 personnes. On raconte qu'une accouchée invoqua alors le saint car elle souffrait atrocement de la vessie suite à la naissance de l'enfant. Le grand saint entendit ses gémissements et exauça sa prière et débarrassa la femme de son mal. Depuis lors on se rend à Wil pour invoquer le saint lorsqu'on est atteint d'incontinence urinaire.
Saint Pancrace ne fait pas seulement concurrence aux urologues, il est aussi un des saints patrons des enfants et des adolescents, mais pas seulement ! Dans beaucoup de régions de France, il est populairement le protecteur des animaux domestiques. Il est aussi le patron des gens de bonne foi. Son patronage varie selon les pays où on le vénère. Ainsi, en Corse, est-il le saint patron des bandits corses ; en Allemagne, il est le patron des chevaliers. Il a également la réputation de guérir les rhumatismes, les crampes et les engelures.
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