En avril 1951, le quotidien régional L'Est républicain publiait un feuilleton en 6 épisodes illustrés de vignettes résumant la vie du roi Louis II de Bavière. Ce petit feuilleton n'a bien évidemment aucune prétention historique et travestit la réalité, mais ce document fait partie de la réception du roi Louis II de Bavière en France et propose des représentations graphiques du roi et de son compositeur d'élection Richard Wagner.
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(À suivre)
RÉSUMÉ DU CHAPITRE PREMIER
Le 10 mars 1864, Maximilien de Bavière meurt subitement Son fils sous le nom de Louis II, lui succède. C'est un étrange adolescent timide, de santé fragile. Il a 19 ans, il connaît à fond l'Histoire d'Allemagne et d'Autriche, les langues anciennes, la musique. Avec cela, beau comme un dieu. Mais il lui manque peut-être je sens des réalités.,.
II
Louis avait toujours vécu dans un songe. Il n’avait eu qu’une passion : la musique. Les opéras de Wagner étaient pour lui une révélation inouïe. Il décida une fois pour toutes que les affaires de l’État n'étaient que des fadaises et son premier soin, après son couronnement, fut d'appeler Richard Wagner auprès de lui. Il envoya immédiatement à Zurich son ministre, M. de Pfistlermeister avec mission de ramener à Munich, à n’importe quel prix, le compositeur. Quand l’émissaire du roi lui rendit compte de sa mission, Wagner était dans une situation désespérée. Ses opinions politiques l'avaient contraint à l’exil. Il était couvert de dettes, ridiculisé par les critiques. Il songeait au suicide.
Le 5 avril. Richard Wagner est devant le roi de Bavière C'est un petit homme à face de casse-noisettes, aux favoris gris. Il accuse largement ses cinquante ans. Mais il y a dans son regard la flamme du génie. Louis se jette dans ses bras, et pleure. " Cette entrevue, je l'attends depuis mon enfance. Vous êtes, par votre musique ma raison de vivre !" Immédiatement, les dettes du compositeur sont réglées par la cassette royale, un palais est mis è la disposition de l’Homme Providentiel. De la misère, Wagner passe, en quelques heures, au sommet du la gloire. Enfin, il va pouvoir faire jouer son œuvre avec la magnificence dont il a toujours rêvé !
Louis II ne voit plus ses ministres que pour leur demander de l’argent, toujours plus d'argent ! Il veut, pour l'oeuvre wagnérienne, un théâtre digne de lui, le plus beau du monde, un vrai temple de l'art. Wagner a appelé auprès de lui son ami, le chef d'orchestre Hans de Bulow, qui s'établit à Munich avec sa femme Cosima. On engage, a prix d'or, les plus grands chanteurs et cantatrices de toute l'Europe. Wagner et le souverain, réfugiés dans la solitude d'un antique château, ne se quittent plus. Ils ne font à Munich que de rares apparitions, pour diriger les répétitions. Les Bavarois s'inquiètent de ces dépenses ; ils sont plus encore furieux de savoir que leur souverain donne toute te confiance a un révolutionnaire comme Richard Wagner.
Le nouveau théâtre est enfin achevé (1). Le 10 juin 1865, à 6 heures du soir, a lieu la représentation de Tristan et Ysolde. Jamais un opéra n'a été mis en scène avec ce luxe, et l'on a plutôt l'impression d'assister à un office religieux qu'à un spectacle musical. Le roi, en habit noir, est seul, dans sa loge. II goûte les plus belles heures de sa vie. Comme il est loin do la réalité, «reporté dans la galère de Tristan, envoûté par le philtre magique. Une seule ombre è ce tableau. Est-ce que Wagner ne serait pas, par certains cotés, un homme comme les autres ? Serait-il vraiment amoureux d'une femme... de cette Cosima de Bulow ? Cetto pensée torture le souverain.
(1) Grossière erreur du journal. Ce théâtre munichois ne fut jamais construit sous Louis II. qui plus tard contribuera largement à l'édification du Festspielhaus de Bayreuth.
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