Sissy est une gracieuse opérette en deux actes et quatre tableaux du violoniste Fritz Kreisler qui rencontra un grand succès dès sa création viennoise au Theater an der Wien en décembre 1932 et tint l'affiche pendant plusieurs mois. L'action se déroule au château de Possenhofen sur le lac de Starnberg et ensuite à Ischl en Autriche du au 17 août 1853. Le livret qui se base sur la pièce Sissys Brautfahrt d'Ernst Décsey et Gustav Holm est dû aux frères Ernst et Hubert Marischka.
Voici comment Comoedia l'évoquait en en donnant l'argument en février 1933 :
[...] Sissy. Ce nom charmant est celui que donnait familièrement à la future Impératrice Elisabeth d'Autriche son entourage familial chez son père le duc Max de Bavière. La duchesse, — sœur de la mère de François-Joseph (cette altière archiduchesse Sophie que le Burgtheater nous a rendue sous les traits de Mme Wohlgemuth, et que l'émule de celle-ci en beauté tragique, Mme Erika Wagner, vient en représentations incarner à an der Wien). — rêve pour sa fille aînée, la princesse Hélène, la couronne impériale, entrée déjà une première fois à sa génération dans la maison de Wittetsbach. Mais les projets des deux sœurs se heurtent aux jeux de l'amour et du hasard ; Hélène est éprise et aimée du charmant prince de Thurn et Taxis et n'a aucune envie d'épouser par raison d'Etat son cousin François-Joseph.
Pour la tirer de ce mauvais pas, sa jeune sœur, Sissy, mobilise le duc Max, d'ordinaire plus heureux avec ses chansons de poète montagnard que dans l'atmosphère guindée de la cour et, involontairement, charme elle-même le jeune souverain dont le « coup de foudre », tout indiqué pour une fin d'acte d'opérette, fut, un fait historique.
Le duc Max est, cette lois, Hubert Marischka qui, directeur fastueux, signe en outre avec son frère Ernst le livret, tiré d'une comédie de Decsey et Holm. Pour la première fois, il a abandonné l'emploi du jeune premier pour celui' des pères nobles. Après ses modestes atours paysans, qui amènent tous les quiproquos souhaités pour la partie comique de l'ouvrage, il n'en rayonne que mieux dans son éblouissant uniforme de cuirassier bleu. pour l'apothéose finale des fiançailles de ses deux filles, l'une avec l'Empereur, en uniforme blanc.
Sissy est interprétée par Paula Wessely, venue tout exprès de la troupe de Max Reinhardt et sommairement initiée à l'art du chant pour donner à cette figure poétique tout le charme croyable, une spontanéité primesautière.
Sa sœur blonde est une aimable débutante, Marie Tauber, qui roucoule avec talent ses duos d'amour avec Otto Marau, tandis que les rôles gais sont confiés aux mains et aux jambes expertes d'Irène Zilahy.
Fritz Imhoff et Egger. La partition de Sissy n'est pas due à d'un des fournisseurs habituels du genre classique de l'opérette viennoise. C'est le grand violoniste Kreisler qui, reprenant la plupart de ses mélodies ou adaptations célèbres, a voulu faire ses débuts à la scène.
Plusieurs arias sont restées célèbres :
Ein stilles Glück, ein bisserl MusikIch wär’ so gern einmal verliebtJa, wer sagt denn das (cliquez sur les liens pour écouter les airs sur youtube.)
Nimm von der Welt, was dir gefällt
On peut aussi en écouter un potpourri interprété par Paula Wessely et Hans Jaray. (notre photo). Et 15 minutes d'extraits de l'opérette sont aussi réunis dans cet autre potpourri, avec d'autres interprètes.
Invitation à la lecture
J'invite les lectrices et lecteurs que l'histoire des Habsbourg et des Wittelsbach passionne à découvrir les textes peu connus consacrés à mon ami le prince héritier Rodolphe réunis dans Rodolphe. Les textes de Mayerling (BoD, 2020).
Suicide, meurtre ou complot ? Depuis plus de 130 années, le drame de Mayerling fascine et enflamme les imaginations, et a fait couler beaucoup d'encre. C'est un peu de cette encre que nous avons orpaillée ici dans les fleuves de la mémoire : des textes pour la plupart oubliés qui présentent différentes interprétations d'une tragédie sur laquelle, malgré les annonces répétées d'une vérité historique définitive, continue de planer le doute.
Comment s'est constituée la légende de Mayerling? Les points de vue et les arguments s'affrontent dans ces récits qui relèvent de différents genres littéraires : souvenirs de princesses appartenant au premier cercle impérial, dialogue politique, roman historique, roman d'espionnage, articles de presse, tous ces textes ont contribué à la constitution d'une des grandes énigmes de l'histoire.
Le recueil réunit des récits publiés entre 1889 et 1932 sur le drame de Mayerling, dont voici les dates et les auteurs :
1889 Les articles du Figaro
1899 Princesse Odescalchi
1900 Arthur Savaète
1902 Adolphe Aderer
1905 Henri de Weindel
1910 Jean de Bonnefon
1916 Augustin Marguillier
1917 Henry Ferrare
1921 Princesse Louise de Belgique
1922 Dr Augustin Cabanès
1930 Gabriel Bernard
1932 Princesse Nora Fugger
Le dernier récit, celui de la princesse Fugger, amie de la soeur de Mary Vetsera, est pour la première fois publié en traduction française. Il n'était jusqu'ici accessible qu'en allemand et en traduction anglaise.
Luc-Henri Roger, Rodolphe. Les textes de Mayerling, BoD, 2020. En version papier ou ebook (ebook en promotion de lancement).
Commande en ligne chez l'éditeur, sur des sites comme la Fnac, le Furet du nord, Decitre, Amazon, etc. ou via votre libraire (ISBN 978-2-322-24137-8)
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