vendredi 31 mai 2024

Muse, une exposition de Luca Pignatelli à la Glypthothèque de Munich



Muse est la première exposition individuelle du Milanais Luca Pignatelli dans un musée allemand. Pignatelli a développé un langage visuel  fascinant. Son art est le fruit d'un processus incessant de recherche, d'appropriation et de réutilisation d'objets, d'images, de formes et de codes. L'artiste les relie par analogies, contrastes et contaminations, suivant ainsi sa vision très personnelle d'un temps fluide, voire circulaire.

Pour l'exposition à la Glyptothèque, dont les sculptures en marbre sont mondialement connues, Luca Pignatelli a sélectionné des œuvres qui, pour la plupart, mettent en scène de manière aussi inhabituelle que grandiose des effigies de déesses antiques, de souverains ou de figures mythologiques. Ces créations contemporaines sont issues d'une réflexion minutieuse sur la tradition et le passé et dialoguent avec les témoins originaux de la perfection artistique du monde passé des Grecs et des Romains. 

Plus d'infos sur le site de l'artiste → https://www.lucapignatelli.it/

Reportage photo - Des œuvres en dialogue





 
















Photos Luc-Henri Roger

mercredi 29 mai 2024

L'Orchestre d'État de Bavière interprète Beethoven et Schumann avec Emanuel Ax en soliste invité


Le Cinquième concerto pour piano de Beethoven et la Symphonie rhénane de Schumann sont au programme du sixième Concert d'Académie de l'Orchestre d'État de Bavière, placé sous la direction de Vladimir Jurowski, avec le pianiste de renommée mondiale Emanuel Ax en soliste invité. L'orchestre présentera ensuite le même concert à Turin, Lugano et Bologne.

Beethoven avait commencé la composition du dernier de ses cinq concertos pour piano vers 1808-1809 et l'avait dédié à l'Archiduc Rodolphe en remerciement de son soutien financier. Le compositeur lui-même l'avait qualifié de « grand concerto » : au cours des trois mouvements, qui durent bien quarante minutes, Beethoven donne  une dimension symphonique à son concerto, instaurant de nouveaux rapports entre le piano et l'orchestre, qui ouvrent la voie au grand concerto pour piano romantique.

Aujourd'hui âgé de 74 ans, le pianiste américain d'origine judéo-polonaise Emanuel Ax est bien connu de la scène munichoise, où il avait fait ses débuts en 1974 à la salle Herkules, accompagnant au piano le violoniste Nathan Milstein. Emanuel Ax exhale une bonhomie chaleureuse dont la simplicité souriante est aux antipodes du vedettariat. On le voit extrêmement concentré, faisant corps avec l'orchestre et son chef, offrant les splendeurs d'une technique magistrale et d'un engagement total dans l'entrelacs des rapports complexes entre le piano et l'orchestre. Rarement a-t-on pu entendre une telle souplesse et une telle fluidité. La virtuosité captivante d'Emmanuel Ax est magnifiquement soutenue par l'orchestre entraîné par la vivacité de la direction précise, vigoureuse et serrée de Vladimir Jurowski. C'est de la magie pure, une conjonction stellaire dont les trois étoiles sont l'Orchestre de Bavière, son chef et l'incomparable Emanuel Ax. Le pianiste donnera encore le Ständchen de Schubert dans la transcription pour piano qu'en donna Liszt, donnant à un moment l'impression d'un dialogue entre deux pianos, le second à la voix plus claire, de la beauté à l'état pur.


La Troisième symphonie de Robert Schumann fut rapidement appelée la Rhénane. Le compositeur qui avait en 1850 quitté Dresde pour Düsseldorf, voulut gagner la sympathie des habitants en célébrant la beauté romantique du fleuve qui baigne la ville dans une symphonie poétique et joyeuse notamment  inspirée par les excursions en bateau qu'il y fit en compagnie de sa femme Clara. La joie de vivre se marque surtout dans le premier mouvement et dans le finale dansant au rythme syncopé. Le deuxième mouvement est un scherzo tempéré qui a le caractère folklorique d'un ländler, qu'on associe quelquefois au mouvement ondulatoire du Rhin. Après un troisième mouvement, qui marque une courte transition, apparaît en contraste le quatrième mouvement qui, plus sombre, funèbre et solennel, a des tonalités spirituelles méditatives qu'exprime un choral de cuivres, avec une remarquable partie pour trombones, inspiré par une visite de la cathédrale de Cologne. Ici aussi Vladimir Jurowski et l'orchestre de Bavière ont rendu de manière inspirée la très riche palette des impressions rhénanes de Schumann. On le sait, les années rhénanes ne furent cependant pas heureuses pour le compositeur malade et dépressif qui tentera de trouver la mort dans le fleuve dont il avait si bien su rendre la poésie.

