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- Mais qui était Saint Sylvestre ? (1) Le pape qui ferma la gueule d'un dragon
- Mais qui était Saint Sylvestre ? (2) Le pape qui ressuscita un taureau !
La légende de Saint Silvestre (on le trouve aussi mentionné sous cette orthographe) a été racontée par Voragine dans sa Legenda aurea (La légende dorée). Il fut le premier pape (de 314 à 335) à ne pas être martyrisé. Un de ses premiers miracles fut de guérir l'empereur Constantin de la lèpre, C'est ce que l'on voit représenté dans l'admirable fresque que peignit Maso di Banco (vers 1341-1346) dans la chapelle Bardi de l'église de Santa Croce à Florence.
Saint Pierre et saint Paul apparaissent à l'empereur lépreux
Le baptême de l'empereur Constantin |
[...] Constantin s’étant mis à persécuter les chrétiens, [le pape] Silvestre sortit de Rome et se retira avec son clergé sur une montagne voisine. Mais voici que Constantin lui-même, en châtiment de sa persécution, fut atteint d’une lèpre incurable. Les prêtres des idoles lui conseillèrent alors de faire égorger, aux portes de la ville, trois mille enfants, et de se baigner dans leur sang tout chaud. Mais, en arrivant au lieu où tous les enfants étaient rassemblés, Constantin vit les mères de ces enfants qui accouraient au-devant de lui, les cheveux dénoués, et avec des gémissements à fendre l’âme. Alors, tout en larmes, il fit arrêter son char ; et, se tenant debout, il dit : « Écoutez-moi, comtes, chevaliers, et gens du peuple, qui m’entourez ! La dignité du peuple romain naît de la pitié qui a toujours présidé à nos mœurs ; et c’est cette pitié qui, jadis, a fait décréter la peine de mort contre quiconque tuerait un enfant, même à la guerre. Or quelle cruauté serait-ce, si nous faisions nous-mêmes à nos enfants ce que nous défendons que l’on fasse aux enfants de nos ennemis ? À quoi nous servirait d’avoir vaincu les barbares, si nous nous laissions vaincre, nous-mêmes, par la barbarie ? Donc, que la pitié triomphe, dans cette circonstance ! Mieux vaut pour moi mourir et conserver la vie à ces innocents que de recouvrer, par leur mort, une vie souillée de cruauté ! » Et il ordonna que les enfants fussent rendus à leurs mères, et reconduits chez eux avec des présents, de telle sorte que les mères, qui étaient venues en pleurant d’angoisse, revinrent dans leur maison en pleurant de joie. Quant à l’empereur, il s’enferma dans son palais, résigné à mourir de son mal. Mais, la nuit suivante, saint Pierre et saint Paul lui apparurent, qui lui dirent : « Parce que tu t’es refusé à verser le sang innocent, notre Seigneur Jésus-Christ nous a envoyés à toi pour t’indiquer un moyen de recouvrer la santé ! Mande devant toi l’évêque Silvestre qui se cache sur le mont Soracte : il te désignera une source où tu te plongeras trois fois, au bout desquelles tu seras guéri de ta lèpre. Mais toi, en échange, tu détruiras les temples des idoles, tu rouvriras les églises du Christ, et tu deviendras désormais son adorateur ! » Aussitôt Constantin, s’éveillant, envoya une escorte à la recherche de Silvestre.
Et celui-ci, en voyant venir cette escorte, se crut appelé à la palme du martyre. Il se présenta donc courageusement, après s’être recommandé à Dieu, et avoir une dernière fois exhorté ses compagnons. Et Constantin lui dit : « Merci d’être venu ! » et il lui raconta tout son rêve. Après quoi il lui demanda qui étaient les deux dieux qui lui étaient apparus ; et Silvestre lui répondit que ce n’était point des dieux, mais des apôtres du Christ. Il se fit alors apporter le portrait des apôtres, et Constantin reconnut aussitôt saint Pierre et saint Paul. Silvestre l’admit donc au rang de catéchumène, lui imposa un jeûne de sept jours, et lui enjoignit de faire ouvrir toutes les prisons. Et quand Constantin fut descendu dans l’eau du baptême, une grande lumière l’environna, et il en sortit pur de toute lèpre, et dit qu’il avait vu le Christ dans les cieux. Et, pendant les sept jours qui suivirent son baptême, il promulga des lois mémorables entre toutes. Le premier jour, il décréta que le Christ serait adoré des Romains comme le vrai Dieu ; le second jour, que tout blasphème contre le Christ serait puni ; le troisième jour, que toute injure faite à un chrétien entraînerait la confiscation de la moitié des biens ; le quatrième jour, que, de même que l’empereur de Rome, l’évêque de Rome serait le premier de l’empire, et commanderait à tous les évêques ; le cinquième jour, que tout homme se réfugiant dans une église aurait l’immunité de sa personne ; le sixième jour, que nul ne pourrait construire une église dans une ville sans la permission de son supérieur ecclésiastique ; le septième jour, que la dixième partie des biens royaux serait affectée à l’édification des églises ; le huitième jour, l’empereur se rendit à l’église de Saint-Pierre et se confessa à haute voix de ses fautes ; puis, prenant une bêche, il creusa, le premier, la terre, à l’endroit où allait s’élever la basilique nouvelle, et il emporta sur ses épaules douze hottes de terre, qu’il jeta hors de l’église. [...]
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