Ludwig van Beethoven
Concerto pour piano n°5 en mi bémol majeur op. 73 

Robert Schumann
Symphonie n°3 en mi bémol majeur op.97 Rhénane

Bayerisches Staatsorchester
Vladimir Jurowski

Crédit des photos © Wilfried Hösl

vendredi 24 mai 2024

Bayern / Bavière — Kapelle Klais /La chapelle de Klais (Krün) — 8 Bilder / 8 photos

Die Kapelle wurde 1597 errichtet. Die Außenfresken schuf Heinrich Bickel 1962.

La chapelle a été construite en 1597. Les fresques de la façade ont été réalisées par Heinrich Bickel en 1962.









© Luc-Henri Roger


mardi 21 mai 2024

Le Sabot de Vénus, un poème d'André Theuriet


LE SABOT DE VÉNUS (1)

Ô Cypripède, fleur bizarre, 
La plus cachée et la plus rare
Qui croisse en nos bois, les savans 
T'ont donné Vénus pour marraine, 
Une humble Vénus, souveraine 
Dont les hêtres sont les servans.

Ton nom latin et symbolique, 
Demi-païen, demi-rustique, 
Évoque la fraîcheur d'un val 
Où les bergères et les fées, 
D'un rayon de lune coiffées, 
Viendraient la nuit mener leur bal. 

Comme autrefois la Fleur qui chante, 
Fantasque et merveilleuse plante, 
Que de gens t'ont cherchée en vain !
Tes amoureux, que rien n'arrête, 
Ont pour découvrir ta retraite 
En vain fouillé combe et ravin. 

Un jour cependant, à l'orée 
D'une forêt inexplorée, 
Pleine d'antiques tumulus, 
Sur un tertre de terre noire 
Je t'ai vu surgir dans ta gloire, 
Étrange Sabot de Vénus. 

Là, depuis des siècles sans nombre, 
Tu t'épanouissais à l'ombre 
Des murgers moussus et croulans 
Au temps des légions romaines, 
Là, tu grandissais sous les chênes 
Hantés de souvenirs troublans. 

Chaussée romaine à Klais en Bavière

Car c'est au fond de ces futaies, 
Que nos aïeux porteurs de braies 
Attaquèrent César vainqueur, 
Et que, dans le choc des mêlées, 
Leur sang rouge en larges coulées 
Éclaboussa l'arbre et la fleur. 

Toi, bravement, pour ta défense, 
Pointant ta feuille en fer de lance, 
Tu haussais le frêle étendard 
De ton éclatant cimier jaune, 
Et tu semblais une amazone 
Farouche, qui brandit son dard. 

Et te voici, comme au vieil âge, 
Toujours belle, toujours sauvage ; 
Mais la forêt dort à l'entour, 
Et tu répands, magicienne, 
Avec plus de grâce sereine 
Ta capiteuse odeur d'amour! 

Maintenant que je t'ai conquise, 
À l'aspect de ta forme exquise, 
Ma passion s'avive encor. 
Pourtant, plus craintif et plus tendre, 
C'est à peine si j'ose étendre 
Ma main vers tes corolles d'or. 

Devant toi, je reste en extase. 
Le ruisseau chante, l'oiseau jase, 
Un soupir monte. Je crois voir 
La plante changer de figure 
Et, nu sous la feuillée obscure, 
Un corps féminin se mouvoir. 

La blanche vision s'élève, 
Floue, imprécise comme un rêve,
— Mais quel rêve et combien heureux! –—
Boucles flottantes, clair sourire, 
Blonde vapeur où l'on respire 
Le parfum épars des cheveux. 

Sur les crosses de la fougère 
La forme dansante et légère 
M'enivre d'un regard câlin 
Ainsi, jadis, dit la légende, 
Dans les bois de Brocéliande 
Viviane enchanta Merlin.

(1) Ophrys Cypripedium, l'une de nos plus belles et de nos plus rares orchidées indigènes.
Poème publié dans la Revue des deux Mondes de janvier 1907







Photos © Luc-Henri Roger

André Theuriet

Né à : Marly-le-Roi , le 8/10/1833
Mort à : Bourg-la-Reine , le 23/04/1907

Claude-Adhémar-André Theuriet est un poète, romancier et auteur dramatique français.
Après avoir fait ses études à Bar-le-Duc: Bachelier en droit le 28 novembre 1855 il est employé à la Direction des Domaines à Auberive de 1856 à 1859,; à Tours de 1859 à 1863, puis à Amiens, avant de devenir chef de bureau à l'enregistrement en 1863, au ministère des finances. Il commence à publier des poèmes et des nouvelles à la Revue des Deux Mondes.
A la guerre de 1870, il est au 19e bataillon de la 2e compagnie de la Garde nationale de la Seine. En 1871, il participe à la Bataille de Buzenval.En 1872, son drame, Jean-Marie, est représenté au Théâtre de l'Odéon.
Il est élu membre de l'Académie française le 10 décembre 1896, au fauteuil d'Alexandre Dumas fils, et il y est reçu par l'écrivain Paul Bourget. Le conseil municipal de Bourg-la-Reine fait réaliser à Pierre-Adrien Dalpayrat deux belles assiettes en porcelaine qui lui sont offertes.
André Theuriet est un écrivain qui chante les terroirs, les forêts, les petites villes bourgeoises.
Il publie de nombreux romans sur Bar-le-Duc, le pays d'Auberive, la Touraine et le Poitou, la Savoie — il séjourna plusieurs étés à Talloires, sur les bords du Lac d'Annecy — et l'Argonne. L'intrigue de ses romans est souvent conventionnelle et les personnages incarnent tous les grands sentiments de l'époque, parfois d'une façon stéréotypée. Mais son œuvre laisse un témoignage précis et fidèle de la vie quotidienne dans les villes et villages de province où les passions semblent magnifiées par les paysages où elles naissent et le lyrisme de l'auteur.

Source : Wikipédia

dimanche 19 mai 2024

L'allégorie de la Mélancolie de Chiattone et la Vierge du Calvaire de Lebzelter

L'impératrice Elisabeth d'Autriche avait rencontré le sculpteur Antonio Chiattone en 1892. Elle lui avait commandé une figure allégorique de la mélancolie pour sa chambre à coucher de la villa Hermes à Vienne (Lainzer Tiergarten) puis le monument funéraire pour le prince héritier Rodolphe d'Autriche inauguré en 1894 à Corfou. Après la mort tragique de l'impératrice, il réalisa encore le monument à l'impératrice dévoilé en 1902 sur la place des roses à Montreux-Territet.

Lors d'une visite récente au Musée Unterlinden de Colmar en Alsace, où j'eus l'occasion d'admirer une sculpture de la Vierge attribuée à Martin Lebzelter, je fus frappé par la ressemblance des attitudes des deux statues. La douleur d'une femme qui a perdu son fils mort dans des circonstances tragiques trouve dans les deux statues une expression similaire. 

Chiattone, La douleur ou la mélancolie
Plâtre peint en imitation bronze
166 cm
1894


Maria vom Kalvarienberg
Martin Lebzelter (attribué), vers 1510 

samedi 18 mai 2024

La grassette, une jolie criminelle

Fleur de grassette
LA GRASSETTE.

La grassette étale en rosette élégante ses larges feuilles, molles et vernissées. Du milieu de cette rosette s'élèvent deux tiges droites et fines, couronnées de fleurs violettes.

Elle est très jolie, la grassette, et je la comparerai volontiers à ces criminels hypocrites qui, sous des dehors charmants, cachent des instincts abominables.

Laissons la fleur de la grassette et observons ses feuilles.

Quelles que soient la sécheresse du sol et l'ardeur du soleil, le bord de ses feuilles est toujours humide et brillant, couvert d'une liqueur onctueuse, que sécrète la plante elle-même.

Si vous regardez attentivement ces feuilles, vous apercevrez, çà et là, des dépouilles informes, des débris épars, des pattes, des ailes, des carapaces d'insecte...

Que veut dire ce carnage ? que s'est-il passé ? un meurtre, un assassinat ! eh bien, oui ; un véritable assassinat, une série de meurtres, aggravés de guet-apens.

La coupable, la grande coupable, c'est la jolie grassette aux tiges élancées, qui mériterait la mort qu'elle a donnée, si les fleurs passaient en cour d'assises.

En face des pièces à conviction, reconstituons le drame : le pauvre insecte, qui se hasarde étourdiment sur les feuilles visqueuses et brillantes de la grassette, est aussitôt pris, et rien ne saurait le délivrer : il fait corps avec la feuille qui va devenir son tombeau.

Alors, tout doucement, la feuille se recourbe sur sa proie, qui se trouve en même temps engluée et emprisonnée. Gomment voulez-vous qu'elle échappe? La feuille se recourbe encore, comme si une main invisible la roulait lentement sous des doigts irrésistibles. On ne voit plus rien ; la feuille redevient impassible, et la victime a disparu dans cette sorte de cornet.

Mais, au bout de quelques heures, un nouveau prodige s'opère. Peu à peu, la feuille se déroule, s'étale, toujours visqueuse et brillante ; vous regardez. Plus d'insecte ! quelques débris informes rejetés par la grassette, et dont la feuille n'a pas voulu. Le reste a été dévoré par la plante, qui, pourtant, a des racines pour se nourrir.

La grassette. a dîné, mais elle n'est point rassasiée : elle tend ses feuilles gluantes à de nouveaux insectes, qui viendront y mourir et disparaître.

La grassette ne chasse pas pour l'amour de l'art ; elle vit de son gibier ; elle tue et mange sa victime.

Source du texte : Fulbert-Dumonteil (1831-1912), Les fleurs à Paris, Firmin-Didot (Paris), 1890












Photos © Luc-Henri Roger
Mittenwald (Bavière), Laintal (entre 920 et 1000 mètres), 18.05.2024




La Sylphide dans la version de Pierre Lacotte au Ballet d'État de Bavière — Quatrième partie

Maria Taglioni (1804-84) in  La Sylphide, Souvenir d'Adieu  (6 lithographies d'Alfred-Édouard Chalon, 1845) Nous poursuivons notre e...